Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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ARGUMENTAIRE - Révolution numérique un champ d'affrontement entre capital et travail

Le numérique révolutionne toutes les activités humaines. L’éruption des réseaux « pair à pair » à très haut débit, conjuguée avec des puissances de calcul et des capacités de stockage en très forte croissance permanente, marque le prolongement quantitatif et qualitatif de la révolution informationnelle des années 70/80, caractérisée par le « transfert de certaines opérations du cerveau humain vers les machines ». Cette rupture se caractérise, entre autres, par des technologies déjà dans notre quotidien ou en passe de l’être.

Les plates-formes numériques sur internet, c’est-à-dire un algorithme et des centres de stockage de données, permettent l’échange mondial de biens et de services à partir de l’exploitation de grands volumes d’informations. Cela concerne toutes les activités humaines : transports, santé, crédit, immobilier, tourisme, culture, relations amoureuses, enseignement supérieur (MOOC*) savoir avec Wikipédia... Nombre de plates-formes sont des entreprises de courtage mondialisé du travail, comme Uber, Amazon Mechanical Turk, ou FouleFactory, qui accaparent toute la valeur créée, privatisent les communs numériques, détruisent le salariat au profit du contractant « entrepreneur de lui-même » et organisent l’exploitation par des systèmes de notation qui affectent aussi bien le travailleur que le consommateur. Face à ces prédateurs du numérique, la résistance s’organise autour de platesformes coopératives et de la lutte des travailleurs-contractants des plates-formes pour leurs droits.

Le big-data : 98% des informations produites par l’humanité sont aujourd’hui numérisées. Le traitement massif des données du big-data et les modèles analytiques et prédictifs qui en découlent, touchent tous les secteurs : recherche médicale, climatologie, juridique, sécurité, urbanisme, économie, transports, traitement des déchets et des pannes, marketing, politique, finance, énergie, presse, linguistique... Il est basé sur la recherche et l’exploitation des corrélations plutôt que sur les liens de causes à effets. L’automatisation induite par le big-data est fortement destructrice d’emploi, qualifié ou pas, dans tous les domaines. Les données qui sont majoritairement produites « gratuitement » par les usagers du numérique seront l’une des matières premières stratégiques du XXIe siècle.

Les objets connectés, capteurs, drones et robots, alimentent en permanence en données le big-data et sont en train de révolutionner des secteurs comme les transports (véhicules sans conducteur), la manutention (automatisation partielle ou totale), les déchets, le textile (vêtement intelligent), le mobilier urbain, la domotique, l’énergie... En 2020, nous interagirons en permanence avec 30 milliards d’objets connectés. Ils seront eux aussi destructeurs de très nombreux emplois.

La blockchain, protocole de données, « open source », infalsifiable, distribuées et décentralisées, où l’ensemble de l’information est disponible en chaque de nœud du réseau. Concrètement, la technologie blockchain remet en cause le monopole des états sur la monnaie et les moyens de paiement, des banques sur les transactions financières et des notaires sur les transactions immobilières. Le Bitcoin (une des crypto-monnaies d’internet) est basé sur technologie blockchain. La blockchain peut potentiellement remplacer tous les « tiers de confiance » centralisés (banques, notaires, cadastres, état-civil, et beaucoup de fonctions régaliennes de l’état) par son réseau décentralisé de confiance « pair à pair ». C’est une technologie «révolutionnaire» tueuse d’institutions centralisées.

L’humain augmenté, avec toute une série de dispositifs « améliorant » les capacités physiques de notre corps : exosquelettes, prothèses et organes artificiels et « intelligents », lunettes de vision augmentée... Ceci peut être un facteur de formidables améliorations de la qualité de vie de tous mais peut conduire à des dérives transhumanistes et à d’importantes inégalités dans l’accès à ces technologies de corps augmenté, d’où la nécessité d’imposer le modèle de l’open source.

La fabrication numérique, avec l’impression 3D (fabrication additive) et les machines autoréplicatives, est en train de bouleverser les domaines de la production industrielle et du BTP avec les imprimantes géantes permettant de construire des bâtiments en des temps records et avec formes inédites. La 3D permet de distribuer et de décentraliser la production.

Les réseaux sociaux, par leur fonctionnement horizontal et viral, transforment le rapport à l’action organisée et à la politique. Ils sont devenus, pour le pire comme le meilleur, la première source d’information et le principal lieu de débat des moins de 30 ans.