Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Argumentaire - campagne Front uni contre la vie chère

A l'heure où la précarité explose, où la dégradation salariale touche une immense majorité des salariés et où les retraités voient leur pouvoir d'achat en perpétuel recul, finir les fins de mois devient de plus en plus difficile pour un nombre sans cesse plus important de ménages.
Avec cette campagne nous voulons dénoncer la situation insupportable imposée à notre peuple et avancer un grand nombre de propositions immédiates ou de moyen terme pour mettre en œuvre d'autres choix. Quand les grands médias ne s'intéressent qu'à la scénarisation de 2012, nous voulons mettre au cœur du débat politique la question sociale.

 
 
 
 

Fiche 1 - La vie chère au quotidien

Le logement

 

Constat :

Le logement est un reflet et un générateur de nouvelles inégalités : l'augmentation du logement pénalise en premier les plus modestes.

A la panne de l'ascenseur social se superpose la panne de l'ascenseur résidentiel : pas de possibilité d'améliorer sa condition résidentielle lors d'un changement de logement.

 

  • La dépense moyenne engagée par les ménages pour se loger a augmenté de 23% entre 2002 et 2007.

  • 3.5 millions de femmes et d'hommes vivent dans des logements indignes ou sont sans-abris

  • 80% des français estiment qu'il est aujourd'hui difficile de trouver un logement

  • Il y a, fin de l'année dernière, 1 230 136 demandes de logements sociaux sans réponses. La crise du logement touche d'une manière ou d'une autre 10 millions de personnes en France et se traduit par une hausse des loyers. Le coût du logement, dans le secteur privée, représente pour les familles les plus modestes jusqu'à 50% du revenu.

  • Seuls 32 communes en 10 ans ont atteint le taux des 20% de logements sociaux sur 931 communes concernées par la loi.

    44 % des communes d’Ile-de-France (83 sur 181) ne respectent pas la loi SRU. Parmi les plus hors la loi : Neuilly-sur-Seine avec 3,6% de logements sociaux.

    Petit rappel : La loi SRU, votée en 2000, impose aux communes de plus de 3 500 habitants d'atteindre un quota de 20 % de logements sociaux, et prévoit un système de pénalités financières en cas de manquement à cette obligation

 

Propositions du PCF :

  • Limiter le montant des loyers à 20% du revenu des familles

  • Blocage des loyers

  • Interdire les expulsions locatives de toute personne et famille en difficulté économique et sociale

  • Réquisitionner les logements vacants.

  • Reconnaître le droit au logement comme un droit universel

  • Créer un service public national et décentralisé du logement et de l'habitat

  • Faire respecter la loi SRU et l'élargir en remontant à 30% en zone de tension et 25% sur le reste du territoire le seuil minimal de logements sociaux.

 

Energie/Alimentation

Constat :

  • Depuis 2004, le gaz a augmenté de 60%

  • La précarité énergétique touche 13% des ménages en France. Les ménages limitent leur consommation et souffrent du froid pour des raisons financières.

  • Essence : super sans plomb + 11% en un an ; gazole : +14% en un an

  • Certains produits alimentaires vont augmenter de 20% :

    - les farines : + 15 à 20%

    - les pâtes : + 5 à + 10%

    - le café : + 10 à +20%

    - l'huile : + 5 à + 8%

  • Les spéculateurs profitent de toutes les opportunités (crises politiques, sociales) pour spéculer sur les matières premières, à l'image des céréales dont les prix à doublé en 1 an, de l'augmentation du baril de pétrole avec les soulèvements en Libye...

 

Propositions du PCF :

  • Création d'un véritable service public de l'eau pour la mise en œuvre de prix inférieurs à ceux pratiqués par le privé.

  • Renationaliser EDF/GDF.

  • Instaurer un prix maximal à la pompe, une diminution de 5% de la TIPP (58%du prix de l'essence), financée par la taxation des compagnies pétrolières.

  • Blocage du prix d'un ensemble de première nécessité.

 

 

Fiche 2 - A qui profite la hausse des prix ?

Constat :

La période actuelle est marquée par la crise financière et ses conséquences. Avec une dette publique qui explose à cause de la récession, et le coût du sauvetage des banques et des marchés financiers. Sarkozy, FMI, UE et Medef font payer la crise aux peuples et au monde du travail

 

De tous les côtés, c’est le renforcement de l’exploitation capitaliste, pour augmenter la rentabilité financière des capitaux :

  • La précarisation et l'intensification du travail avec son cortège de souffrances au travail et de drames.

