Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Dernière partie de la formation consacrée au Capital de Marx Livre III chapitre XV

Dans le numéro précédent de la revue, nous avons présenté la théorie marxiste de la baisse tendancielle  du taux de profit, avancée dans le livre III du Capital, chapitre XIII ainsi que ses possibles contre-tendances étudiées dans le chapitre XIV, nous analysons ici, le chapitre XV sur la suraccumulation et ses solutions  ainsi  que son développement  en théorie de la suraccumulation – dévalorisation du capital.

III - Développement des contradictions internes à la loi : la suraccumulation et ses solutions (ch.  XV)

L’analyse de la tendance à la baisse du taux de profit conduit à la mise en cause du type capitaliste de progression de la productivité du travail, aux limites du mode de production capitaliste et à ses transformations  de structures, à travers des crises de la croissance. La tendance à la baisse du taux de profit, qui conduit à la suraccumulation du capital, renvoie au remplacement des travailleurs par des machines-outils  et à l’élévation du rapport « travail mort des moyens de production/travail vivant des travailleurs » à l’origine de la plusvalue (ou rapport de la composition organique du capital).

La théorie de la « suraccumulation du capital » constitue la base de la compréhension de la régulation par crises du capitalisme. Elle se trouve dans le livre III du Capital, chapitre XV. Elle a été développée en théorie de la « suraccumulation-dévalorisation» du capital par Paul Boccara. D’autres auteurs ont repris, à leur façon, le concept de dévalorisation du capital.

1. Les limites de l’accumulation du capital comme expressions de la crise du type capitaliste de progression de la productivité du travail

a) L’accumulation du capital entraîne la baisse tendancielle du taux de profit car elle implique l’élévation de la composition organique du capital, d’où comme on l’a vu plus haut, la tendance à la baisse du taux de profit.

b) La tendance à la baisse du taux de profit implique le renforcement de la concentration du capital et sa centralisation par la dépossession de capitalistes de moindre importance.  Ce qui précipite l’accumulation quant à la masse bien que le taux d’accumulation finisse par baisser avec le taux de profit.

c) La baisse du taux de profit.  Les crises et les limites du mode de production capitaliste.

« Si (...) le taux de profit est bien l’aiguillon de la production capitaliste (de même que la mise en valeur du capital est son unique fin), sa baisse ralentira la constitution de nouveaux capitaux autonomes et elle semble dès lors menacer le développement du procès de production capitaliste, elle favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la constitution d’un capital excédentaire, à côté d’une population en excédent. »   (K. Marx, Le Capital, Livre III, chapitre XV p. 236)

2. Conflit entre l’extension de la production et la mise en valeur du capital

a) La contradiction fondamentale du mode de production capitaliste, c’est que le mode de développement  des forces productives, en gonflant le travail mort des moyens matériels (machines outils et matières) relativement au travail vivant, tend à accroître la composition organique du capital et à engendrer la baisse du taux de profit. Le développement des forces productives entre  en conflit avec les rapports de production (la loi du profit par l’exploitation). D’un côté, PL/V, c’est-à-dire le taux de plus-value, s’élève : le surtravail donnant la plus-value s’accroît par rapport à la valeur de la force de travail, réduite surtout avec la réduction du temps de travail socialement nécessaire pour les marchandises du salaire. Mais d’un autre côté, le nombre d’ouvriers diminue, donc le capital variable (des salaires) est économisé relativement au capital constant des moyens matériels.

b) Les méthodes par lesquelles la production capitaliste cherche  à dépasser ces limites impliquent de façon contradictoire  :

– une diminution  du taux de profit,

– une dépréciation  du capital existant,

– une pression sur les forces productives humaines, ainsi le type de progression de la productivité du travail vivant engendre des économies sur le travail vivant.

Le capitaliste  essaie d’accroître  PL/V, à partir de l’allongement du surtravail, ou de l’augmentation de la productivité du travail, abaissant de la part du temps de travail socialement nécessaire pour la valeur du salaire par rapport à la valeur du produit du travail. Mais, à partir d’ un certain point , cela ne permet plus de compenser la réduction du nombre d’ouvriers par rapport aux moyens matériels. Pour arrêter la baisse tendancielle du taux de profit, il faudrait une dépréciation du capital qui permettrait de faire repartir l’accumulation.

c) « La véritable barrière de la production capitaliste c’est le capital lui-même » (K. Marx, Le Capital, Livre III, p. 244) La production capitaliste est une production pour le capital. Le capital (et sa mise en valeur) constitue  le moteur la fin de la production  capitaliste. Le mode de développement des forces productives  (développement de la productivité sociale du travail), en tendant à faire grossir le capital constant (le travail mort) relativement au travail vivant, entre perpétuellement en conflit avec la fin : la mise en valeur du capital existant.

La productivité s’élève car il y a une réduction plus grande du travail vivant consommé pour un produit que l’augmentation du travail mort (des moyens de production) consommé, à distinguer du travail mort avancé, dont seulement une partie est consommée par l’usure des capitaux fixes.

