La large victoire de la droite aux élections législatives place celle-ci au pied du mur face à des attentes de changement une nou velle fois déçues par la gauc he. L’am pleur de sa victoire ne saura it cac her qu’il s’agit une nou velle fois d’une victoire par défaut.
C’est la sanct ion de la gauc he, avec le décr ochage accen tué de l’électorat populaire, notamment ouvrier, en par ticulier dans l’abst ention, plus que l’adh ésion au projet ultra libéra l de la droite, qui a permis ce résu ltat . Mais les attentes sociales, notamment dans le champ du tra vail et de l’emploi, ainsi que des contra dictions mass ives au cœur de la crise demeur ent .
La droite qui a fait du thème de la sécur ité son cheval de bata ille électora l veut aller vite, elle risque for t d’êtr e ainsi la championne de l’insécur ité sociale : Baisse indifférenciée des impôts profitant aux plus riches, rédu isant les moyens publics et alimentant encor e les placements financiers , nou velles privatisations (il est déjà quest ion d’Air France , de GDF, de la SNECMA…), relance des restructura tions et des licenc iements , augmentat ion des cotisations sociales des salariés, mise en cause des 37,5 annu ités ouvrant le droit à la retra ite des salariés, restr iction du droit de grève dans les ser vices publics. Les doss iers sont ouver ts. Les grands patr ons présentent leurs exigences .
Les marchés financ iers , la BCE et l’Union eur opéenne font press ion pour que les réformes structur elles telles que l’intr oduction des fonds de pension pour financer les retra ites , la flexibilité du marché du tra vail, l’ouver tur e à la concurr ence des ser vices publics, soient accé lérées . Mais ce n’est pas avec une politique ins pirée par le MEDEF et entièrement guidée par l’objectif de dégager de nou velles marges de renta bilité financ ière qu’elle va satisfaire ces attentes et ouvrir la voie d’une croissance saine.
Pour le monde du tra vail, c’est donc l’heur e de la rés istance , de la promot ion dans la lutte de propositions alternatives pour mar quer des points , de la construct ion d’une alternat ive rad icale nou velle qui soit autr e chose qu’une nou velle alternance dominée par la politique sociale-libérale.
Le maintien d’un groupe commun iste à l’Assemb lée nationale, événement mar quant du 2ème tour des élections législatives, est un atout sur lequel les salariés vont pouvoir com pter et un point d’app ui pour faire obst acle à une dangereuse bipolarisation.
Après les législatives, c’est ainsi une nou velle période politique qui s’ouvre. Cependant, les quest ions posées aux forces politiques et aux citoyens par les résu ltats du 21 avril ne sont pas effacées par ceux des législatives.
Avec des dimens ions nationales spéc ifiques , ces résu ltats s’inscr ivent dans un conte xte eur opéen et mond ial, avec des précé dents et déjà des suites .
Leurs fondements ne sont pas circonstanc iels : ils s’enra cinent , sur fond de mutat ion histor ique de la société et du monde dans plusieurs décenn ies de crise sociale et économique, d’exacer bation de la domination des marchés financ iers , de déce ptions success ivement causées par la droite et par la gauc he, débouc hant sur une grave crise de pers pective.
Les réponses por tées par une social-démocrat ie en mutation sociale-libérale sont par tout en échec.
La droite revient. Mais comment son projet ultra-libéra l répondra it-il mieux à la souffrance sociale et aux attentes ?
L’extrême droite est à l’affût, en position de recours . Le danger n’est plus seulement virtuel.
Echec du social-libéralisme, crise des politiques libérales, besoin d’alternative
En réalité, ce sont toutes les politiques libéra les, avec leur hégémon ie renforcée, qui sont en crise.
Sous domination des Etats -Unis, et guidée par les exigences de renta bilité bours ière, la mond ialisation fait des ravages, déstructur e par tout le tra vail, les individus, les sociétés . Elle fabrique, avec la misère et l’humiliation de milliards d’êtr es humains, le terr eau de luttes por teuses d’es poir, mais auss i des pires menaces . Les Etats -Unis cherchent à utiliser le besoin de riposte à ces menaces pour renforcer leur hégémon ie impér ialiste et l’agress ivité de leur domination sur tous les plans .
