Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La monnaie, le crédit comme arme politique

Le crédit est une grande question politique tout en relevant du champ de l’économie

Dans la réflexion, dans l’action, comme dans la vie, il est souvent difficile de couper la réalité en tranches. Ainsi le crédit est une grande question politique tout en relevant du champ de l’économie. La monnaie, qui est à la base du crédit, est un élément de pouvoir, elle est d’ailleurs à ce titre aménagée et gérée par les États ou par des institutions publiques mandatées par un État ou un groupe d’États.

C’est le traité de Maastricht conclu en 1991 entre tous les chefs d’État et de gouvernement des pays de ce qui s’appelait alors la Communauté économique européenne qui a créé la Banque centrale européenne (BCE) et engagé le processus qui devait conduire à la création de l’euro. Si la BCE, formellement, est indépendante des États, elle est néanmoins le fruit d’une décision politique.

La monnaie et le crédit sont des éléments essentiels de l’économie capitaliste et également l’expression d’une communauté politique. Ils sont donc, comme tout instrument politique, ouverts à des choix. Les fans et grands prêtres du désordre établi et aussi les trublions de l’extrême droite, s’efforcent évidemment de nous assurer qu’il n’y a pas d’autre façon de gérer la monnaie en général et l’euro en particulier que celle mise en œuvre actuellement et qui est faite en faveur des marchés financiers. Il n’y aurait pas le choix. C’est ce que les dirigeants européens ont voulu signifier au peuple grec dès lors que celui-ci a contesté leur gestion de l’euro.

On comprend les raisons qui les guident. Avec le développement du capitalisme, la société a délégué à une caste de privilégiés la gestion de l’argent, lui laissant tout pouvoir sur son utilisation, sur les critères de distribution du crédit. C’est cela qu’ils veulent protéger. Réclamer que l’euro serve au développement des hommes et non à celui de la finance met en cause, évidemment, ce privilège. « Pas touche à notre monopole », disent-ils. Il est d’ailleurs à remarquer que le gouvernement grec a dû mettre genou à terre lorsque la BCE a fait le choix très politique d’asphyxier le système bancaire du pays en coupant le robinet du crédit. La monnaie a servi d’arme politique !

Le drame, c’est qu’en face, au sein même du peuple, et même chez nombre de militants et de dirigeants de la gauche alternative, la monnaie et le crédit ne sont pas encore vraiment considérés comme des questions politiques clés, justifiant qu’ils fassent l’objet de batailles acharnées pour les enlever des mains des barons de la finance. Il faut retourner l’arme de la monnaie et du crédit : le changement, ce n’est pas que cela mais ça l’est pour une bonne part.

Le crédit est une grande question politique tout en relevant 
du champ 
de l’économie.

 

Publié dans le journal l'Humanité du 30 septembre 2015

 

 

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