La chronique économique de Pierre Ivorra. "La marque au losange carbure à l’intérim et au plan social"
L’enquête engagée devrait permettre d’y voir plus clair et de savoir si nos Renault polluent plus qu’il n’est admis. Mais le logiciel truqueur n’est peut-être pas là où on le cherche, probablement plus sur les chaînes que dans les moteurs, et il concerne moins la carburation que les effectifs. En ce domaine, la marque au losange carbure à l’intérim et au plan social.
Il s’avère par exemple que, fin octobre 2015, selon le journal les Échos, les intérimaires représentaient en France environ 45 % des effectifs de production, soit près de 6 000 salariés. Presque autant que le nombre de CDI.
Depuis des années déjà, les choix de gestion de la direction de Renault « polluent » l’activité et l’emploi au sein de l’industrie automobile française. L’activité ? En 2000, Renault produisait 60 % de ses véhicules particuliers et utilitaires légers en France, contre 19 % aujourd’hui. La firme automobile a assemblé en 2014 seulement 533 000 véhicules dans ses sites de l’Hexagone contre 1 416 000 en 2000, soit près de trois fois moins. Renault construit maintenant essentiellement à l’étranger. Les effectifs ? à quatorze ans d’intervalle, Renault produit 400 000 véhicules de plus dans le monde avec 49 000 salariés en CDI et en CDD de moins. Grâce à un logiciel truqueur, les intérimaires ne sont pas comptabilisés. Les délocalisations pratiquées par PSA et surtout Renault expliquent pour beaucoup que la part de la France dans la production automobile mondiale soit passée de 4,8 % en 2007 à 2,2 % en 2014. La France affiche désormais un déficit de ses échanges dans ce secteur : nos deux groupes importent davantage de véhicules fabriqués à l’étranger que Volkswagen ! Certes, le déploiement des activités à l’international est devenu une nécessité, mais jusqu’à quel point ? Il paraît légitime que les Chinois, les Turcs, les Roumains… comme les Français veuillent qu’une part importante des autos qu’ils achètent soit fabriquée chez eux plutôt qu’importée. Dès lors, on comprend que PSA ait voulu produire en Chine, Renault en Russie ou au Maroc. Autre chose est de s’installer dans des pays à bas salaires et à faible réglementation sociale et environnementale et d’exporter vers son pays d’origine afin de faire plus de fric que les concurrents.
La révolution technologique en cours appelle des coopérations entre firmes, entre pays, pour baisser les coûts, mobiliser les financements, doper la recherche. Voilà qui nécessite de faire avec les hommes et pas contre eux, avec les peuples et pas en les opposant. Dans une démarche de promotion de l’emploi, des formations, des qualifications. Sans truquer.
Par Ivorra Pierre , le 19 janvier 2016
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