  • L'allongement de la durée du travail avec la réforme des retraites .

  • Le retour de l'inflation qui rabote les revenus des plus modestes d’abord !

 

Ce retour de l’inflation n'est pas le fait des salariés puisque la rémunération du travail et des prestations sociales sont en recul par rapport à la hausse des dépenses incompressibles (loyers, EDF...). Ce n'est pas non plus le fait des dépenses publiques utiles puisque là encore la part des rémunérations publiques dans le PIB baisse (OCDE ).

 

Par contre les premiers à supporter le retour de l'inflation ce sont les salariés les plus modestes, au travers du blocage des rémunérations des fonctionnaires, de la prime fantôme pour ceux du privé, de la perte du pouvoir d’achat, des retraites...

L’inflation a des causes et elle n’est pas perdue pour tout le monde !

  • Une inflation importée due d’abord aux spéculations, notamment sur les matières premières et aux dérégulations des marchés,

  • La répercussion dans les prix des frais financiers (coût des crédits) par les entreprises non financières

  • La hausse des prix permet de relever artificiellement la rentabilité de certains placements et capitaux ( immobilier...)

  • Le libéralisme et les déréglementations ( dépassements d’honoraires...)

 

Il y a des bénéficiaires de l’inflation : les marchés, les banques, les spéculateurs, les entreprises qui peuvent jouer sur les prix relatifs entre leurs filiales en France et à l’étranger, les grands groupes qui la font supporter aux sous traitants, et tous les acteurs en position dominantes sur des marchés où l’offre est trop étroite et déformée  ( logements) ...

 

Propositions du PCF :

Lutter dès maintenant contre la vie chère

  • Blocage du prix de l'énergie.

  • Blocage des loyers

  • Blocage du prix d’un ensemble de produits de première nécessité

  • Mise en place d'un dispositif pour la totale transparence des taux de marges des activités, notamment celles liées à l'énergie, la grandes distribution et les banques.

  • Création d'une contribution spécifique pour les grands groupes intervenants dans ces secteurs.

     

Fiche 3 - Une forte dégradation salariale

Constat :

 

Le salaire réel par tête dans les sociétés non financières a diminué de 1% en 2009 et de 0,8% en 2010, il va reculer à nouveau en 2011.

Cela touche de plein fouet les familles les plus modestes dont les dépenses contraintes (logement, assurance, électricité, gaz, télécommunications..), représentent jusqu'à trois quarts des revenus.

8 millions de français (13% de la population) vivent sous le seuil de pauvreté, et entre 1,9 et 3,7 millions de personnes vivent dans un ménage pauvre dont le chef de famille dispose d’un emploi.

La majorité des salariés est touchée par les bas salaires : 50% des Français gagnent moins de 1 580€ nets par mois et 70 % des salaires mensuels nets de tous prélèvements sont inférieurs à 2074€.

Pourtant les gains de productivité du travail dans les entreprises auront été de 0,6% en 2010 et sans doute plus en 2011, et le patronat refuse toute négociation générale sur les salaires.

Cette dégradation salariale et ce blocage patronal sont les ingrédients de la montée du mécontentement et de la grande défiance à l'égard de tout ceux qui cautionnent les politiques d'austérité en France et en Europe.

Au menu de 2012 : Promesses et austérités

Pour répondre à ce mécontentement Nicolas Sarkozy promet une « prime » aux salariés dans les seules grandes entreprises où il y aura « une forte augmentation des dividendes » et dans les petites « si ça va mieux ».

Pour inciter les entreprises à jouer ce jeu-là on leur promet de nouvelles exonérations de cotisations sociales... Ce qui aura pour effet d’alourdir le déficit de la Sécu !

Ce marché de dupes tente de faire oublier le « Pacte pour l'euro plus » interdisant toute hausse générale des salaires et des augmentations inférieures aux gains de productivité.

Une politique d’austérité, efficace pour les profits financiers et les grandes fortunes, mais qui pénalise l’emploi et la croissance.

Ancrer au traité de Lisbonne, la politique de Sarkozy comme le programme du PS, présente plusieurs constantes :

  • Pas de coup de pouce au SMIC ;
  • Pas d'augmentation générale des salaires ;
  • Freinage systématique de la masse salariale dans la fonction publique ;
  • Poursuite de la baisse des cotisations sociales patronales.

