Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La Drôme ouvre le chantier de l'emploi

Le 25 novembre, à Valence se tenaient les assises départementales pour l’emploi de la Drôme. Faisant écho à la décision du dernier congrès du PCF de mettre en chantier un débat autour de la problématique de l’emploi afin de promouvoir une alternative à la situation actuelle par un projet de sécurisation de l’emploi et de la formation.

 

Cette initiative a été caractérisée par des interventions de salariés en lutte contre la précarité et la casse de l’emploi dans le secteur public comme dans le privé.

C’est ainsi, que nous avons pu découvrir la véritable situation des précaires de l’enseignement et apprendre comment les personnels de l’entreprise Rieter de Valence ont mené une lutte victorieuse leur ayant permis de sauver leur entreprise et la quasi-totalité des emplois. On a pu à ce propos mesurer, par une comparaison avec le type de lutte menée chez Reynolds, l’importance pour les salariés, leur CE, leurs organisations de pouvoir faire des contre propositions face aux décisions patronales et pas seulement de protester contre elles.

 

Plusieurs réflexions ont été émises à propos des modalités de la gestion prévisionnelle des emplois par le patronat mais aussi dans le public. Les échanges ont permis d’amener quelques clarifications nécessaires. C’est l’emploi en tant que moyen de répondre aux exigences sociales et d’impulser une croissance nouvelle et durable assise sur la production de richesses utiles, qui doit être le critère dominant d’une efficace gestion prévisionnelle pour l’emploi. Et non la recherche de la meilleure rentabilité que le dogme financier impose et dont les conséquences sont une gestion à courte vue, une compétition effrénée entre salariés et entre pays, la montée de la précarité et de la misère. Au total l’idée a prévalu de la nécessité de ne pas laisser aux patrons et à leurs critères de choix le monopole de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il faudrait que les salariés, leurs organisations, les CE disposent de pouvoirs d’information et d’intervention sur la gestion des entreprises, afin de la réorienter dans un but d’efficacité sociale, et pour des gestions prévisionnelles démocratiques de l’emploi et de la formation permettant de prendre en amont des éventuelles difficultés les décisions utiles d’évolution et de création des emplois, de formations et de mobilités choisies en dégageant les moyens nécessaires.

 

On a discuté, à ce propos, de l’importance que la gestion prévisionnelle des emplois dans les entreprises puissent s’insérer dans un système de pouvoirs citoyens dépassant l’entreprise (département, région, nation) et permettant d’anticiper les besoins sociaux de transformation et de création des emplois, de formation, de mobilité et de reclassement choisis à l’échelle de la région et du pays. L’idée a été avancée de Conférences régionales et nationale annuelles de sécurisation de l’emploi et de la formation, décidant d’objectifs chiffrés contraignants et du pouvoir de mobiliser les moyens financiers nécessaires.

 

La création de nouvelles institutions, de nouveaux contrats de travail , sécurisant l’emploi et la formation, au lieu de précariser à tous les moments de la vie active, est une donnée qui est apparue nécessaire au regard de la dégradation des institutions existantes mais aussi, des nouveaux défis à relever avec les nouvelles technologies. Articulées à l’élaboration d’un projet de loi-cadre, une sorte de nouveau code, offrant une assise légale à une sécurisation de l’emploi et de formation avec l’objectif d’éradiquer le chômage et la pauvreté, ces institutions devraient relever du secteur public. Ainsi pourraient être créés, un secteur public de la formation (intégrant AFPA et autres organismes existants) et un secteur public de l’emploi (intégrant ANPE, ASSEDIC …) formant au total un nouveau service public de sécurisation de l’emploi et de la formation.

À propos des financements, l’accent a été mis sur la nécessité de contrôler et de maîtriser les aides publiques accordées aux entreprises ; d’où la nécessité de mettre en place au plan départemental (Conseil Général) des commissions de contrôle de l’utilisation des fonds publics. A été réaffirmée l’importance de Fonds régionaux et d’un Fonds national pour soutenir les investissement des entreprise, par un crédit à taux d’intérêt d’autant plus abaissé que ces investissements programmeraient plus d’emplois et de formations. L’idée d’alimenter en partie ces Fonds par une cotisation des entreprises et par la conversion des 23 milliards d’euros annuels d’exonérations de cotisations sociales patronales a été avancée. Ce dispositif permettrait, à partir d’une autre utilisation de l’argent public, de mobiliser le crédit et les banques pou développer l’emploi , les qualifications et des activités utiles sur le territoire, en liaison avec les choix exprimés par les travailleurs dans les entreprises et ceux exprimés par les populations dans les Conférences régionales. Il a été montré combien la création du FRERA en Région Rhône-Alpes, à l’initiative des conseillers régionaux communistes constitue un point d’appui pour avancer dans ce sens, ainsi que le montre la lutte payante chez Rieter.

 

Les débats ont aussi souligné à quel point le stress au travail est devenu aujourd’hui un véritable problème. Les pathologies liées au travail se multiplient. Ce mal vivre s’accompagne de la recherche de solutions individuelles mais aussi d’un grand ras le bol et d’une importante démotivation. En creux, cela montre à quel point, des changements profonds sont nécessaires, dans la manière de considérer le travail et dans la relation individu au travail.

 

Ces assises auront ainsi permis à la fois de travailler dans le sens de propositions pour construire une loi de sécurisation de l’emploi et de la formation et d’alimenter la réflexion et l’argumentation de chacun pour mieux en promouvoir le sens auprès des citoyens et des salariés. Soucieux de prolonger cette réflexion et ce travail, les participants à ces assises se sont fixés plusieurs objectifs :

  1. Mise en place d’un collectif départemental de travail et d’action pour une sécurisation d’emploi et de formation.

  2. Proposition d’exiger, en lien avec les salariés de cette entreprise, auprès des instances préfectorales la décision d’un moratoire chez Reynolds, tant que tout n’aura pas été fait pour maintenir et relancer cette activité et les emplois. Ce moratoire devrait permettre de faire prévaloir des propositions alternatives à celles des employeurs.

  3. Publication d’un appel en direction de l’ensemble des salariés du public et du privé pour :

 

  1. Engager une vaste initiative visant à la résorption de l’emploi précaire, avec des engagements annuels chiffrés et contrôlable élaborés avec tous les intéressés, à commencer par les salariés précaires et leurs organisations.

 

  1. Demander la mise en place d’une commission départementale de contrôle de l’utilisation des fonds publics, par exemple à quoi, sert l’argent du contrat de site de Romans ou celui des pôles de compétitivité ? Comment peut-on intervenir avec les CE, les syndicats, le mouvement associatif, les élus pour que ces dispositifs soient soumis à la réalisation d’objectifs chiffrés de créations et de transformations d’emplois et de formations bénéficiant aux populations de tous les bassins concernés, mais aussi de tout le département et de la région ?

 

  1. Proposer la réunion annuelle d’une conférence départementale pour l’emploi avec des pouvoirs d’alerte, de contre-propositions pour les salariés, leurs représentants, les associations, les élus-es…Elle permettrait de réunir aussi les institutions financières et bancaires qui collectent les dépôts et l’épargne des habitants du département, afin de les placer devant leurs responsabilités et soutenir les propositions formulées par la conférence. Celle-ci délibèrerait d’objectifs annuels répondant aux besoins sociaux des populations et d’efficacité sociale des entreprises sur le territoire. Ces objectifs seraient proposés aux conférences régionales annuelles.

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