Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Capitalisme, une crise tous azimuts

Dans la pensée de certaines des forces à la recherche d’une alternative à la politique actuelle, il y a des tabous qu’elles doivent parvenir à lever afin de construire des réponses permettant de sortir du capitalisme. Il y a notamment l’idée, qui paraît puérile mais a une certaine vitalité, que la crise serait une « invention » des capitalistes, ils la créeraient pour pouvoir licencier, précariser à souhait et ainsi porter la rentabilité de leurs capitaux à son zénith. Il y a certes chez les cadors du CAC 40 une volonté inédite de baisser le coût du travail, d’augmenter leurs profits, d’accumuler comme jamais, et c’est là une part de la réalité de la crise de leur système.

Il y a dans ce déni de la réalité des crises du capitalisme une méconnaissance des acquis de la pensée économique. La réflexion sur cette question est déjà ancienne. Au milieu du XIXe siècle, le Français Clément Juglar a mis en valeur la succession de mouvements d’expansion et de contraction de l’activité d’une durée de huit à dix ans. Marx lui-même, dans le Capital, poussera plus en avant ces analyses. Par la suite, le Russe Kondratieff mettra en valeur des cycles plus longs, avec des périodes d’expansion et de crise allant bien au-delà de dix ans. Parallèlement, un homme comme Joseph Schumpeter mettra en relation ces crises avec les mouvements de l’innovation technologique.

Aujourd’hui, c’est l’ensemble du système capitaliste qui est en crise, un système à la fois mondialisé et financiarisé. Il y a simultanément crise au niveau économique et crise du système non économique, concernant les relations humaines autres qu’économiques, celles touchant à la famille, à la politique, aux mœurs, aux valeurs… Crise donc de ce que Paul Boccara appelle le « système anthroponomique » et, enfin, crise de la relation des hommes avec la nature, crise environnementale.

Les capitalistes essaient de s’attaquer à cette crise systémique, mais leurs tentatives ne font que l’aggraver. Il y a pour autant dans ces efforts matière à réflexion, comme en témoigne le rôle majeur joué en Europe par la BCE afin d’essayer de relancer les marchés financiers et l’activité. Cela donne idée de ce qu’elle pourrait faire si elle mobilisait ses ressources en faveur de l’emploi, du développement humain et de la préservation de la nature. Dans l’action contre la crise du capitalisme, s’il nous faut être très attentifs aux dégâts sociaux, il s’agit aussi de saisir le « nouveau » sous-jacent pour le pousser à son terme. Un projet politique qui se voudrait alternatif et ne partirait pas de cette ambivalence serait voué à l’échec.

 

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