Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Grèce : informations confidentielles

La chronique économique de Pierre Ivorra Ce sont pour l’essentiel des institutions publiques qui tiennent Athènes par le collet.

Dans l’épreuve de force qui oppose le peuple grec aux tontons flingueurs à la tête des pays européens, mais aussi de la Commission, de la anque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), il en est qui s’efforcent de cacher de la poussière sous le tapis ou, pour ce qui concerne Mme Lagarde, sous le Bernard Tapie. Ainsi nos chantres du libéralisme se gardent bien de rappeler que les prêts consentis à la Grèce ne le sont pas gratuitement. Selon des informations confidentielles qui nous ont été données, il s’avère qu’au cours des quatre premiers mois de 2015, Athènes a versé à ses créanciers, rien qu’en intérêts rémunérant les prêts accordés, 2,6 milliards d’euros, soit 1 milliard de plus que la somme que l’État grec doit rembourser au FMI à la fin de ce mois de juin.

2,6 milliards d’intérêts en seulement quatre mois, la somme est considérable. Elle représente presque l’équivalent des salaires payés par l’État grec à ses fonctionnaires. De plus, elle ne cesse d’augmenter. Athènes a payé successivement 2,1 milliards d’euros au cours des quatre premiers mois de 2013, 2,2 pour la même période de 2014, 2,6 milliards cette année. Sur l’ensemble de 2015, le racket approchera les 8 milliards d’euros. La renonciation à ce détournement donnerait un peu d’air à nos amis grecs et permettrait déjà de rembourser le FMI à la fin du mois.

Mais qui sont donc ces fameux créanciers ? Il y a d’abord le FESF (Fonds européen de stabilité financière). Il détient près de 45 % de la dette grecque. Il a été mis sur pied en 2010 par l’Union européenne prétendument pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté. Il a prêté à la Grèce 142 milliards d’euros en plusieurs tranches. Cet argent a été levé pour partie sur le marché, mais les pays de la zone euro ont apporté des garanties équivalentes, proportionnellement au poids de leur économie : l’Allemagne 41 milliards d’euros, la France 30. Autres prêteurs, la BCE, qui détient environ 27 milliards d’euros, et le FMI, un peu plus de 36 milliards. Bref, ce sont pour l’essentiel des institutions publiques qui tiennent Athènes par le collet.

Comment en est-on arrivé là, sachant qu’au départ la Grèce était essentiellement endettée auprès des investisseurs privés ? Parce que les dirigeants de l’Union européenne ont, au travers du FESF et de la BCE, volé au secours de ces derniers, particulièrement des banques et compagnies d’assurance françaises et allemandes très investies en Grèce, en leur rachetant massivement des titres de la dette grecque. On croit payer pour la Grèce et, en fin de compte, on paie pour le Crédit agricole ou la Deutsche Bank.

 

Mercredi, 24 Juin, 2015
L'Humanité

 

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