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Les parrains de la réforme territoriale

Chronique économique de l'Humanité du 4 juin 2014

Terrible rapprochement. En avril dernier, Manuel Valls, pour justifier la baisse programmée de 50 milliards d’euros des dépenses publiques, déclare : « Depuis plus de trente ans, nous vivons au-dessus de nos moyens (…) L’endettement représente 30 000 euros par Français ». Il y a neuf ans de cela, en 2005, sous la présidence de Jacques Chirac, le ministre de l’économie de droite de l’époque, Thierry Breton, mandate celui qui est alors président de BNP Paribas, Michel Pébereau, afin qu’il fasse des propositions pour « assurer le redressement de nos finances publiques ». Il justifie en ces termes la mission : « La France (…) vit désormais au dessus de ses moyens après avoir accumulé des déficits publics considérables depuis vingt-cinq ans. La dette publique dépasse (…) plus de 17 000 euros par Français ».
Le rapport dénonce notamment l’empilement de structures administratives. Il constate que le « nombre d’acteurs publics augmente sans cesse dans notre pays. C’est vrai pour les collectivités territoriales. À côté des communes et des départements, on a créé les régions, puis les structures intercommunales, sans parallèlement supprimer d’acteurs ». Or, affirme-t-il, « une partie de la multiplication des effectifs et des instruments est ainsi le résultat de l’augmentation du nombre d’acteurs publics ». On mesure la clairvoyance des rapporteurs : alors qu’un krach mondial historique des dettes privées va éclater trois ans plus tard, en 2008, ils ciblent les dépenses publiques.
Cet argument d’un « empilement » des structures administratives vise en fait à justifier la réduction des effectifs de la fonction publique au nom de la lutte contre la bureaucratie et pour l’efficacité. Le rapport Pébereau anticipe ainsi les réformes territoriales envisagées ou mises en œuvre sous la présidence de Nicolas Sarkozy puis celle de François Hollande. Trêve de faux prétextes, aujourd’hui, le pouvoir entend regrouper les régions, supprimer les départements notamment pour offrir un cadeau de 30 milliards d’euros au patronat et pour tenter de respecter les diktats du Pacte budgétaire imposé par les konzerns allemands.
En vérité, la France souffre moins d’un empilement administratif que d’un carcan bureaucratique exacerbé par la volonté de nos dirigeants d’imposer à tous les niveaux des politiques d’austérité sociale et budgétaire. Nos institutions manquent plutôt de cet oxygène démocratique et progressiste qui leur permettrait d’être bien plus efficaces. Le développement de services publics ouverts à l’intervention citoyenne est pourtant une clé essentielle de la sortie de crise.

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