 

 

Propositions du PCF :

Revaloriser le travail

  • Création d’une sécurisation de l'emploi, de la formation et du revenu de chacun-e.
  • Sensible augmentation du SMIC et des minima sociaux avec un salaire minimum porté tout de suite à 1 600€ bruts par mois.
  • Une contribution immédiate des grandes fortunes, via un renforcement de l'ISF, pour redonner à l'État les moyens de conserver et créer des emplois utiles dans l’éducation, la santé, la police.
  • Refonte du Code du travail pour abolir la précarité et établir l’égalité femme-homme

Fiche 4 - Les marchés financiers contre l’investissement et l’emploi

Constat :

La domination des capitaux financiers et leurs exigences de revenus (intérêts et dividendes) exercent une pression terrible sur les salaires et la qualité des investissements.

Cette domination se traduit par :

  • L'envolée des bénéfices nets des sociétés du CAC 40 (83 milliards d'euros en 2010), distribués à plus de 40% sous forme de dividendes.

  • Des intérêts versés aux banques et des dividendes payés aux actionnaires qui atteignent 326,2 milliards d'euros en 2009, dans les sociétés non financières, et absorbent 34,11% de la valeur ajoutée (richesses douvelles) produites.

  • L'explosion des profits des principales banques françaises, alors que celles-ci, continuent de bénéficier de larges aides publiques (dont un taux de refinancement de 1% auprès de la BCE),

  • Une politique du crédit au profit des opérations financières, de la spéculation et des délocalisations, au détriment des PME et de l'investissement productif.

  • L’économie réelle particulièrement affaiblie en France championne du monde de l’exportation de capitaux! En 2009 les actifs des entreprises françaises à l’étranger = 58,6% du PIB, contre seulement 40% pour l’Allemagne, 22% pour les USA, et 14% pour le Japon !

 

Propositions du PCF :

Reprendre le pouvoir sur l'argent

  • Suppression des 30 milliards d’exonérations de cotisations sociales patronales.

  • Taxer les revenus financiers des entreprises.

  • Moduler l’impôt sur les sociétés et les cotisations sociales pour pénaliser les entreprises qui délocalisent, qui développent leurs placements financiers, ou qui se servent des nouvelles technologies pour supprimer des emplois et dégrader les conditions de travail.

  • Créer un Pôle public bancaire et financier pour développer un autre logique du crédit à partir de la Caisse des Dépôts et Consignations, des banques semi-publiques, mutualistes ou coopératives, et de banques nationalisées.

  • Créer un « Fonds national de sécurisation de l'emploi, de la formation et des revenus » alimenté par le redéploiement de tous les fonds d'État créés depuis 2007-2008 et les fonds publics dévolus aux exonérations de cotisations sociales patronales. Ce fond prendrait en charge les intérêts versés aux banques par les entreprises sur leurs crédits pour les investissements en fonction de critères basés sur la création d'emplois, la formations, les progrès écologiques et l' augmentation de la masse salariale.

  • Transformer la BCE et la Banque de France. Création d'un Fond européen de développement social, écologique et solidaire au service de l'emploi et des investissements utiles.

  • Création de pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs représentants dans leurs entreprises, ainsi que des citoyens dans les institutions bancaires et les collectivités territoriales.

 

Fiche 5 - Salaires et emploi

Une formidable pression patronale, appuyée sur des politiques ultralibérales et social-libérales, a abouti au recul massif de la «part des salaires dans la valeur ajoutée » ainsi qu’à une croissance financière folle (170 milliards de trésorerie dans les groupes du CAC 40, fin 2010).. Pour cela le capital a utilisé le chômage et précarité galopante et tous les moyens1 que lui donnent ses pouvoir. C’est pourquoi, le développement des luttes pour les salaires doit s’articuler à des propositions crédibles et rassembleuses visant à faire reculer le chômage et la précarité et à sécuriser l’emploi et la formation. Chômage et précarité instrumentalisés contre les salaires Actuellement, plus de 4,6 millions de salariés sont inscrits au pôle emploi parce qu’ils sont soit au chômage (2,7 millions), soit dans un emploi à temps partiel contraint (1,3 millions), soit à la recherche d’un autre emploi (0,6 millions, catégorie D et E des demandeurs d’emploi inscrits au Pole emploi). Et au-delà, si nécessaire, le patronat n’hésite pas à en mobiliser des centaines de milliers d’autres travailleurs, (femmes sorties du marché du travail, travailleurs immigrés) pour peser sur les salaires. Les politiques ultralibérales et sociales libérales prétendent que le coût du travail serait l’obstacle à la création d’emplois, tout en refusant de baisser les coûts matériels et financiers du capital, et donc qu’augmenter les salaires serait dangereux, Or, l’augmentation générale des salaires est nécessaire, non seulement pour des raisons de justice sociale et de droit à une vie décente pour tous, mais pour des raisons d’efficacité productive, de soutien à la qualification, à la demande et à une nouvelle croissance. Emploi et formation sécurisés : un plus pour les salaires C’est pourquoi, le développement des luttes en France en Europe pour les salaires doit s’articuler à des propositions crédibles et rassembleuses visant la sécurisation de l’emploi, de la formation et des revenus :

