Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les marchés pétroliers : une nouvelle donne ?

Pour les grands groupes pétroliers, la bonn e gestion ne se mesure pas en fonction de la politique industrielle mise en oeuvre mais sur le pourcentage et le montant des profits reversés, dans l'immédiat, aux actionnaires.

Le Japon ou la Corée du Sud, et plus encore les nouveaux comme l’Ind e qui importe déjà 70% de ses besoins alors que la Chine pourrait voir ce chiffre pass er à 75% en 2005 , s’inquiètent dans cette conjoncture marquée par une tension spéculative presqu e perman ente.

Avec les tentatives de la Chine d'acquisition de gros actifs pétroliers ou la prise en considération par ce pays et par l’Ind e de petites lic ences d'exploration dans des zone s à risques techn ologiques ou politiques, ces pays cherchent à desserrer leur dépendance énergétique.

La proposition faite par l’Ind e de la création d'une organisation des pays importateurs de pétrole assurant à l'Asie des approvisionne ments stables à des prix équitables pourrait chang er la donn e.

L'année 2004 aura été mar quée, encor e une fois, par des bénéfices recor d. Exxon mob il a annoncé un béné fice net de 25,33 milliar ds de d ollars (19,4

milliar ds d'eur os) pour l'exercice 2004 contr e 21,5 milliar ds de dollars pour 2003. Pour la royale Duch Shell il s'agit de 18,5 milliards de dollars (14,2 milliards d'euros) en augmentation de 48% par rappor t à 2003. BP annonce 16,2 milliards de dollars (12,6 milliards d’eur os) soit une hausse de 26%. Pour Total, enfin, l'augmentat ion a atte int 29% avec un résu ltat de 9,0 4 milliards d'eur os.

Le premier facteur expliquant ces performances rés ide tou jours dans l'envolée du cours du pétr ole br ut sur les mar chés de New York et de Lon dres sur la base des quels sont valorisées les pr oduct ions pr opr es des grands grou pes. Il faut ensu ite pren dre en cons idérat ion l'augmentat ion des marges de raffinage de ces dern ières liée à une utilisat ion intens ive de leur ca pacité de raffinage; parfois à la limite de la tens ion sur les mar chés de l'essence et des autr es produits raffinés . Ce qui explique sans doute en par tie la catastr oph e de l'explosion de l'usine de raffinage amér icaines BP de Texas City. Enfin il ne fau dr ait pas omettr e de signaler la cess ion ou la mise en attente de vieux cham ps pétr olifères, par cer tains, afin d'obtenir le meilleur rendement possible des capitaux invest is, parfois même au détr iment de la production. La bonne gest ion ne se mesur e pas en fonct ion de la politique industr ielle mise en oeu vre mais sur le pourcenta ge et le montant des profits reversés , dans l'immédiat, aux act ionna ires.

L'année aura auss i été mar quée par une cer taine cont inuité dans la mise en oeuvre par les pays de l'OPEP de leur straté gie pour préser ver leurs revenus .

Les anciens gros consommateurs comme le Japon ou la Corée du Sud et plus encor e les nouveaux comme la Chine et l’Inde s’inquiètent dans cette conjonctur e quelque peu fermée mar quée par une tens ion spécu lative pres que permanente , où les poss ibilité d'act ion sur les prix et en matière de garant ie d'appr ovisionnement restent limitées alors que leurs besoins ne cessent de croître. Nul doute que leur souc i décou le auss i de la pr éoccu pation généra le concernant l'épuisement à terme des gisements foss iles.

L’Inde et sur tout la Chine après avoir tenté d'acquérir de gros act ifs pétr oliers ont essa yé de prendre en cons idérat ion de petites licences d'explorat ion dans des zones à risques techno logiques ou politiques comme au Soudan, par exemple, où l'Inde et la Chine se côto ient d'ailleurs , ou au Cana da, en Equateur et en Birman ie. Avec semb le-t-il un succès limité. Alors que les sociétés d'État de pays comme la Russ ie, la Malaisie, le Brésil ou l'Angola manifestent également leur volonté d'êtr e présentes sur la scène pétr olière mond iale, l’Inde et la Chine s'intér essent à la russe Yugans k récemment renationalisée par l'entr eprise d’Etat Rosne f. Toutefois les russes ont appr ouvé en décem bre un projet d'oléoduc entr e la région d’Irkouts k et de Nakkhodia, face au Japon, pour atte indre plusieurs consommateurs comme la Corée du Sud, voire les USA, alors que la Chine es pérait une liaison directe par la Man dchourie. L'Inde impor te déjà 70% de ses besoins et pour la Chine ce chiffre pourra it passer à 75% en 2005.

Le tab leau sur la structur e du mar ché pétr olier en 2003 (1) qui suit montr e que les besoins apparents des gros consom mateurs en Asie orienta le se situaient déjà au niveau des beso ins d'impor tat ion des USA et atte ignait 47% de la production des pays de l'OPEP du Moyen Orient.

Il faut toute fois préciser que les besoins apparents c'està-dire la différence entr e la capacité de raffinage et de la production nat ionale de pétr ole br ut ne donne qu'une image par tielle de la réa lité. La position géograph ique des gisements nat ionau x peut rendre nécessa ires des impor tat ions et des expor tat ions afin d'appr ovisionner au mieux les raffiner ies et les zones de consommat ion. De plus les impor tat ions de produits finis ren dues indispen sab les en raison d'un manque de capacité de raffinage ne sont pas indiquées dans ce tab leau, alors qu'elles sont parfois impor tantes . Il n'en reste pas moins que les capacités de raffinage sera ient quan d même globalement utilisées à 90%, en y incluant les insta llations déjà obs olètes .

Le 6 janvier dern ier le ministr e indien des pétr oles a invité ses collègues de Chine, du Japon, de la Corée du sud ainsi que les représentants de huit pays de l'Opep pour leur proposer la créat ion d'une organisation des pays impor tateurs de pétr ole. L'object if sera it d'assur er à l'Asie des appr ovisionnements stab les à des prix équitab les. Le ministr e Mani Shankar Aiyar qui souha itera it des invest issements chinois en Inde étu dierait également des projets avec l'Iran , le Pakistan , la Birman ie et le Banglades h.

Wenran Jiang qui suit les problèmes éner gétiques asiatiques pour l' univers ité de l'Alber t a à Edm onton au Cana da souligne que si cette organisation pouvait êtr e créée elle pourra it const ituer un form idable nou veau bloc éner gétique.

L'avenir nous dira si ces tentat ives de desserr ement de l'étau about iront et dans quelle mesur e elles pourraient mod ifier les données géo politiques pétr olières actue lles.

(1) Voir le PDF joint

 

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