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Gare au repliement nationaliste

la chronique économique de Pierre Ivorra Renoncer 
à l’euro serait se dessaisir d’outils essentiels 
à notre intervention.

Dans le débat sur la mondialisation, sur l’Europe, sur l’euro, sur les conditions d’une maîtrise populaire de notre développement, souvent n’est pas prise en compte la réalité actuelle de notre économie et des multinationales sous contrôle français. La France, indiquions-nous la semaine dernière, est le premier pays européen en matière d’emploi dans les filiales à l’étranger, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. On ne mesure pas assez que l’économie française est l’une des plus internationalisée.

Il y a quelques années, des PDG de groupes du CAC 40 publiaient un ouvrage intitulé la France et ses multinationales. Ils y affirmaient, notamment, que le pays disposerait « d’une arme de choix dont peu de pays peuvent se prévaloir : ses multinationales ». Une arme, certes, mais au service de qui ? En 1999, Peugeot Citroën produisait 65 % de ses véhicules particuliers et de ses utilitaires légers dans l’Hexagone ; le groupe Renault, 58 %. Quinze ans plus tard, le premier n’y réalise plus que 33 % de sa production et le second, 19 %. L’un et l’autre sont devenus les premiers importateurs de voitures dans notre pays, devant même les groupes allemands.

Mais cette réalité n’est pas spécifique à l’automobile. Saint-Gobain ne compte que 27 % de ses effectifs en France ; Schneider Electric, 11 % ; le groupe hôtelier Accor, 8,6 % ; Total, 33 % ; Michelin, 21,6 %. Le géant du pneu dispose de presque autant de salariés en Amérique du Nord qu’à l’intérieur de nos frontières. Par ailleurs, fin 2014, 45,3 % du capital de nos prétendus champions nationaux du CAC 40 étaient contrôlés par des non-résidents en France.

L’examen des tableaux des douanes françaises consacrés au top 100 des principaux importateurs français permet de mesurer les dégâts occasionnés par ce type de mondialisation. C’est une vraie réunion de famille des grands groupes du CAC : Airbus, Total, Peugeot Citroën, Renault, Sanofi, ArcelorMittal, STMicroelectronics, Schneider Electric, Alcatel Lucent… sont au rendez-vous.

En raison même de ces réalités, le repliement à l’intérieur de nos frontières, la renonciation à l’euro, prônés par le Front national et par certains de nos amis, à gauche, même si cela s’inscrit dans un projet totalement opposé de celui de l’extrême droite, ont-ils un sens ? Le risque d’un dessaisissement d’outils essentiels à notre intervention dans la mondialisation serait réel. Ne vaut-il pas mieux révolutionner les critères de gestion de nos grands groupes de telle façon que leur internationalisation serve au développement national et devienne une occasion de coopérer avec les autres peuples ?

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