Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Marchés financiers et domination américaine

Comment l’économie est-elle financée ? Ce n’est pas là une question uniquement économique, elle est aussi très politique puisqu’elle suppose l’existence d’un pouvoir, celui de financer. Elle a même une dimension de civilisation touchant aux valeurs. On ne gère pas l’argent dans nos sociétés comme on pouvait le faire en 1945. D’abord parce que la société a changé. Environ 90 % de la population active est aujourd’hui salariée dans les pays développés, sur l’ensemble de la planète une majorité d’êtres humains vivent dans des villes, là où le système bancaire est le plus développé. La monnaie a changé, elle est aujourd’hui virtuelle, pour l’essentiel. On paie par chèque, carte bancaire et moins avec des pièces et des billets.

Le crédit est dans ce cadre un outil de financement particulièrement important en Europe. Selon une étude des services économiques de la BNP, il s’avérerait que l’endettement des ménages et des sociétés non financières auprès des banques, en zone euro, représenterait 70 % du total de leurs dettes et serait environ deux fois plus important qu’aux États-Unis. Du côté de New York, on a un faible pour les marchés financiers.

Cela s’explique d’abord par la boulimie de crédits de l’État fédéral, si considérable qu’elle a nécessité une internationalisation de la dette publique américaine, facilitée par l’omnipotence du roi dollar, pivot du système monétaire. Cela tient aussi au financement des retraites et du système de santé par le biais de fonds de pension et de compagnies d’assurances, c’est-à-dire par des institutions liées aux marchés financiers. Les firmes trouvant là, elles aussi, avec cette internationalisation des marchés, l’occasion de financer à moindre coût leur développement planétaire et leurs importantes dépenses en faveur des nouvelles technologies.

Dans une bonne partie de l’Europe, le développement des marchés financiers s’est plutôt appuyé sur le financement de la dette publique. C’est le cas en France, alors qu’en matière de financement privé, c’est le crédit bancaire qui prédomine. L’encours des prêts bancaires aux sociétés non financières s’élève à 870,3 milliards d’euros, contre 566,8 milliards pour les emprunts effectués sur les marchés financiers.

Le développement de la finance est ainsi très lié à celui de la domination de la civilisation américaine. Dès lors, on peut comprendre que la lutte pour changer l’euro, le crédit, pour obtenir une maîtrise populaire de l’argent, des financements, est aussi une action pour établir d’autres relations avec les États-Unis, enfin fondées sur la coopération plutôt que la domination.

 

Chronique publiée dans le journal l'Humanité

 

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