Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Mittal-Arcelor : Responsabiliser les entreprises et les « politiques»

Le rachat, suite à une OPA hostile, d’Arcelor par Mittal est une énième opération s’inscrivant dans la course à la constitution de firmes mondiales et à l’exacerbation de la concurrence contre de véritables coopérations de partage pour toute l’humanité. Elle risque d’être aussi coûteuse en emplois qu'en gâchis financiers. Les Assises régionales pour la sécurisation de l’emploi et de la formation de l’automne seront une opportunité pour que les acteurs politiques de gauc he, les syndicalis tes, les salariés de la sid érurgie des régions Lorraine, de Sarre, du Luxembourg et de Belgique se rencon trent pour anticip er les dangers et élaborer des propositions alternatives. Face aux nouveaux défis, celles-ci devront dépasser les solutions hyper-libérales ou social-libérales qui ne touchent ni à la gestion des entreprises, ni à la domination des marchés financiers, ni aux choix des banques, ni à la politique européenne et ni à celle de la Banque centrale européenne.

Comme le rappor tait le Figaro du 3 juillet dern ier, « Sur le front des fusions et acquisitions d’entreprises, les opérations se succèdent à un rythme toujours plus soutenu. Ainsi, au cours des six mois qui viennen t de s'écouler, les transactions ont atteint un volume record estimé à plus de 1 700 milliards de dollars selon les donnée s de Tho mson Financial. Soit une hausse de 35% par rapport au premier semestre 2005 (1).» Ce qui fait dire au Figaro : «En 2005, l'année a été faste. L’année 2006 s’annon ce exceptionne lle (2).»
Opérations coûteuses
Dans la sidérur gie les opérat ions ont été par ticulièrement nom breuses et coûteuses . Récemment l'OPA d’Arcelor sur le cana dien Dofasco , dans une guerr e contr e Thyssen Krupp s'est élevée à 4 milliar ds d'eur os.

L'OPA de Mittal sur Arcelor s'est , elle auss i, auss i accom pagnée de gâchis de fonds mass ifs: multiplicat ion des cadeaux d’Arcelor à ses actionna ires pour tenter de les dissuader d'acce pter l'offre de Mitta l, puis véritable pont d'or de ce dernier aux mêmes pour surenc hérir avec une dépense de contrô le (3) de l'ordre de 6 milliards d'euros. Des montants qui risquent de se retrouver en «écar ts d'acquisition» (4) dans les prochains bilans du nouveau groupe et qui devront êtr e résorbés par des sacr ifices sur l'emploi, les salaires avec des suppr ess ions de sites just ifiés par des préten dues synergies et rationa lisat ions de l'out il de production.
Chantages à l’emploi
Ainsi, alors que les groupes de la sidérur gie ont sans doute été les entr eprises les plus arr osées d'aides publiques dans les dernières décenn ies, ces opérat ions vont encor e s'accom pagner d'un chanta ge à l'emploi sur les régions, les nat ions et l'Union eur opéenne pour de nou velles aides publiques . Gâchis de crédit bancaire
Comme pour chaque opérat ion de ce type, Mittal va recour ir mass ivement au cré dit banca ire en bénéficiant de taux d'intérêt très bas et de liquidités abondantes alors que nom bre de PME créatr ices d'emplois aur ont des con ditions bien plus drast iques pour accé der au cré dit et sur son coût . Qu'il s'agisse des fonds d'entr eprise, du cré dit ou des aides publiques , tous ces milliards d'euros gâchés dans les opérations financ ières aura ient pu êtr e mob ilisés autr ement : pour le développ ement de l'em ploi et des ca pacités humaines, pour le financement de coo pérat ions entr e entr eprises eur opéennes ouver tes aux pays émer gents .

Les fusions acquisitions : une recherche de partage dans un monde de concurrence pour la rentabilité financière.
Derrière cette guerr e économ ique, se cherche une tentat ive capitaliste de tra iter l'exigence de par tage d'un cer tain nom bre de coûts entr e groupes eur opéens et mond iaux, mais dans un cadre dominé par la concurr ence et la rentabilité financ ière.

En effet, pour les marchés financ iers , les OPA, les fusions acquisitions sont la manière de tra iter de façon capitaliste les besoins de coo pérat ion, mais avec des gâchis monstrueu x en dépenses de contrô le, contr e les coo pérat ions favora bles au développ ement des ca pacités humaines . Elles s’accom pagnent d'une enflure bours ière momentanée suivie d'ajustements régressifs en termes d'emploi, de formation, de recherche et de con ditions de tra vail et de salaires. S'il s'agit d'une tentat ive de réponse aux défis de partage de la révolution informat ionne lle, l’objectif premier est avant tout de const ituer des grands groupes multinationau x qui por tent la guerr e économ ique à un niveau supér ieur.

