Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Le système capitaliste et ses mutations

le 18 November 2005

Sommaire Pourquoi ? 1) D'où est issu le capitalisme 3) Où en sommes-nous de la (...) Conclusion Pourquoi ?...

Pourquoi y a t-il plus 3 millions de chômeur en France quand la constitution française garantie à chacun le droit au travail ? Pourquoi des entreprises sont délocalisées alors qu'elles font du profit ? Pourquoi, face au SIDA, le continent africain est-il laissé à l'abandon quand il existe maintenant des thérapies capables de freiner la pandémie ? Pourquoi, encore aujourd'hui, chaque année des enfants meurent par millions faute d'alimentation, d'eau potable, de logement ? Et pourquoi les trois plus grandes fortunes mondiales représentent le Produit National Brut (PNB) des 48 états les plus pauvres du monde ? ...

Ces fléaux, la faim, l'absence d'éducation, de logement, d'accès à l'eau potable, au travail ne sont pas les fruits d'une punition « divine » ou les conséquences d'une mauvaise gestion, ou encore d'une prétendue surdité du monde politique. Ils ne sont pas non plus des étapes nécessaires, obligées, dans l'évolution de l'humanité. L'avancée des sciences et des techniques comme l'accès aux ressources de notre planète permettent de subvenir aux besoins de l'ensemble de la population mondiale.

Ces catastrophes sociales et sanitaires que la très grande majorité des habitants de notre planète vivent cruellement et quotidiennement sont, pour l'essentiel (1), la conséquence de choix politiques marqués par des logiques d'exploitations et de domination : celle du système capitaliste. C'est la critique de ce système et de son fonctionnement en permanente transformation qui permet d'en prendre conscience pour agir sur son dépassement

C'est l'objet de ce deuxième exposé.

1) D'où est issu le capitalisme et en quoi il a été une réponse aux évolutions des forces productives

[Définition (source Le Petit Larousse 2001) : n.m. Système économique et social fondé sur la propriété privé des moyens de production et d'échange. (Le capitalisme se caractérise par la recherche du profit, l'initiative individuelle, la concurrence entre les entreprises.) - Spécial. Régime économique, politique et social qui selon la théorie marxiste, est régi par la recherche de la plus-value grâce à l'exploitation des travailleurs par ceux qui possèdent les moyens de production et d'échange.]

Origines. S'il a existé des embryons d'économies capitalistes dès l'antiquité, notamment sous la forme de petites manufactures, le capitalisme en tant que système économique caractérise véritablement notre époque. Le Moyen-âge est marqué par un système économique, le féodalisme. La classe sociale dominante, la noblesse, tire son pouvoir de la propriété de la terre et du contrôle de la paysannerie. La bourgeoisie s'y développe dans les villes, à partir de l'artisanat et du commerce. La mécanisation, la production en série et l'utilisation de l'énergie produite par la vapeur provoquent, au XVIIIè, une révolution industrielle. La grande industrie supplante progressivement la manufacture, avec la généralisation à l'ensemble de la planète du capitalisme.

[Extrait du Manifeste du Parti Communiste de K. Marx et F. Engels (1848) sur le passage du féodalisme au capitalisme : « Les moyens de production et d'échange, sur la base desquels s'est édifiée la bourgeoisie, furent créés à l'intérieur de la société féodale. A un certain degré du développement de ces moyens de production et d'échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l'organisation féodale de l'agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. Ils entravaient la production au lieu de la faire progresser. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait les briser. Et on les brisa. A sa place s'éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique appropriée, avec la suprématie économique et politique de la classe bourgeoise. »]

Le capitalisme a été une réponse aux évolutions des forces productives (2) . Il ne s'est pas imposé du jour au lendemain, en faisant table rase du féodalisme : en effet, des aspects du mode de production féodal et même esclavagiste perdurent au XIXe et même au XXè siècle. Aujourd'hui, le capitalisme est dominant.

