Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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À l’origine des inégalités

L’OCDE, institution liée aux grands pays capitalistes, vient de nous annoncer que les inégalités entre les hommes dans le monde ont atteint « un point critique ». L’Organisation note que « dans les 34 pays de la zone OCDE, les 10 % les plus riches ont un revenu 9,6 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres ». Elle précise que « cet écart était de 7,1 fois dans les années 2000 ».

Pour remettre un peu d’ordre dans ce désordre, il faudrait réduire ces écarts. Ce serait faire preuve de justice mais aussi d’efficacité. L’OCDE, qui n’a rien d’un club de marxistes aigris, souligne d’ailleurs que cette dégradation est pour beaucoup liée à la forte progression de la précarité de l’emploi et qu’elle a contribué à amputer la croissance de 4,5 % entre 1990 et 2010. Autrement dit, cette aggravation des inégalités est liée au mode de mise en œuvre de la force de travail dans les entreprises, donc à la façon de produire, et elle nuit au développement de la société dans son ensemble car elle réduit sa capacité à produire, cela, sans préjuger des conditions et de la nature de la production.

Une autre information mérite attention. Selon le cabinet américain PWC, au cours des cinq dernières années, la capitalisation boursière, c’est-à-dire la valeur cumulée des actions en Bourse des 100 entreprises mondiales les plus importantes, est passée de 8 402 à 15 020 milliards de dollars, augmentant de 79 %. Après la purge de 2007-2008 qui a vu s’effondrer des stars de la Bourse, la suraccumulation de capitaux, notamment les plus spéculatifs, est repartie de plus belle. Mais plus il y a de capitaux à rémunérer, plus les prélèvements financiers sur la richesse créée augmentent, alimentant les grandes fortunes, creusant les inégalités, étouffant la croissance et la rendant encore plus destructrice de notre environnement. La boucle est presque bouclée.

Presque, car il faut noter que près d’une entreprise sur deux de ce top 100 est américaine et que par ailleurs ce sont les groupes liés aux nouvelles technologies qui, selon PWC, ont le plus bénéficié de cette croissance boursière. Entre 2010 et 2015, ils sont passés de la sixième à la deuxième place du point de vue de la capitalisation boursière.

En 2009, les entreprises technologiques n’étaient que neuf, pour une valeur totale de 997 milliards de dollars. Cinq ans plus tard, leur nombre est passé à 13 et leur capitalisation boursière a explosé, atteignant 2 500 milliards. Et cela pose la question d’une maîtrise partagée de la révolution informationnelle plutôt que son accaparement par une poignée de multinationales d’un pays dominant.

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