Il faut dépasser ce type de réponse aux exigences de partage en se dégageant de l'emprise des marchés financ iers par un autr e projet de rappr ochement où les objectifs de coo pération et de développement des capacités humaines prédominent sur ceux de la concurr ence et de la renta bilité financière des capitaux.

Les responsabilités de l'Union européenne, des Etats et de la Banque centrale européenne.
Ces inst itut ions portent une responsa bilité dans ces gâchis humains et financ iers :
Elles ont favorisé la libéra lisat ion, l'inté gration et le développement des marchés financ iers contr e les autr es types de financement des entr eprises,
Elles ont encoura gé les rivalités entr e groupes européens au nom de la concurr ence contr e des partages des coûts et des résu ltats de recherche-développement et des coproductions,
Elles ont organisé, au nom de l'attract ivité, les baisses du coût salarial de l'emploi, les restrictions de dépenses pour les êtr e humains et fragilisé le modè le social eur opéen,
Elles ont encoura gé et bana lisé les pratiques des prédateurs financ iers (OPA, fusions acquisitions ,...) contr e l'économie rée lle, Elles ont mis en place pour cela des politiques de sout ien au capital financ ier dans tous les domaines (politique de l'emploi, industr ielle, budgétaire, de format ion,...),
Le gouvernement frança is de L. Jospin en retirant l'Etat frança is du capital d'Usinor (aujour d'hui Arcelor) s'est privé des moyens d'inter vention qui lui ont fait défaut pour contr er l'OPA de Mittal sur Arcelor.

Le gouvernement Villepin, au-delà de ses déclarat ions velléitaires sur le patriotisme économ ique, n'a pris aucune initiative visant à souten ir le gouvernement Luxembourgeois contr e cette opérat ion, ni pour souten ir les salariés qui étaient host iles à cette opérat ion.
Le PCF, pour sa par t, avait proposé 7 mesur es :
une démar che auprès des gouvernements luxembourgeois et espagnol pour qu’ils mettent leur veto à l'opérat ion,
la suspens ion cours d'Arcelor à la Bourse ,
une prise de par ticipation significat ive de l'Etat dans le capital d'Arcelor pour favoriser avec le Luxem bourg la const itut ion d'un pôle public de l'acier en France et en Europe,
l'inter vention des gouvernements à l'app ui des luttes syndicales pour réor ienter des choix de gest ion d'Arcelor, dans le but de sécur iser l'emploi, la format ion, la recherche et de la production,
que le gouvernement frança is invite ceux de Luxembourg et d'Espa gne à infléc hir les orientat ions libéra les de la Commission eur opéenne qui a soutenu cette concentra tion,
une tab le ronde impliquant les producteurs d'acier, y com pris Mitta l, afin de conce voir un protoco le précis de coo pérat ion entr e eux pour faire cesser leurs rivalités et leur fièvre de rendements bours iers ,
l'ouver tur e de ces protoco les aux aciéristes des pays émer gents .

Maintenir et développer les emplois et les sites, favoriser les coopérations NORD-SUD :
Aujourd'hui, après le rachat d'Arcelor, il s'agit de prendre en com pte le conte xte nou veau tout en restant animé des mêmes exigences de fond : responsab iliser les entr eprises et les acteurs politiques nationau x et européens sur l'emploi, sa sécur isation et sa promot ion.

Dans ce cadre, trois propositions peuvent êtr e avancées :
des engagements précis de non suppr ess ion d'emplois et le maintien de tous les sites .
relancer l'idée du protoco le de coo pérat ion intégrant ces objectifs et visant le développement de la recherche, de la format ion, de qualification et des techno logies entr e les entr eprises eur opéennes ainsi que son ouver tur e aux pays émer gents
Dès la rentrée , s’adresser aux salariés de la filière eur opéenne pour dégager des propositions positives ainsi que pour organiser l'act ion en s’appuyant sur l’organisation des Assises régionales pour la sécur isation de l'emploi et de la format ion. Avec ces ass ises, il s'agit, dans le cadre des élections présidentielles et législatives, de constru ire une loi cadre de sécur isation de l'emploi et de la format ion à par tir des exigences des salariés et des citoyens, de leurs expériences de lutte .

Cette initiative s'inscr it en France dans la discuss ion sur les propositions alternat ives pour dépasser les solutions hyperlibéra les ou social-libéra les qui ne touchent ni à la gest ion des entr eprises, ni à la domination des marchés financ iers , ni aux choix des banques, ni à la politique européenne et ni à celle de la Banque centra le eur opéenne . Ÿ
Le Figaro du 3 juillet 2006
Idem
La dépense correspondant à la surenchère par rapport au dernier cours de l’action d’Arcelor avant l’OPA.
Différence entre le prix payé par l'acheteur d'une entreprise et la somme de valeurs attribuées à chaque élément du bilan de celle-ci.

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