L'essence du capitalisme et de son fonctionnement

Une première observation avant toute chose. Pour observer et comprendre le fonctionnement d'un système économique et a fortiori du capitalisme, n'oublions jamais que ce n'est pas l'échange, le marché, le troc ou encore la loi de « l'offre et de la demande » qui est en cause dans le sujet. Ce sont les dominations, l'exploitation par la bourgeoisie : la classe des capitalistes, qui sont le cœur du sujet. Aussi, quand on parle de capitalisme, il faut comprendre exploitation par la classe capitaliste.

Le salariat Au cœur de l'exploitation capitaliste figure la contradiction capital/travail. L'immense majorité des salariés ne possèdent que leur force de travail (qu'elle soit intellectuelle ou manuelle). Pour vivre et élever leur famille, ils sont contraints de vendre leur force de travail. Ils la vendent librement (au contraire du servage et de l'esclavage). Le temps de travail nécessaire à la production d'une marchandise détermine sa valeur. La plus value consiste dans la différence entre la valeur d'une marchandise (c'est à dire, le temps de travail socialement nécessaire à sa production, qui se concrétise par la vente) et la valeur de la force de travail (temps de travail socialement nécessaire à la reproduction de la force de travail, qui se concrétise par le salaire direct et indirect). La force de travail est une marchandise particulière qui produit plus qu'elle ne coûte. C'est la source de l'accroissement de la richesse.

L'exploitation de la force de travail est au cœur de la richesse et du pouvoir des capitalistes.

La plus-value, le taux de profit ne sont pas intangibles. Ce dernier a même tendance à diminuer. Aussi, pour continuer d'asseoir leur domination et augmenter leur marge, les capitalistes entrent en concurrence, ont besoin de concentrer leur production et de développer leurs capacités de financement (leur capital) pour se développer. Un mémento(simplifié) sur la marchandise, la plus value, la baisse tendancielle du taux de profit,... sera disponible en complément de cet exposé.

Le travail salarié devenant plus parcellisé - les modes de production déterminant les rapports sociaux - les travailleurs, réduits à la seule vente de leur force de travail, voient la maîtrise d'ensemble leur échapper.

Cette exploitation engendre la naissance du prolétariat au cœur du processus révolutionnaire.

[Le cycle conjoncturel de la production (Extrait de Découvrir l'économie par Jacques Gouverneur, Editions Sociales/Contradictions, 1998) Si les crises dépendent du contexte socio-économique, on retrouve des grand traits commun dans le cycle de la production avant la seconde guerre mondiale. Celui-ci tient en quatre phases. L'expansion : La production augmentant, l'emploi et les salaires augmente aussi et donc une demande se développe. Celle-ci stimule à son tout une hausse des prix, des profits, des investissement de la production, et ainsi de suite La crise : La concurrence pousse chaque entreprise individuelle à augmenter sa capacité et son niveau de production, sans que l'augmentation total de la production soit planifié en fonction des débouchés possibles. Il en résulte que tôt ou tard, l'offre dépasse la demande : c'est la crise de surproduction. L'excès d'offre se traduit par l'accroissement de stock invendus et de capacité de production inutilisées. La récession : L'excès d'offre provoque une baisse des prix effectifs et une réduction des taux de profits. Les entreprises les plus fragiles sont réduites à la faillite ; les autres restreignent leur production et procède à des rationalisations. Conséquence le chômage s'étend, le pouvoir d'achat se rétrécit. Ce qui entraîne une réduction de la demande, et ainsi de suite. La reprise : Au bout d'un certain temps, le processus de récession fait place à une reprise. Les faillites augmentent la clientèle potentielle des entreprises survivantes et la baisse des prix stimule une reprise de la demande. Les entreprises survivantes écoulent leur stocks, les prix remontent de même que les taux de profits.]

2) Le capitalisme et les mutations de la société

[Extrait du Manifeste de 1848 : La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c'est-à-dire l'ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l'ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d'idées antiques et vénérables, se dissolvent ; ceux qui les remplacent vieillissent avant d'avoir pu s'ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s'en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s'implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.]

