Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

Economie et Politique - Revue marxiste d'économie
Accueil
 
 
 
 

"Pour une démocratie réelle", paroles d'Indignés grecs

Au coeur du mouvement de protestation monstre de ce jeudi 15 juin, marqué par la conjonction des luttes entre syndicats et Indiginés, notre envoyé spécial a recueilli les paroles de plusieurs mobilisés. Témoignages.

  • Sissi Franasou, 40 ans, professeur en lycée (Thessalonique)

« Je participe depuis le 1er jour, je viens l’après-midi, après les cours. Ce mouvement a commencé par un appel sur le réseau social Facebook. Dès lors, nous nous sommes organisé en créant un secrétariat, un service d’ordre, de communication… Nous avons aussi des groupes thématiques sur l’enseignement, la culture... Nous essayons d’aller dans les quartiers pour appeler les gens à se rassembler à la Tour Blanche [où est implanté le campement, NDLR] et à participer aux assemblées populaires. Ce sont elles qui prennent les décisions. Le point fort de nos activités est le dimanche, où les rassemblements sont plus importants. Ce qui m’a poussé à participer est surtout l’application des mesures de la troïka. Que contiennent-elles ? Des baisses de salaires, la hausse du chômage, des coupes dans les services sociaux. Comme je suis aussi membre du syndicat de l’enseignement, je pousse mes collègues à venir, et aussi les Indignés à aller dans les écoles. Nous avons trois demandes principales : ne payons pas cette dette qui ne nous appartient pas ; que ceux qui nous ont conduit dans cette situation et au memorandum s’en aillent ; une démocratie réelle, maintenant. Il est important de réaliser un ou deux de ces objectifs car ainsi, nous stoppons l’application du memorandum. Les deux grands partis veulent appliquer le mémorandum et aligner tout le monde sur le niveau le plus bas. Le mouvement, ici, ne se demande pas ce qu’il va faire demain mais veut que le cours actuel de la politique soit stoppé. C’est le plus urgent ! »

  • Alekos Vernardakis, 65 ans, ancien responsable syndical (Athènes)

« Je soutiens le mouvement des Indignés. Voilà ce qui arrive quand les syndicats ne jouent pas leur rôle ou qu’ils se divisent. Ils ont subi un effet de fragmentation et d’érosion. En Grèce, naguère, le pouvoir politique a toujours essayé de contrôler le mouvement syndical mais il a su y échapper. Je viens donc presque tous les jours, je participe aux assemblées populaires. C’est un travail collectif. Il faut politiser le mouvement. Un salarié qui sent ne pas pouvoir faire grand-chose sur son lieu de travail sait qu’il peut s’exprimer ici. Ça active les bureaucraties syndicales qui voient leur rôle contesté. Mais si le rapport de forces au sein des syndicats ne change pas, il n’y aura pas de déblocage de la situation. Moi, je me manifeste partout où se passent des choses politiquement, des anarchistes à la droite bien que j’appartienne à une composante de la gauche communiste. Aujourd’hui, puisque c’est ici que ça se passe pour organiser le prolétariat, il faut venir et discuter ! »

  • Elina, 19 ans, étudiante en philosophie (Athènes)

« De mon côté, je participe aux manifestations des syndicats et au mouvement des Indignés. Quel avenir m’attend en Grèce ? Si nous gagnions, j’espère avoir un emploi. Mais pour gagner, il faut que nous ayons des grèves générales, reconduites, des occupations des universités. Le soir, je viens sur la place Syntagma, avec les Indignés. Il ne faut pas que ce mouvement remplace les syndicats et les actions sur les lieux de travail. Mais c’est important d’être là pour faire bouger les choses. Parmi ceux qui viennent, nombreux sont ceux qui n’ont jamais participé à une manifestation, ni fait grève. Certains craignent une récupération par les partis. Ce qui unit, c’est la colère, l’indignation face à ces mesures que le gouvernement fait passer. »

 

 

Propos recueillis par Fabien Perrier, issu de l'Humanité du 16 juin 2011

 

 

.

le 20 June 2011