Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Incendie du tunnel du Fréjus : la politique des transports en question

Daniel Blache (*)

Après la tragédie du tunnel du Mont-Blanc en 1999 , qui avait fait 39 morts, après les 7 morts causées par deux acci dents distincts impli quant des poids

lourds, dont l'un a provoqué un incendie dans le tunnel du Fréjus, nous sommes plus que jamais confortés dans notre volonté d'exiger une autre politique des transports.

En premier lieu, il faut recons idérer le plan fret de la SNCF qui a mis plus de 200 000 camions supp lémenta ires sur les routes en 2004. Ce plan, qui vise à redresser à l'horizon 2006 une act ivité for tement déficitaire et ouver te à la concurr ence , se tradu it par une réduct ion de l'act ivité qui accr oît l'engorgement des routes . Or, le transpor t routier est res ponsa ble de 83% des coûts externes engendrés, ceux-ci étant évalués à 650 milliards d'eur os chaque année .

Ils ont augmenté de 12% entr e 1995 et 2000 et représentent plus de 7% du PIB eur opéen.

De plus, le protoco le de Kyoto qui est entré en vigueur, le 16 février 2005, engage les pays développés à rédu ire leurs émissions de gaz à effet de serr e de 5% en 2012. Il faut stopper , de toute urgence , l'att itude suicidaire et criminelle de l'Etat par son désen gagement mass if vis à vis du trans por t com biné, ainsi que celle de la SNCF au tra vers de son plan de casse du fret ferr oviaire. Plus que jamais, nous mesur ons la per tinence de la réa lisat ion de la liaison transa lpine Lyon-Turin, décidée en janvier 2001 par les États frança is et italien, sous le Gouvernement précé dent. Nous déplorons une nou velle fois le cou p de frein mis par l'actue l Gouvernement au sujet de cette infrastructur e au tra vers d'atermo iements et de retar ds success ifs dans la concrét isation des accor ds des différents sommets franco italiens .

Nous atten dons tou jours la confirmat ion du protoco le d'intent ion signé le 19 mars 2002 par l'Etat , la SNCF, RFF, le Conse il Régional et différentes collect ivités de RhôneAlpes prévoyant la réa lisat ion et le financement de la ligne voyageurs entr e Lyon et Chambér y, le tunne l dédié au fret sous le mass if de Char treuse et l'électr ificat ion de la ligne Gières-Montmé lian (nou s avons déjà deux ans de retar d !).

Nous atten dons toujours le bouclage financ ier pour la réalisation du tunne l franco -italien de 53 kms. Lors du mémorandum du 5 mai 2004, les deux États frança is et italien avaient signé un engagement d'augmenter leur contr ibution au budget de l'Union Européenne pour la période 2007/2013 en com plément des 20% du financement eur opéen. Nous avons pris plusieurs mois de retard pour les étu des com plémenta ires sur l'itinéra ire fret dans le Nord Isèr e.Nous restons également vigilants sur la décision qui doit inter venir pour la loca lisat ion de la futur e plateforme multimoda le autor oute ferr oviaire en sachant que le PCF réaffirme que le site de Leyment dans l'Ain, près du nœud ferr oviaire d'Ambér ieu, est l'en droit le plus straté gique.

Enfin, il est regretta ble que nous soyons dans l'inca pacité d'abs or ber plus de navettes de l'Autor oute Ferr oviaire Alpine sur la ligne actue lle à cause des retar ds pris pour la mise au gabarit «B+», dus en grande par tie au gel des cré dits de l'Etat pour le Contrat de Plan Etat/ Région 2000/2006, même si la décou ver te d'amiante côté italien a également retar dé les tra vaux.

Nous avons besoin d'une autre politique des transports avec un réel rééquilibrage de la route vers le ferroviaire.

L'objectif de la liaison transa lpine Lyon/ Turin, tracée en 2001 par J.-C. Gayssot , Ministr e des Transpor ts visait à quadrupler le trafic ferr oviaire entr e la France et l'Italie, à passer de 10 à 40 millions de tonnes , dont un tiers assuré par le ferr outa ge, ramenant les par ts de marché entr e la route et le fer à 50/50; Cet objectif est plus que jamais d'actua lité. Pour accom pagner le développ ement du ferr oviaire par des financements nouveaux, le Par ti Commun iste propose la créat ion d'un pôle financ ier public réun issant des inst itut ions financ ières publiques et para publiques dont la Caisse des dépôts et cons ignat ions.

Sa capacité de financement pourra it s'appuyer sur l'épargne populaire et devrait êtr e prioritairement utilisée à des investissements sur le long terme . Ces réalisations et leur gestion pourra ient êtr e financées par des cré dits à bas taux d'intérêt p our d es d urées lon gues , éc h a pp ant en p ar t ie au x contra intes de renta bilité financ ière. Elles engageraient ainsi l'ensem ble de la collect ivité à leur réuss ite. Cela sera it d'autant plus just ifié que les con ditions nécessa ires au développement des terr itoires sont à cons idérer comme relevant de l'intérêt collect if eur opéen, national et régiona l.

Le financement de la liaison Lyon-Turin peut êtr e l'occas ion d'amor cer cette construct ion qui ferait sauter le verrou des contra intes financ ières actue lles. Cela ne sera it pas bien vu des mar chés financ iers ? Sans doute . Mais n'est-il pas temps de leur poser quelques limites ?

D'autr es ressour ces peu vent êtr e sollicitées par une nou velle fiscalité auprès des bénéficiaires du transpor t fret ferr oviaire. C'est donc une bata ille am bitieuse que nous devons mener dans les sema ines et mois à venir. Ÿ

(*) Syndicaliste, militant du PCF

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