La bourgeoisie s'est emparée partout, où cela était possible, du pouvoir d'Etat et a imposé une législation qui lui était favorable. Elle a également mené des guerres coloniales qui ont assuré au continent européen une domination politique et économique sur les autres. C'est ainsi que sont intervenus une internationalisation et un essor sans précédent des échanges, rendus possibles par un système monétaire fondé sur l'étalon-or.

Le rôle de l'Etat. La classe capitaliste utilise l'Etat comme son instrument politique privilégié, pour maintenir sa domination économique, sociale et culturelle sur les autres classes. Mais, on peut aussi définir l'Etat, comme la forme sociale la plus élaborée permettant la régulation de l'économie capitaliste (cf. le capitalisme monopoliste d'Etat). C'est pourquoi, on peut dire que « la crise de l'Etat » est une conséquence directe de la crise des capacités de régulation économique du capitalisme, due au développement de la contradiction entre la socialisation croissante du procès de travail et les exigences d'accumulation du capital. Les luttes sociales ont imposé que l'Etat joue en partie ce rôle régulateur et de compensateur de l'exploitation : se débarrasser de ces garanties est un des enjeux de la mondialisation pour le capitalisme.

[Le capitalisme monopoliste d'Etat (CME) Il désigne une phase du capitalisme après la seconde guerre jusqu'aux années soixante-dix où un renforcement du rôle de l'Etat est rendu nécessaire pour contrecarrer la baisse du taux de profit. Cette intervention croissante de l'Etat se caractérise par le financement public de la production monopoliste (subventions, bonifications d'intérêts, avantages fiscaux), par l'assurance de débouchés stables (armement, secteur publics), par la prise en charge des secteurs économiques les moins rentables et de l'infrastructure nécessaire à la production.]

Les évolutions actuelles du capitalisme vont également de pair avec des évolutions dans la nature du travail et dans le rapport au travail au sein de la société. La nouvelle division du travail entraîne encore la nécessité d'échanges, coopérations qui pourraient être le lieu de solidarités mais où les intérêts capitalistes sèment la division par la mise en concurrence. Le travail est souvent vécu comme une aliénation en soi alors qu'il y a un enjeu à le libérer des contraintes de l'exploitation capitaliste pour que les individus puissent se développer et créer de nouvelles potentialités dans leur activité productive. Cette contradiction est un défi majeur auquel est confrontée le système capitaliste.

Retour sur un certain nombre de ces défis en montrant comment les forces capitalistes les ont intégrés à leur profit, en ouvrant de nouveaux territoires, de nouveaux marchés dans une recherche constante de rentabilité maximale.

Révolution monétaire. La crise de 1929, déclenchée par le krach boursier du jeudi noir de Wall Street, a montré la fragilité du système capitaliste en donnant raison de façon posthume à Marx sur son analyse des crises cycliques du système capitaliste. Le système a explosé quand l'économie américaine a abusé du crédit pour financer une spéculation débridée. En effet, les banques américaines ont consenti des prêts à des institutions ou à des particuliers, sans rapport avec la quantité de richesses réellement produite. Les actifs ainsi achetés perdaient donc régulièrement de la valeur. Pour éviter la panique, les banques ont continué ce jeu dangereux, jusqu'à ce que les banques ne puissent plus fournir. Elles ont alors tenté de récupérer leurs créances. En vain ! Elles ont cessé toute opération financière en direction du système productif. L'économie américaine s'est brusquement contractée et a entraîné l'économie mondiale dans une crise à laquelle, seule la seconde guerre mondiale a pu mettre fin. L'organisation du système monétaire international a été pensée par les dirigeants américains avant la fin de la 2è guerre mondiale : elle reflétait la supériorité de l'économie américaine et sa suprématie financière. Le dollar remplaçait en quelque sorte l'or : c'est la seule monnaie convertible en or selon les accords de Bretton Woods en 1944. Mais c'est une contrainte trop forte pour l'économie américaine dans les années 1960, et en 1971, le Président Nixon « décroche » le dollar de l'or. Depuis les monnaies « flottent ». Ce qui ouvre la voie à toutes sortes de spéculations à la hausse ou à la baisse (cf. le déclenchement de la crise asiatique en 1997). Cela contribue aussi à la généralisation de la financiarisation de l'économie à laquelle nous assistons aujourd'hui. La croissance effrénée de la bulle spéculative mondiale est devenue pour les capitalistes la réponse à la baisse tendancielle du taux de profit et aux énormes besoins de financement pour la recherche-développement.