  1. Renforcer la solidarité entre les chômeurs et les salariés en emploi.
Au lieu de la pression exercée sur les chômeurs pour accepter n’importe quel emploi ou des tentatives de division du salariat pour instaurer des travaux obligatoires pour les titulaires du RSA, il s’agit, au contraire, de promouvoir une amélioration des indemnités chômage, un retour à l’emploi avec une formation qualifiante et des services publics d’accompagnement (transports, santé, garde d’enfants, …).
  1. Précaires de tous les pays unissez-vous :
En France, le MEDEF, L. Parisot en tête, fait l’apologie de la précarité, tandis que dans les instances de l’Union européenne, c’est la « flexsécurité » que l’on monte au pinacle. Mais de partout, c’est à l’exigence de sécurisation à laquelle les peuples aspirent. D’où les propositions du PCF contre la précarité prévoyant notamment un plan de conversion des emplois à temps partiels contraints et des emplois aidés en emplois à temps pleins (incluant un temps de formation) et contre l’explosion des CDD, l’application d’un plafond très bas, graduellement réduit, suivant les branches, pour aller très vite à 5 ou 3 %, tandis que le recours à l’intérim serait limité au remplacement d’absents et seulement dans les PME, …
  1. Mettre en échec les tentatives de relance de la guerre entre les sexes ou entre les générations
Outre les sanctions appliquées aux discriminations à l’embauche dont sont victimes les femmes, les jeunes, les habitants des quartiers sensibles,…des mesures positives doivent être prises en faveur de ces groupes discriminés : Notamment pour les jeunes, des contrats de sécurisation dès l’entrée des jeunes dans l’emploi, à temps plein, avec un salaire décent, un volet formation rémunérée suffisamment longue, avec un tutorat, si nécessaire et des aides concernant le logement doivent être instituées en co-élaboration avec les syndicats et des associations de jeunes.
  1. Une formation continue pour un retour à un emploi de qualité bien rémunérée
Il s’agirait, notamment, de viser 10 % du temps de travail en formation, c’est-à-dire 4 ans de la vie active, avec les soutiens et suivis personnalisés pour les salariés non qualifiés, de garantir le contenu qualifiant des formations et leurs débouchés dans l’emploi de qualité. Pour cela, les contributions financières des entreprises seront relevées et davantage mutualisées pour un meilleur accès de tous aux qualifications, (notamment les chômeurs, les femmes et les salariés des PME). 5- Des créations massives d'emplois, Au lieu de multiplier les heures supplémentaires, il s'agirait d'accroître les salaires et étendre les 35 heures à toutes les entreprises nécessitant l'ouverture de nouveaux postes, ainsi que de s'engager vers des créations massive d'emplois à partir des recensements de besoins d'emplois et de formation dans chaque bassin d'emploi avec les acteurs de terrain (élus, syndicalistes, usagers), dans les entreprises comme dans les services publics. Des conférences régionales et une conférence nationale annuelles seraient organisées pour définir des objectifs chiffrés de création d'emplois et de formation, ainsi que du suivi de leurs réalisations avec l'appui d'un nouveau service public de sécurisation de l'emploi et de la formation. 6 - Une réorientation de l’argent, notamment du crédit, du local au mondial. Des moyens financiers alternatifs avec des fonds régionaux pour l’emploi et la formation au niveau local, un pôle public financier national, une réorientation de la BCE et du FMI permettrait de faire reculer les gâchis de la spéculation et de promouvoir un autre financement pour les entreprises (- fonds publics autrement utilisés et contrôlés démocratiquement, - crédits bancaires pour des investissements à des taux d'intérêt très abaissés en fonction des créations d'emploi, - utilisation des fonds des entreprises pour une efficacité sociale combinant élévation de la productivité et élévation des emplois qualifiés), 7 - Des pouvoirs et des droits nouveaux d’intervention dans les entreprises et les banques : Il s’agirait de conquérir de nouveaux droits et pouvoirs des salariés, des CE, des syndicats, des chômeurs et de leurs associations, des citoyens et des élus, avec des pouvoirs réels d’intervention, de contre-proposition, de mobilisation des financements, de contrôle et d’évaluation des résultats, dans les entreprises, les services publics et les localités.   Note   1- utilisation capitaliste de la révolution informationnelle et de son potentiel d’accroissement de la productivité du travail pour réduire l’emploi et freiner les salaires tout en aggravant de la souffrance au travail,- exacerbation de la concurrence entre les salariés sur le marché du travail comme dans les entreprises, - culpabilisation des travailleurs accusés de « booster » l’inflation et les coûts salariaux par leurs exigences salariales, - incitation à la baisse du coût du travail, notamment par le recours aux exonérations de cotisations sociales patronales encourageant au remplacement des emplois qualifiés et correctement rémunérés par des emplois à bas salaires, - utilisation du chômage massif des jeunes et des séniors et des discriminations de genre et d’origine pour déréglementer les contrats de travail et le droit social et pour multiplier les emplois précaires, à durée de plus en plus réduite, et l’intérim, - politiques d’austérité en Europe contre les salaires, - politiques d’intégration des salariés aux objectifs patronaux (gel ou freinage des salaires contre réduction du temps de travail du gouvernement Jospin, ou le «travailler plus pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy), - remise en cause de la négociation de branche et interprofessionnelle au profit de celle d’entreprise,… - utilisation capitaliste de la révolution informationnelle et de son potentiel d’accroissement de la productivité du travail pour réduire l’emploi et freiner les salaires tout en aggravant de la souffrance au travail, - exacerbation de la concurrence entre les salariés sur le marché du travail comme dans les entreprises, - culpabilisation des travailleurs accusés de « booster » l’inflation et les coûts salariaux par leurs exigences salariales, - incitation à la baisse du coût du travail, notamment par le recours aux exonérations de cotisations sociales patronales encourageant au remplacement des emplois qualifiés et correctement rémunérés par des emplois à bas salaires, - utilisation du chômage massif des jeunes et des séniors et des discriminations de genre et d’origine pour déréglementer les contrats de travail et le droit social et pour multiplier les emplois précaires, à durée de plus en plus réduite, et l’intérim, - politiques d’austérité en Europe contre les salaires, - politiques d’intégration des salariés aux objectifs patronaux (gel ou freinage des salaires contre réduction du temps de travail du gouvernement Jospin, ou le «travailler plus pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy), - remise en cause de la négociation de branche et interprofessionnelle au profit de celle d’entreprise,…  

