Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La Banque de France lâche M. Gattaz

La chronique économique de Pierre Ivorra. Fin juin 2014, les 80 grands groupes de l'Hexagone détenaient une trésorerie de 151 milliards d'euros.
 

Une étude de la Banque de France, publiée en novembre (1), confirme nos analyses sur la situation des entreprises françaises et le contraste entre les multinationales et la masse des entreprises. La conjoncture économique, il est vrai, n’est guère florissante. Nombre de PME connaissent de réelles difficultés en raison essentiellement de la stagnation de l’activité, plombée par la politique d’austérité, et de la rapacité des grands groupes qui font leur beurre en écrasant leurs sous-traitants.

Selon les auteurs de cette étude, en dépit d’une baisse de leur chiffre d’affaires de 5 % au 
1er semestre 2014, les 80 principaux groupes de l’Hexagone enregistrent un redressement de leur profitabilité. « L’évolution du résultat net (du bénéfice – NDLR) sur le premier semestre 2014, écrivent-ils, (…) témoigne d’une amélioration de la rentabilité nette des grands groupes, en particulier dans l’industrie et dans l’énergie et l’environnement. C’est la première fois depuis 2011 que cet indicateur se redresse, passant de 29 à 33 milliards d’euros (soit une hausse de 14 %). » Un autre indicateur, le taux moyen de marge nette (bénéfice net sur chiffre d’affaires), progresse également, passant de 4,5 à 5,3 % en l’espace d’un an.

À la fin juin 2014, ces 
80 grands groupes détenaient une trésorerie de 151 milliards d’euros, « le niveau le plus élevé depuis six ans », précise l’étude, en hausse de 13 milliards et de 9,4 % sur le 1er semestre 2013. Dans un style très policé, nos trois économistes relèvent que ce mouvement « s’opère sans effet restrictif notable sur la politique de rémunération des actionnaires, avec d’ores et déjà 30,7 milliards d’euros de dividendes versés au 30 juin 2014, l’année 2014 s’annonce comme une nouvelle année record pour les groupes sous revue », et identifient « les paiements de dividendes comme étant la principale ponction opérée sur la trésorerie des groupes en première partie d’année ». Par ailleurs, contrairement aux allégations du Medef, grâce notamment au CICE de François Hollande, « les impôts s’allègent notamment de 0,7 milliard d’euros entre les six premiers mois de 2013 et de 2014 ». Alors M. Gattaz, à quand la grosse manif de petits patrons avec sifflets et casseroles, avenue Delcassé, dans les beaux quartiers parisiens, devant le siège de l’Association française des entreprises privées, l’Afep, qui regroupe le gratin des entreprises françaises, celles du CAC 40 ?

(1) La Situation financière des principaux groupes français au premier semestre 2014 : entre précaution et désendettement, Laurent Carlino, Germain Dairay et François Servant.

 

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