Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La France et l’Allemagne en panne

L’évolution de l’activité en France et en Allemagne souligne l’inanité des politiques libérales mises en œuvre des deux côtés du Rhin. Le modèle économique allemand actuel est en panne.

 

Élaboré durant les années du gouvernement du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, il est bâti sur deux piliers : une politique de restriction salariale, de précarisation de l’emploi, d’appauvrissement brutal d’une large partie de la population et une priorité accordée aux exportations plutôt qu’au développement du marché intérieur et des services publics. Ce modèle antisocial conçu pour doper les profits des konzerns (associations d’entreprises) est vraiment en difficulté aujourd’hui en raison même de l’évolution du monde. La stagnation de l’activité dans la zone euro, la crise en Ukraine, la récession russe, les ralentissements japonais, chinois et des pays émergents pèsent sur les résultats d’une 
économie très tour-née vers l’extérieur. Comme le rappelle une étude récente des économistes de BNP Paribas, les exportations pèsent pour près de la moitié dans le PIB national. Cette dégradation de la conjoncture internationale explique la contraction de la croissance allemande de 0,1 % au 2e trimestre 2014 et la très faible progression de 0,1 % au 3e trimestre. La stagnation de l’activité risque de durer. En France, après avoir reculé au 2e trimestre, la croissance a progressé de 0,6 % au 3e trimestre, soit un peu plus qu’en Allemagne. Il est intéressant de noter que ce rebond, si limité soit-il, est dû à deux facteurs : la consommation des ménages et celle des administrations publiques. La première a progressé très modérément de 0,2 %, après + 0,3 % ; la seconde, de 0,8 %. Ce sont là les deux seules forces de résistance qui nous prémunissent de la stagnation. Et pourtant, c’est sur elles que le gouvernement et le Medef s’acharnent à coups de prélèvements supplémentaires sur les familles modestes, de gel des rémunérations des fonctionnaires et des pensions des retraités, de pressions sur les salaires, de précarisation de l’emploi et de licenciements. Ils sont d’ailleurs déjà parvenus à réduire les investissements publics (-1,2 %) et ceux des ménages (-1,7 %). De son côté, l’investissement des entreprises poursuit son recul, depuis le 3e trimestre 2012, baissant de 0,1 % au 3e trimestre après -0,5 % au 2e  trimestre. Pourtant, le gouvernement a justifié la baisse des cotisations sociales patronales de 12 milliards d’euros en 2014, prévue dans le cadre du crédit d’impôt compétitivité emploi, en affirmant que c’était là une condition indispensable pour relancer l’investissement. Ne cherchez pas où est l’erreur, on l’a 
déjà trouvée.

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