Fiche 6 - Inflation

1. Le panier de la ménagère

 

Le panier de la ménagère est constitué de 1000 produits ou services dont les prix sont relevés mensuellement par l'INSEE dans divers endroits du pays.

L'exactitude des relevés ne fait aucun doute. Mais c'est le poids très différent de chaque article ou service selon les revenus et la composition du ménage qui pose problème et que ne prend pas en compte l'indice des prix de l'Insee.

Or les hausses des prix seront beaucoup plus importantes pour ceux qui sont contraints de consacrer une part importante de leur revenus à des produits ou services qui flambent.

Ainsi, Les hausses de prix touchent beaucoup plus les familles modestes et moyennes que les couches supérieures en raison de l'explosion des prix des dépenses dites « contraintes et obligatoires » (loyer, assurances, énergie, eau, alimentation, santé...). Alors que les prix de nombreux produits haut de gamme baissent (Hifi, informatique, ..). Or, le poids des loyers, assurances, etc, est bien plus important dans les familles modestes que dans les couches supérieures.

Ainsi, un ménage disposant au plus de 8 000 € annuels par membre du ménage consacrera 25,5 % de ses revenus aux dépenses de logement et combustible contre 11,5 % pour celui disposant de 32 000 €, et plus.

Ce qui signifie qu'une augmentation de 10 % du poste de loyer et combustible -tous les autres postes sans changement- aurait un impact de 2,5 % sur l'inflation subie par le premier ménage, tandis que la même augmentation n'aurait qu'un impact de 1,14%. sur le ménage disposant de 32000 € à nombre de personnes identiques dans ces 2 foyers. À cette inégalité, il faudrait ajouter le fait que les plus grands consommateurs de produits informatiques et de communication, qui, eux, voient leurs prix baisser sont les ménages disposant des revenus les plus importants.

De même, un ménage dont le référent est sans diplôme dispense dépensera 8,8 % de ses revenus aux loisirs et à la culture contre 13,9 % pour ceux ayant un diplôme au-delà du bac+3.

Ces inégalités sont ignorées par l'indice insee de l'inflation qui raisonne sur un panier type et ne peut appréhender ces fortes variations.

 

2. L'inflation : qu'est-ce que c'est ? D'où ça vient ?

 

L'inflation c'est l'augmentation des prix à la consommation et le taux de référence de l'inflation est celui de l'augmentation des prix sur une année. Cet indice est réalisé à partir du panier de la ménagère » de l'INSEE.

De nombreuses causes favorisent cette inflation :

  • la spéculation qui augmente les prix des matières premières, de l'immobilier, des céréales et autres denrées matières premières alimentaires (café, cacao,...),

  • le gâchis de capitaux et notamment des investissement sans formation suffisante (le capital cherchera à compenser l'insuffisance d'efficacité en augmentant les prix, pour maintenir sa rentabilité1),