[Financiarisation de l'économie Dans les sociétés pré-capitalistes l'argent est un moyen de vendre et d'acheter des marchandises afin de permettre la spécialisation du travail. C'est le cycle M - A - M (Marchandise - Argent - Marchandise). L ‘argent est une marchandise particulière qui est équivalente à n'importe quelle autre. Le capitalisme substitue au cycle M - A - M, le cycle A - M - A+. L'argent est devenu le seul but de la société. Peu importe les conditions de production ou la qualité de la marchandise. A la Bourse, seul compte le cycle A - A+. Le management des hommes par les critères financiers se généralise y compris dans les services publics afin de les rendre privatisables. La finance se concentre sur un nombre restreint de marchés. Le marché des actions (titres de propriété des entreprises) devient prépondérant.

La spéculation financière conduit à un écart entre la cote (prix des actions sur le « marché de l'occasion ») et la valeur réelle des entreprises. C'est ce que l'on appelle la « bulle financière ». Afin de diminuer cet écart, les marchés financiers exigent des taux de rentabilité de plus en plus élevés. La course à la vente des actions au prix fort conduit les marchés financiers à vouloir capter de plus en plus d'argent en cherchant des acheteurs nouveaux. Les « réformes » (retraites, sécu, privatisations), ou encore l'AGCS (Accord Général sur le Commerce et les Services), ont d'abord pour finalité de détourner le maximum d'argent vers la spéculation boursière. Ce qui caractérise le capitalisme mondialisé, c'est le règne de l'Argent-Roi. Les USA dominent le système et vivent au-dessus de leurs moyens avec un déficit de 450 milliards de Dollars en 2000. Ce déficit est payé par le reste de la planète grâce à la suprématie du Dollar ...et de la puissance militaire des USA.]

Révolution informationnelle Alors que la révolution industrielle a permis le passage de l'outil à une généralisation de la mécanisation, la révolution informationnelle permet de remplacer certaines fonctions du cerveau (stockage, circulations et traitement des données) et révolutionne en profondeur le travail. Si cette révolution laisse entrouverte la possibilité d'un dépassement du salariat, elle permet au capitalisme une parcellisation du travail et une mise en concurrence au niveau mondial des salariés, inédite dans l'histoire de l'humanité.

[Paul Boccara La Révolution informationnelle conduit à l'exigence de partages généralisés des dépenses, des informations, de pouvoirs. "Si je livre un produit industriel, je ne l'ai plus et un seul l'a, tandis que si je livre une information, je ne la perds plus et un très grand nombre peut l'avoir pour un même coût. Ainsi les coûts des informations tendent à devenir les plus importants comme ceux de la recherche-développement partagés. Ils le seront d'autant plus que des êtres humains en plus grand nombre seront formés, employés, équipés pour les utiliser.]

L'exemple de l'industrie du disque. Confrontée aujourd'hui à la généralisation de l'utilisation d'Internet qui permet le téléchargement de musique en ligne et l'échange gratuit, l'industrie du disque est menacée dans son cœur de métier : celui de distributeur. De cette transformation en profondeur qui, à court terme, touchera de plein fouet l'industrie du cinéma, naît un étrange paradoxe : celle d'une possible gratuité d'accès à certaines pratiques culturelles, comme celle d'une possible atteinte à nos libertés (où s'arrête la sphère familiale, privée, quand naît un nouveau vecteur de communication ?) Même si cela peut paraître dérisoire, les principales « Majors » attaquent, pour l'exemple, devant les tribunaux, les internautes qui s'échangent de la musique et des films sur le net.

