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Les grands groupes français sont des champions de la délocalisation.

Chronique économique de l'Humanité du 16 avril 2014

Arnaud Montebourg, nous dit-on, est à la recherche de l’industrie en France. Celle qui est encore dans nos murs, concentre 65,7 % de ses effectifs dans les grandes entreprises et les entreprises de taille intermédiaires (ETI). Les PME n’en rassemblent que 25,3 % et les micro-entreprises 9 %. Où est passée l’industrie ? En 2011, elle ne regroupe que 23,8 % du total des effectifs salariés en France.
Elle est pour partie délocalisée à l’étranger par nos propres grands groupes. A l’étranger, mais pas exclusivement en Chine, ou en Tunisie, plutôt en Allemagne, au Benelux, en Espagne et … aux Etats-Unis.
L’Insee indique qu’en en 2010 les 2 500 groupes français, toutes activités confondues, mais hors secteur bancaire, contrôlent 31 000 filiales hors de France, emploient plus de salariés hors des frontières qu’à l’intérieur. Elles ont 4,7 millions de salariés à l’étranger contre 4,2 millions en France.
Ce déploiement international concerne presque tous les grands groupes, environ un tiers des groupes de taille intermédiaire et 4 % des petits. Pour les grands groupes, la France représente moins de la moitié de leur chiffre d’affaires consolidé et de leurs effectifs. La première zone d’implantation des groupes est l’Union européenne, avec 43 % des effectifs à l’étranger devant les États-Unis (11 %) et la Chine (9 %).
À l’étranger, selon l’Insee, ces groupes contrôlent davantage de filiales industrielles ou commerciales qu’en France : les filiales étrangères concentrent 41 % de leurs effectifs dans l’industrie, 22 % dans le commerce contre 27 % et près de 15 % dans les filiales françaises.
Les services des douanes confirment les analyses de l’Insee. « En 2009, les groupes français réalisent, via leurs filiales à l’étranger, un chiffre d’affaires (y compris services)
de 961 milliards d’euros, soit le triple du montant total des exportations de biens de la France (346 milliards d’euros) », indiquent-ils. Cette remarque éclaire singulièrement
le débat sur ce que certains appellent la compétitivité. Le contraste est encore plus fort dans l’industrie. En effet, le chiffre d’affaires
des filiales à l’étranger des groupes industriels français « est 3,7 fois plus élevé que celui
de leurs exportations depuis la France ».
La différence avec l’Allemagne est flagrante. Outre-Rhin, les ventes des filiales des groupes installées à l’étranger ne sont que 1,8 fois supérieures aux exportations.
La faiblesse des exportations de biens de la France par rapport à l’Allemagne tient pour une part importante à cette réalité : les groupes français ont massivement délocalisé leurs activités.

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 Les grands groupes français sont des champions de la délocalisation.

Par Ivorra Pierre , le 15 avril 2014

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