  • les prélèvements financiers (dividendes et intérêts aux banques), qui augmentent souvent bien plus vite que les richesses créées dans les entreprises,
  • l'inflation importée comme on le voit avec l'énergie ou les matières premières, mais aussi avec des prélèvements de « domination », comme les royalties des groupes sur leurs sous-traitants.
Par contre, il y a d'autres éléments facteurs qui, eux, favorisent la baisse des prix : l'augmentation de la productivité du travail comme du celle du capital, liée en premier lieu aux progrès techniques, (ce qui d'ailleurs permet une augmentation des salaires sans favoriser l'inflation). Lorsque la banque centrale européenne ou les gouvernements placent l'inflation comme le premier risque auquel l'économie pourrait être confrontée, il s'agit surtout d'éviter que les capitaux placés voient leurs rapports rongés par l'augmentation des prix. Mais, pour freiner cette inflation, on cache les facteurs d'inflation favorisant les revenus du capital (spéculation, dividendes, intérêts), mais on polarise sur le facteur salaire qui est le plus souvent présenté comme la cause, voire l'unique cause, sur laquelle on peut agir, (voir le discours de Jean-Claude Trichet) et on évoque aussi le fait qu'il y aurait trop de monnaie dans l'économie. L'augmentation de la masse monétaire supérieure à la croissance du PIB favoriserait l'augmentation des prix. D'où l'idée d'une double réponse avancée par les libéraux : baisser les coûts salariaux (notamment les cotisations sociales patronales) réduisant ainsi les ressources de la protection sociale et freinage de la croissance de la masse monétaire. Pour peser sur les coûts salariaux, le capital cherche à maintenir un volant important de chômage qui, pour lui, représente une garantie anti inflation. Concernant la croissance de la masse monétaire, celle-ci pose le problème de l'utilisation plus ou moins efficace du crédit : si on utilise beaucoup de crédits, mais pour gâcher des capitaux faute d'un développement suffisant des capacités humaines en formation et qualification , cela provoque de l'inflation mais, si au contraire, on développe un crédit avec des taux d'intérêt modulé d'autant plus abaissé que l'on accroît l'emploi qualifié et la formation, cela permet l'accroissement des richesses réelles, sans inflation. Au contraire, peser sur le crédit utile au développement des capacités humaines comme sur les revenus salariaux et sociaux conduit au freinage de la croissance, dont les effets sont bien plus graves car cela enclenche des cercles vicieux pouvant aller jusqu'à la déflation.. Or, une croissance maîtrisée des prix, ce n'est pas la mort, c'est même plutôt bénéfique, car celà limite les prélèvements du capital sur les richesses et accroît donc la valeur ajoutée revenant aux salariés et à la population, ainsi que les moyens pour l'investissement.   Notes 1mais cela le mettra en difficulté dans le cadre de la concurrence internationale, difficulté à laquelle il cherche toujours à répondre en supprimant des emplois.   3. Une dégradation salariale qui continue Le salaire moyen par tête progresserait un peu moins rapidement que l'inflation à l'horizon de mi-20111) et les salaires réels stagneraient au premier trimestre. Alors que le salaire réel par tête dans les sociétés non financières a diminué de 1% en 2009 et de 0,8% en 2010, il pourrait reculer à nouveau de 0,3% au moins en 2011. Cela entraînera un freinage du pouvoir d'achat des salariés comme de la consommation : D'une hausse de 0,9% au quatrième trimestre 2010, cette dernière passerait à une hausse de 0,5% au premier trimestre 2011, puis à une baisse de 0,1% le trimestre suivant. Cela frappera de plein fouet les familles les plus modestes dont les dépenses contraintes pré-engagées (logement, assurance, électricité, gaz, télécommunications ..), qui représentaient déjà les trois quarts des revenus des 20 % des ménages les plus pauvres en 2006, continuent de s'alourdir. C'est dans ces familles que se comptent entre 1 et 1,9 millions de personnes exerçant un emploi mais disposant d'un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté2.   