Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les paradoxes de la xénophobie

La chronique économique de Pierre Ivorra. « Nous vivons tous dans un même monde. De fait, nous sommes tous tributaires les uns des autres. »

Imaginons, imaginons que la montée du racisme et de la xénophobie en France, les sorties d’hommes politiques de droite, d’extrême droite et même de la majorité contre les immigrés ou la population française d’origine immigrée suscitent du ressentiment dans bien des chancelleries à travers le monde et que des pays qui sont pour nous d’éminents partenaires décident pour cette raison d’infléchir leurs échanges de biens et de services et de trouver de nouveaux fournisseurs et d’autres acheteurs de leurs produits.

« Dehors les Français », « N’achetons plus français », « Français, arrêtez de piller nos ressources » : les mots d’ordre vengeurs fleuriraient dans les rues d’Abuja, au Nigeria, dans celles d’Alger également, de Nouakchott, en Mauritanie, d’Astana au Kazakhstan, de Djakarta, en Indonésie… et même peut-être – on peut en douter – de Riyad, en Arabie saoudite.

La France a besoin de près de 10 000 tonnes d’uranium naturel par an pour fabriquer le combustible alimentant ses réacteurs nucléaires. La totalité de cet uranium est importée : l’exploitant EDF achète le combustible final auprès d’Areva qui se le procure dans différentes parties du monde, notamment au Niger et au Kazakhstan, principal producteur mondial et pays dont 70 % des habitants sont de confession musulmane.

Un peu plus de 15 % de nos importations, essentiellement de matières premières, viennent d’Afrique ou du Moyen-Orient. Les produits pétroliers représentent entre 10 et 12 % du montant total de nos importations. Sans eux, à l’heure actuelle, la France serait paralysée, les transports totalement bloqués et une partie du pays ne pourrait plus se chauffer. En 2014, un peu plus de 60 % de notre approvisionnement en pétrole nous a été fourni par des pays d’Afrique et du Moyen-Orient, Nigeria, Algérie, Libye, Angola, Arabie saoudite. Même nos téléphones portables et les pots catalytiques de nos véhicules automobiles, qui utilisent des matériaux appelés « terres rares », dépendent d’importations de pays émergents ou en développement, de ces étranges étrangers. Et que dire de nos exportations ? Contrairement à la légende, la France est l’un des pays au monde les plus ouverts aux relations internationales, davantage, par exemple, que les États-Unis.

Il faut bien l’admettre, nous vivons tous dans un même monde. De fait, nous sommes tous tributaires les uns des autres. L’humanité, le globe terrestre sont ainsi faits : un battement d’aile de papillon au Brésil peut provoquer une tornade au Texas. Le problème est de savoir comment cette solidarité de fait peut permettre à tous de progresser.

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