Révolution démographique Le progrès des sciences a permis d'augmenter la longévité et de réguler la fécondité sur tous les continents. Mais les inégalités croissantes entre les pays et à l'intérieur même des pays ont pour conséquences des situations très différentes d'une société à l'autre et d'une classe sociale à l'autre. Dans beaucoup de pays dits « moins avancés », la baisse de la fécondité, souvent souhaitée pour permettre le développement, bute sur les manques de la scolarisation des filles et les problèmes sanitaires, qui sont d'ailleurs également à l'origine d'un retour en arrière en de l'espérance de vie (en recul dramatique en Afrique par exemple). Aujourd'hui, en Europe, les plus de 60 ans sont en passe d'être majoritaires. Ce bouleversement démographique qui n'est pas soudain mais continu, n'est évidemment pas sans conséquences sur les politiques de protection sociale. Quelle est la réponse capitaliste à ce défi ? Le contraire de ce que cent années d'évolution du droit social laissaient présager : à savoir un allongement de la durée du temps de travail et une casse des acquis sociaux. D'une possibilité de vie meilleure pour nos concitoyens, le capitalisme a fait un moyen supplémentaire de financement via notamment la généralisation des fonds de pension à la mode américaine, qui s'engouffrent dans les trous béants que les politiques européennes creusent dans les systèmes de protection sociale.

Révolution écologique Le modèle productiviste et l'exploitation intensive et extensive des ressources naturelles ont certes permis, dans les deux derniers siècles, un développement sans précédent des pays occidentaux et du Japon. Mais, ce modèle atteint maintenant ses limites. Il a provoqué des dégâts considérables sur l'ensemble de la planète. Certaines ressources indispensables comme l'eau potable, deviennent des denrées rares ou s'épuisent. Le capitalisme doit composer avec les conséquences de son propre pillage effréné de la planète, d'où une meilleure exploitation de la ressource, et la recherche de productions plus économes en matière première (nouveaux matériaux) et en énergie. Mais le mode de production capitaliste continue à porter de très graves atteintes à l'environnement, en particulier dans le tiers-monde. Parallèlement, le capitalisme tente de récupérer les préoccupations environnementales et de faire de « l'écolo business », y compris en suscitant certaines peurs infondées. Les questions écologiques deviennent une arme dans les luttes commerciales que se livrent les capitalistes entre eux. Pour aller plus loin : la révolution génétique et les questions de bioéthique

3) Où en sommes-nous de la crise du capitalisme ?

En se développant, le capitalisme a également généré ses propres contradictions [et donc les moyens de son dépassement] Le capitalisme comme système et logique de développement, a su s'imposer à l'ensemble des activités sociales en terme d'efficacité par rapport aux anciens modes de production. Pour cela, il s'est appuyé sur des logiques de domination antérieures et les effets structurants des rapports sociaux d'aliénations qui leur étaient intimement liés, ainsi que par l'action de ceux qui détenaient les richesses, les moyens de production et les leviers politiques au service de leurs seuls intérêts.

Le capitalisme comme système d'exploitation et de domination tend en permanence à freiner l'évolution des rapports sociaux vers une coopération maîtrisée par les citoyens acteurs conscients de l'Histoire. (Cf. exposé sur la lutte des classes). Son développement, tant du point de vue des forces productives que des rapports sociaux, rend contradictoirement concevable le passage à une société où les rapports d'associations se substitueraient aux rapports d'exploitation.

La crise du capitalisme nourrit le communisme comme objet politique.

La nouveauté de la situation - une mondialisation effrénée

En ce début de 3è millénaire, c'est la mondialisation de l'ensemble des problématiques humaines qui caractérise notre époque. C'est vrai pour la révolution informationnelle, emblématique de cette mondialisation désormais en temps réel avec le bouleversement des sciences et des techniques de communication. Mais c'est tout aussi vrai pour toutes les révolutions précitées plus haut auxquelles le capitalisme d'aujourd'hui est confronté. Prenons par exemple la financiarisation de l'économie. Aujourd'hui, des capitaux faramineux, équivalents à des budgets annuels d'Etats souverains, circulent sur le net, de sociétés off-shore en paradis fiscaux, et cela en quelques clics de souris. Les Etats n'ont plus les moyens de contrôler ces fonds de plus en plus occultes et désormais ouvertement apatrides.