Les recherches de solutions capitalistes , si elles visent de nou velles élévations de la renta bilité financ ière, s’avèrent impu issantes à rétab lir stab ilité, sécur ité et croissance saine.
Par tout l’invest issement reste déprimé et le rebond de croissance amér icaine s’avère beaucou p plus contra dictoire, fragile et limité qu’annoncé . Et l’Europe, qui pourra it jouer un rôle nou veau, bride elle-même sa croissance et sa capacité d’avancée sociale, dès lors qu’elle reste , sous l’égide de la droite, comme sous celle des politiques sociales-libérales, enfermée dans le car can actue l : le soutien à la renta bilité bours ière par la baisse des dépense publiques et des impôts , la libéra lisat ion des ser vices publics, l’incitat ion aux bas salaires et la précar isation de l’emploi, avec une politique monéta ire subor donnée aux marchés financ iers , de guerr e économ ique et non de coo pérat ion et de progrès social.
Cette impasse ouvre un champ à une alternat ive de progrès social, mais auss i, à défaut, aux pires régress ions .
Car, contra dictoirement , la contestat ion du capitalisme grand it ; elle com pte, mais elle est en situat ion de faiblesse en terme de représentat ion et de projet politique.
Qu’est-ce qui va émer ger ? Un projet réellement trans formateur ou des options mar quées par le social-libéra lisme dont les forces sont très actives dans ce champ ? L’enjeu est majeur.
La France du 21 avril concentr e, avec ses par ticularités , tous ces ingrédients . Elle se distingue cependant, par l’ampleur de la mob ilisat ion populaire face à l’extrême -droite.
Le défi concerne toutes les forces politiques. Il concerne chaque citoyen.
Besoin d’alternative et question communiste
Ici prend son impor tance la quest ion commun iste. Une alternat ive au capitalisme peut-elle êtr e proposée et rassemb ler ? Comment constru ire un rassemb lement populaire moderne , une union nou velle à gauc he, mais dégagée de l’hégémon ie des options sociales-libéra les ? Y-a-il besoin d’un Par ti commun iste organisé pour cela ?
Cette quest ion ne concerne pas seulement les communistes , qui doivent y répondr e. Elle concerne toutes celles et ceux qui pensent l’avenir de la société et du monde en termes de changements révolutionna ires, anticapitalistes , d’émanc ipation de toutes les dominations sociales.
Ramené à 3,4% aux élections présidentielles, le Par ti communiste est-il voué à dispara ître ? A devenir un élément d’une nou velle format ion politique ? Ne garde-t-il pas plutôt des atouts utiles, indispensab les à la construct ion du projet et du rassemb lement nécessa ires ?
Cer tes il semb le bien qu’il paie au prix for t le flou identitaire qui l’entour e dans la consc ience de l’opinion, sa difficulté, exacer bée depuis 1997, à por ter les idées les plus novatrices de son projet, comme la Sécur ité d’emploi et de format ion, à échapp er à l’hégémon ie des options socialeslibéra les prédominantes au PS, à identifier une pers pective réellement alternat ive ; ainsi qu’une trop longue période de cou pure avec le monde du tra vail.
Pour autant des acquis existent ; les acquis de toute une histoire, ceux d’un processus contra dictoire mais réel de renou vellement , ceux de l’élaborat ion des éléments d’un projet, ceux d’un potent iel et d’une expérience militants , dispersés , crue llement affaiblis, mais largement capables de se ré-unir ; un ancra ge électora l qu’il sera it absurde de gâcher.
Est présent auss i, en creux dans la crise politique, en relief dans les mob ilisat ions sociales, dans le monde du tra vail tel qu’il est aujour d’hui, dans la jeunesse , en Europe et dans le monde , le besoin de pers pective réellement trans formatr ice, le besoin d’émer gence d’une consc ience collect ive de classe , le besoin de constru ire face à tout ce qui divise l’unité du salariat.
Ne peut-on voir là les bases d’avenir du par ti révolutionnaire moderne qu’a vocat ion à êtr e le PCF, un par ti liant insé para blement , et en toutes circonstances , contestat ion rad icale, dans l’act ion, du capitalisme en crise avec la domination exacer bée des marchés et capitaux financ iers et construct ion dans l’act ion d’une pers pective unitaire s’atta quant à cette domination pour des trans format ions profondes de dépassement ?