Si l’on compte l’ensemble des personnes, conjoints et enfants compris, c’est entre 1,9 et 3,7 millions de personnes qui vivent dans un ménage pauvre dont le chef de famille dispose d’un emploi - toujours en tenant compte de l’ensemble des ressources.3 Il n'est donc pas étonnant dans ces conditions que 8 millions de français (13% de la population) vivent sous le seuil de pauvreté. Au-delà des salariés les plus pauvres, c'est la majorité des salariés qui est touchée par les bas salaires : 50% des Français gagnent moins de 1580 euros net par mois (18 990 euros/an). En France, 70 % des salaires mensuels nets de tous prélèvements sont inférieurs à 2074 €. Pourtant alors que les gains de productivité du travail dans les entreprises auront été de 0,6% en 2010 et seraient sans doute supérieurs en 2011, le patronat refuse toute négociation générale sur les salaires. Cette dégradation salariale et ce blocage patronal sont les ingrédients de la, montée du mécontentement, des luttes et de la grande défiance à l'égard de tout ceux qui cautionnent les politiques d'austérité en France et en Europe.   Notes 1 A fortiori avec l'inflation actuelle des prix alimentaires, des loyers et des tarifs des services aux personnes qui pèsent relativement beaucoup plus lourd sur les catégories modestes. 2 Seuil de pauvreté calculé après avoir comptabilisé les prestations sociales (prime pour l’emploi, allocation logement, etc.) ou intégré des revenus de leur conjoint. 3Même en utilisant la définition la plus restrictive on compte presque deux millions de personnes qui vivent avec moins de 800 euros par mois pour un adulte seul, alors qu’elles exercent un emploi ou que leurs parents sont dans ce cas.   4. La TVA: Réduire le poids des impôts indirects Les taxes, c'est à dire les impôts indirects, telles que la TVA, la taxe sur les produits pétroliers, etc.., représentent près de 17 % des revenus des plus démunis, deux fois plus que pour les ménages les plus aisés. La France est l’un des pays riches où la fiscalité indirecte - les taxes incluses dans le prix d’un bien ou d’un service - est la plus élevée. Ces taxes - dont l’essentiel est constitué de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) - représentent plus des deux tiers des recettes de l’Etat, et un quart de l’ensemble des prélèvements obligatoires. Elles représentent une part deux fois plus élevée du revenu des ménages les plus pauvres (16,6%) que de celui des plus riches (8%). Alors que dans le cas des impôts "progressifs" (comme l’impôt sur le revenu) le taux augmente avec le niveau de vie, dans le cas des taxes indirectes, il diminue. C'est injuste. Changer la fiscalité Une des premières retombées d’une revitalisation des impôts de type progressif permettrait de réduire le poids des impôts indirects comme la TVA et la TIPP dont la principale caractéristique est leur fonction anti-redistributive. Particulièrement injustes mais largement utilisés par les pouvoirs publics pour leur vertu indolore, les impôts indirects pèsent de façon inégalitaire sur les ménages et les personnes car ils s’appliquent sans distinction de leur capacité contributive réelle, à la consommation de produits nécessaires voire indispensables à l’émancipation et au développement de chaque individu. Il est donc urgent de commencer à en limiter la portée. TVA - un examen attentif de la situation en vigueur devrait conduire à faire basculer au taux réduit divers produits de grande nécessité comme l’habillement et un bon nombre de produits relevant du champ informationnel et culturel comme les livres, les CD, les DVD, la micro informatique et instaurer un taux hyper réduit pour les produits de bouche de première nécessité.   