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Santé : Recenser les besoins, d’emplois, de formations et de promotions

Interview de Jean Luc Gibelin, syndicaliste de la santé La ville de Paris vient de prendre la décision de créer un Comité pour l'emploi et le développement économique durable et la formation.

 

E&P : quels sont les besoins d'emplois et de formation dans la santé.

JLG. les deux grands mondes de la santé, hôpitaux publics et établissements privés d’un côté et la médecine de ville de l’autre, subissent de plein fouet les conséquences de toutes les politiques de quota et de numerus clausus touchant les personnels médicaux et paramédicaux. Il faut 50.000 infirmières supplémentaires, porter tout de suite le quota annuel de médecins de 6000 à 9000… Cette pénurie ne relève pas de la fatalité, mais de choix politiques conscients, partagés par la droite et une partie de la gauche, notamment le parti socialiste, basés sur une logique comptable qui misait sur la réduction du nombre de prescripteurs pour baisser des dépenses de santé.

E&P : Quelle solution pour s’en sortir ?

JLG : Pour s’en sortir, pour redresser la situation à moyen terme, il faut ouvrir les quotas de recrutement dans toutes les professions touchées par la pénurie, mais sans baisser les qualifications. Pour permettre cet accès à un plus grand nombre, il faut un plan audacieux, soutenu et pluriannuel. Cela permettra de former plus d’infirmières pour exercer dans 4 ans, plus de médecins dans 8 ou 10 ans... Seule une telle solution à moyen terme, peut permettre d'envisager des solutions intermédiaires crédibles.

E&P : Que faut-il donc faire dans l'urgence ?

JLG : Face aux difficultés que l'on connaît aujourd'hui, il faut travailler, de manière très inventive et innovante, les possibilités de validation des acquis et des équivalences, avec des « faisant fonctions » temporaires. Cela va de pair avec une sécurisation de l'emploi et de la formation car cela exige, non pas des déqualifications pour les fonctions exercées, mais, au contraire, des qualifications supérieures pour les personnels concernés. On pourrait ainsi imaginer, après discussions et consultations des organisations représentatives, que soient confiées à telle profession de manière limitée et encadrée, des tâches nouvelles. Ainsi des infirmières anesthésistes qui ont de l'expérience pourraient-elle assurer certaines missions de médecins anesthésistes. Il faut trouver des solutions transitoires sinon des actes ne disposeront pas de la couverture sanitaire nécessaire. Il existe un potentiel de personnels qualifiés pour lesquels de telles solutions doivent être recherchées avec des validations d'expérience et des validations des acquis. De même on doit, dans le cadre de plans pluriannuels régionaux, imaginer des contrats de formation pour que des jeunes qui veulent travailler dans leur région puissent concilier la formation, la qualification et le logement. Tout cela pour ouvrir largement sur ces professions touchées par la pénurie. Cette phase immédiate, transitoire doit aussi être utilisée pour titulariser les contractuels-elles, les précaires si utiles à l'hôpital. cela nécessite un plan de formation et un financement spécifiques comme ce fut le cas dans un accord à l'APHP.

  1. Cet accord d’entreprise de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris du 27 avril 2000 signé par la CGT, la CFDT, SUD-CRC, la CFTC, et le SNCH prévoyait l’intégration dans l’emploi stable de 2278 salariés en précarité (CDD sur emploi permanent, CDD sur mensualité de remplacement, CES et assimilés, accès de CDI au statut de fonctionnaire).

 

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Santé : Recenser les besoins, d’emplois, de formations et de promotions

Par Gibelin Jean Luc , le 30 novembre 2003

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