Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Au-delà de la restructuration de la dette grecque (Chronique de Pierre Ivorra)

Nombre de médias et de dirigeants politiques se sont adaptés à la nouvelle situation grecque avant même que soient connus les résultats des élections législatives. Sans aucun doute, certains lecteurs du journal patronal « Les Echos » ont-ils du avaler leurs jetons de présence en découvrant la semaine dernière dans l’édition du 22 janvier, que leur quotidien en venait lui aussi à brocarder « le bilan social calamiteux du plan de sauvetage » de la Grèce ordonné par la Commission européenne, la BCE et le FMI. Du côté des docteurs Diafoirus de l’expertise financière, on a l’exemple des services économiques de BNP Paribas : s’ils se résignent à accepter un réaménagement de la dette d’Athènes, c’est pour mieux prolonger la dramatique cure d’austérité imposée aux Grecs.

A vrai dire, l’enjeu de la bataille qui s’engage et qui ne concerne pas que les Grecs est d’obtenir à la fois un réaménagement des dettes publiques et une importante allocation de moyens de financement nouveaux et efficaces de la croissance, c’est-à-dire permettant de créer des emplois durables, de développer la recherche, les salaires, la formation, la santé, la culture, et de cesser de soutenir la croissance financière des capitaux. Pour sortir de l’austérité, l’ambition ne suffit pas, il faut aussi en avoir les moyens.

La Banque centrale européenne est l’institution la plus à même de jouer ce rôle. Face à la stagnation de la croissance et à la montée du chômage en Europe, elle vient de sortir du bois en engageant à partir du 1er mars un très vaste programme de rachat de dettes privées et surtout publiques sur les marchés financiers. A l’occasion du rachat mensuel de quelque 60 milliards d’euros de titres de ce genre, il serait souhaitable qu’elle s’engage particulièrement  à aider les pays les plus en difficulté : la Grèce, certes, mais aussi l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, Chypre. Cela inciterait les investisseurs internationaux à acheter les obligations de leur Trésor public et pourrait contribuer à baisser les taux d’intérêt de ces emprunts.

Ce besoin de colmater la brèche de l’endettement public auprès des marchés financiers et d’utiliser la création monétaire de la BCE et des banques pour dégager de nouvelles ressources ne doit pas bénéficier qu’aux pays les plus ravagés par la crise. Le chômage, la précarité, l’austérité frappent tous les partenaires et tous doivent pouvoir disposer enfin de ressources abondantes et très bon marché, voire, à coût nul, non soumises à une contrainte de rentabilité afin de réamorcer la pompe de leurs services publics et de leurs activité économique.

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