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Le FN et les délocalisations.

La démondialisation est à la mode. C’est le cœur de l’argumentation d’hommes politiques, de journalistes de droite et de Marine Le Pen. Leur plaidoyer en faveur de mesures de protection aux frontières ne vise pour l’essentiel que les importations de pays du tiers monde et émergents. Sont ainsi pointés du doigt la Chine, l’Inde, le Vietnam, l’Indonésie,  le Brésil, la Turquie, …
Pour ce qui la concerne, la dirigeante du Front national, spéculant sur l’inquiétude sociale légitime des populations de notre pays, préconise dans son programme « une protection intelligente aux frontières » afin de « lutter contre la concurrence déloyale des pays à très bas coût de main-d’œuvre et les délocalisations qui en sont la conséquence ». Sont ainsi ciblés exclusivement les peuples des pays émergents et ceux du tiers monde et pas les groupes qui organisent les délocalisations.
Ce discours dissimule une réalité autrement plus contraignante pour les pays européens : la grande dépendance de la plupart d’entre eux, notamment du nôtre, à l’égard de l’Allemagne et des Etats-Unis. Les konzerns d’outre-Rhin ont prospéré au détriment de leurs partenaires européens. La dépendance vis-à-vis des Etats-Unis est moins connue. Certes, l’excédent de la balance commerciale européenne des biens à l’égard de l’Oncle Sam est considérable : 92 milliards d’euros en 2013. Mais ce plus profite essentiellement à l’Allemagne qui en accapare plus de la moitié avec un excédent de 52 milliards, la France n’enregistre qu’un petit excédent de 520 millions d’euros. Dans le domaine des nouvelles technologies, la balance commerciale la plus significative, celle des redevances et droits de licence, affichait en 2012 un déficit de 9 milliards d’euros au détriment de l’Europe.
Mais cette dépendance vis-à-vis du partenaire américain s’affiche à un autre niveau. Les Etats-Unis sont l’investisseur non européen quasi unique au sein de la zone euro. Sur les 299,1 milliards d’euros investis en 2013 par des pays tiers, 296,4 provenaient des Etats-Unis. Par ailleurs, Marine Le Pen évoque les délocalisations vers les émergents mais se garde bien de dénoncer celles vers les Etats-Unis. Selon l’institut européen Eurostat, en 2013, les pays de la zone euro ont investi 161,4 milliards d’euros aux Etats-Unis contre seulement 10,9 milliards en Chine, 6,2 milliards à Hong Kong, 36 milliards au Brésil, 3,2 milliards en Inde. Sanofi peut continuer à délocaliser tranquillement aux Etats-Unis ses laboratoires de recherche, Marine Le Pen veille ! Les gens de gauche n’ont aucun intérêt à délocaliser leur pensée de ce côté-là.
 

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Le  FN et les délocalisations.

Par Ivorra Pierre , le 09 septembre 2014

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