Si cette tendance à la mondialisation est, on l'a vu, inhérente à la croissance des économies capitalistes, elle atteint par son ampleur une intensité jamais égalée qui revêt d'autres formes que celle de l'exportation de biens et de services. Il faut ajouter les investissements directs à l'étranger qui s'accompagnent souvent de la délocalisation des capacités industrielles et celle de la circulation de capitaux financiers. Toutes les activités humaines visent ainsi à être marchandisées. Rien ne doit échapper à cette boulimie d'accès à de nouveaux marchés (tels l'école, la recherche, la culture, le sport...)

La maturation de la crise systémique. Dans son offensive, le capitalisme poussé par le besoin d'une rentabilité immédiate et la recherche de nouveaux marchés se retrouve limité par le territoire - la planète - et organise potentiellement contre lui, à son corps défendant, des résistances comme de nouvelles formes de solidarité chez ceux qui, de plus en plus nombreux, sont victimes de son exploitation ; les champs de l'exploitation capitaliste étant de plus en plus vastes.

Conclusion

Quelles pistes pour sortir de cette crise ?

Au développement d'un libéralisme de plus en plus effréné se confronte de plein fouet les aspirations humaines de toujours. Cet antagonisme impose de travailler tout à la fois un projet de société alternatif et une construction politique majoritaire qui rendent obsolète cette domination par une infime partie de la population sur l'ensemble de l'humanité. Et cela dans le cadre d'un nouveau contexte politique : celui de l'échec d'une expérience communiste du XXè siècle qui paradoxalement oblige à imaginer et à réinventer des solutions politiques nouvelles et un référent systémique. Voir les exposés sur communisme, Parti et stratégie.

Pour finir, quelques pistes et débats sur le besoin de changer la société, au cœur de la lutte des classes et des enjeux politiques :

1°) Maîtriser et commencer à dépasser le salariat par une « sécurité d'emploi ou de formation ». Ceci permettrait l'éradication du chômage, chaque individu ayant durant tout sa vie active la garantie de son revenu, tout en alternant les périodes d'emploi et de formation. Un tel système permettrait de s'attaquer aux dégâts sociaux et humains, aux gâchis de compétence et de savoir-faire. Voir aussi nos propositions pour une « autonomie de la jeunesse ».

2°) Maîtriser et commencer à dépasser la loi de l'argent. Il s‘agit de transformer les instruments monétaires, financiers et de crédit en outil favorisant les investissements pour l'emploi, de la formation et de la recherche.

3°) Maîtriser et commencer à dépasser les rapports de production capitaliste. Il s'agit de mettre en place des critères de gestion d'efficacité sociale des entreprises et de créer des rapports de coopérations inter-entreprises qui se substitueraient aux rapports de concurrence.

4°) Sur les choix économiques et de gestions Partager les pouvoirs et l'information avec des institutions démocratiques participatives d'un nouveau type, et cela à l'échelle d'un bassin d'emploi comme à l'échelle d'un continent.

Enfin et en forme de prolongement, à noter dans ce qui émerge du côté des acteurs de la transformation progressiste : l'irruption du mouvement altermondialiste, la mise en réseaux d‘associations, d'ONG les recherches d'une intervention syndicale qui nouent des solidarités au delà des seules frontières nationales la création du Parti de la gauche européenne

Renvois :

(1) Ce n'est pas l'unique système de domination : le patriarcat et son cortège de discriminations entre les hommes et les femmes sont antérieurs au système capitaliste. Cela fera l'objet d'un prochain cahier.

(2) Le moment de son enracinement est d'ailleurs le moment de sa principale remise en cause. Du milieu du XIXè siècle date l'essor du mouvement communiste et socialiste sous l'impulsion des travaux de Marx et Engels.