TVA: pourquoi paye-t-on plein pot sur les fournitures scolaires. Les règles communautaires en matière de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) limitent l'application du taux réduit aux seules opérations inscrites à l'annexe III à la directive communautaire 2006/112/CE du 28 novembre 2006 portant refonte de la réglementation communautaire en matière de TVA. Ce taux réduit de la TVA au taux de 5,5 % au lieu de 19,6%.Toute extension du champ d'application de ce taux relève d'une décision à l'unanimité au sein de l'Union, conformément aux dispositions de l'article 93 du traité de l'Union européenne (UE). Les fournitures scolaires ne figurent pas, en tant que telles, sur la liste prévue à l'annexe III de la directive précitée des biens et des prestations de services auxquels les États membres sont autorisés à appliquer un taux réduit de TVA. Elles ne figurent pas non plus dans la proposition de directive de la Commission du 7 juillet 2008 portant sur les taux réduits de TVA. La mesure proposée n'est donc pas envisageable.   5. Coût de la Publicité L'insuffisance massive de la demande mondiale, en raison des salaires et revenus populaires insuffisants, a conduit à intensifier la guerre économique entre les groupes qui est se font une concurrence acharnée sur des marchés de plus en plus étroits. D'où la montée des dépenses massives de conquête de consommateurs : publicité, promotion, développement de techniques nouvelles avec la multiplication des centres d'appels. Ces dépenses en communication des annonceurs publicitaires s’élèvent en 2010 à 30,7 milliards €1. soit de l'ordre de 500€ par habitant.   6. Spéculation sur les matières premières Les émeutes qui ont éclaté en Algérie en ce début d’année 2011 sont des émeutes de la faim. Ces révoltes contre la vie chère, contre les hausses des prix des produits alimentaires de base, comme le sucre et l’huile rappellent les émeutes de la faim qui ont eu lieu en 2008, dans un grand nombre de pays pauvres. La spéculation est désormais considérable et permanente. Nous savons pourquoi elle a pris une telle ampleur: Ayant à dépenser moins pour les salaires et les équipements, avec des technologies de plus en plus économes en moyens, les entreprises disposent d'un surplus liquide grandissant (170 milliards de trésorerie dans les groupes du CAC 40, fin 2010). D'autre part, les injections massives de monnaie, notamment de dollars, pour sortir de la récession de 2009-2010, faute d'une reprise saine de la croissance, ont, elles- aussi, été massivement utilisées pour des placements spéculatifs. Ainsi, sous exigences de rentabilité financière, ces surplus cherchent à s'employer dans des opérations qui promettent de rapporter au moins autant que ce que rapporte un investissement réel dans les pays émergents au lieu de servir à financer, de partout, les dépenses de services publics pour un développement de toutes les capacités humaines de la planète.. D’où le redémarrage de la spéculation sur les marchés de matières premières (mais aussi sur les titres) confrontés à des déséquilibres structurels entre la demande, appelée à croître, des pays émergents et une offre contrainte par les exigences de rentabilité financière.   7. Marges de la grande distribution Le prix du lait est révélateur de « l'opacité » qui entoure les marges des grandes surfaces : en deux ans, de septembre 2007 à novembre 2009, le prix au producteur a baissé de 7 % alors que dans le même temps, le prix de la brique de lait (marque distributeur) a augmenté de 11 % ! Sur une période d'observation plus longue : entre 1992 et 2009, le prix agricole du porc a baissé de 26 % alors que le prix en rayon a augmenté de 25 % ! Au coeur de la problématique : les marges que s'octroient les grandes surfaces. Ce sont les consommateurs et les exploitants agricoles qui en subissent les conséquences. Tandis que la grande distribution, voire, dans une moindre mesure, les industriels de l'agro-alimentaire qui se partagent le gateau. Pas étonnant qu'ils soient en tête du cac 40 pour les profits. Carrefour: 0,43 Mds € (+32%), Danone : 1,57 Mds (+37%).    
 

Argumentaire - campagne Front uni contre la vie chère

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