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L’euro et l’affaire BNP Paribas

Le forcing américain à l’encontre de l’Europe souligne le besoin d’une transformation radicale des relations internationales, monétaires notamment, et plus particulièrement de la gestion de l’euro. La pression ne faiblit pas : Incitations à conclure au plus vite les négociations de l’accord de libre échange transatlantique, exigence réitérée et unilatérale auprès de l’Allemagne d’une relance de ses importations, et tout dernièrement action de la justice américaine contre BNP Paribas accusée d’avoir enfreint des embargos.
Depuis le discours d’Obama sur l’état de l’Union du 27 janvier 2010, le regain de la politique commerciale est devenu le sujet prioritaire de l’administration de Washington. Le président américain a fixé un objectif de doublement des exportations en cinq ans, avec la création de deux millions d’emplois à la clé. Début 2014, on en est loin. Cela d’autant qu’aux premiers mois de l’année la croissance du PIB aux Etats-Unis ne paraît pas assurée, le taux de chômage reste relativement élevé et les déficits persistent. L’activité et les profits que les groupes américains ne parviennent pas à trouver suffisamment chez eux, ils essaient de les capter chez les autres.
Cet interventionnisme musclé est l’expression certes de la crise d’un leadership américain, à la fois menacé et consolidé par la constitution d’une union monétaire européenne dominée par la finance et par la montée en puissance de la Chine et des pays émergents. Il est aussi la conséquence d’une volonté farouche de préserver cette domination. L’affirmation de la primauté du dollar est évidemment une pièce essentielle de cette contre-offensive.
Comment y répondre ? Le repliement des pays européens dans leurs frontières ne ferait que conforter cette domination et équivaudrait à un renoncement total à défendre chacun des intérêts nationaux. Ce ne serait qu’une façon hypocrite de se coucher devant le roi dollar. Or pour lui faire pièce en Europe et dans le monde, on ne peut se contenter de coopérer dans le domaine des productions ou des échanges. Il faut aussi une coopération monétaire. La gestion actuelle de l’euro ne le permet guère. Non pas parce qu’il s’agit d’une monnaie unique, mais parce qu’elle est essentiellement mise en œuvre pour séduire les acteurs internationaux des marchés financiers.
Changer la gestion de l’euro, faire que la monnaie serve au développement de la croissance et de l’emploi suppose aussi de transformer les relations de l’Europe avec les pays émergents et particulièrement avec la Chine. Pour mettre un terme à la dictature du dollar, il faut s’en faire des alliés.

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L’euro et l’affaire BNP Paribas

Par Ivorra Pierre , le 10 juin 2014

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