Il se produit donc un conflit entre la loi du profit (les rapports de production capitalistes pour l’exploitation) et le développement des forces productives  ,par l’excès d’ accumulation relativement au profit possible, entraînant les crises de la production. Le mode de production capitaliste est à la fois un moyen historique de développement  de la force de productive matérielle et en même temps, il existe une contradiction permanente entre cette tâche et les rapports de production.

Le développement de la productivité  donne naissance à la baisse tendancielle du taux de profit, en opposition avec le développement de la production et de la productivité. C’est le taux de profit qui décide l’extension ou de la limitation de la production.

« De ce fait, le conflit doit être constamment surmonté par des crises. » (Ibid, p. 251)

3. Excédent de capital accompagné d’une population excédentaire  (c’est à dire le chômage).

A. Concentration  du capital et pléthore  de capital

a) La baisse tendancielle du taux de profit augmente le minimum de capital requis pour un capitaliste afin d’employer le travail productivement ce qui s’accélère la concentration du capital. Un gros capital à faible taux de profit accumule plus vite qu’un petit capital à taux élevé.

La « concentration croissante » de capitaux implique la baisse tendancielle du taux de profit et l’élimination des petits capitaux des petits capitaux contraints  de s’engager dans « la voie de l’aventure : spéculation, gonflement abusif de crédit, bluff sur les actions, crises ».

Pléthore du capital : il s’agit de la pléthore du capital pour lequel la chute du taux de profit n’est pas compensée par sa masse. Cela engendre un bourgeonnement de capitaux à la disposition  des grands secteurs commerciaux et industriels. Les capitaux fuient dans la spéculation, dans la croissance financière, au détriment de la croissance réelle dans la production.

b) La pléthore du capital naît des mêmes conditions qui provoquent une surpopulation relative (Ibid., p. 245)

Du fait du gonflement du capital constant et des économies sur le travail vivant (capital variable) ; nous avons en même temps  – du capital inemployé : les capitaux désertent la production et s’engagent dans la spéculation ; des usines ferment. La population ouvrière chôme, elle est inoccupée. Ce sont deux faits à la fois unis et opposés qui se complètent l’un l’autre.

B. Définition de la surproduction de capital

Il s’agit de surproduction  de capital, non de marchandises, bien que la surproduction du capital implique toujours surproduction de marchandises; Cela signifie donc suraccumulation du capital.

« Cette concentration croissante entraîne de son côté, à un certain niveau, une nouvelle chute du taux de profit. La masse des petits capitaux éparpillés est ainsi contrainte à s’engager dans la voie de l’aventure : spéculation, gonflement abusif du crédit, bluff sur les actions, crises. Ce qu’on appelle la pléthora (pléthore) de capital concerne toujours essentiellement la pléthore du capital pour lequel la chute du taux de profit n’est pas compensée par sa masse – et c’est toujours des bourgeonnements de capital frais qui viennent de se former – ou la pléthore qui, sous une forme de crédit, met ces capitaux incapables d’exercer une action à leur propre bénéfice, à la disposition de ceux qui dirigent les grands secteurs commerciaux ou industriels. Cette surpopulation relative, et c’est donc un phénomène qui vient compléter celle-ci, bien que les deux faits se situent à des pôles opposés, capital inemployé d’un côté et population ouvrière non occupée de l’autre; Surproduction de capital, non de marchandises singulières quoique la surproduction de capital implique toujours surproduction de marchandises – signifie donc suraccumulation de capital. Pour comprendre cette suraccumulation [...] il suffit donc de supposer qu’elle est absolue. Quand la surproduction de capital pourrait-elle donc être absolue? Et il s’agit ici d’une surproduction qui n’intéresserait pas seulement tel ou tel secteur de production ou quelques secteurs importants, mais qui serait absolue dans son volume même, donc engloberait tous les secteurs de production.

Il y aurait surproduction absolue de capital dès que le capital additionnel destiné à la production capitaliste égalerait 0. Or la fin de la production capitaliste, c’est la mise en valeur du capital : c’est  à dire l’appropriation de surtravail, la production de plus-value, de profit. Donc, dès que le capital aurait augmenté par rapport à la population ouvrière dans des proportions telles que ni le temps de travail absolu, que fournit cette population, ne pourrait être prolongé, ni le temps de surtravail relatif étendu [...] si le capital accru ne produisait qu’une même masse de plus-value tout au plus égale et même moindre qu’avant son augmentation, alors il y aurait surproduction absolue de capital; c’est à dire que le capital augmenté C+ ΔC ne produirait pas plus de profit ou même en produirait moins que le capital  C avant qu’il ne s’accroisse de ΔC. Dans les deux cas, se produirait une forte et brusque baisse du taux général de profit ».(ibid. p. 245)

Comme le montre le texte cité, la suraccumulation de capital peut être absolue dans son volume. Il y a une surproduction absolue du capital lorsqu’un capital auquel on ajoute C ne produit  pas plus de profit ou même en produit en moins ; cela implique une forte et brusque baisse du taux de profit.

Une portion du capital resterait totalement ou partiellement en jachère, ou en sommeil, une autre portion serait mise en valeur à un taux peu élevé, une autre détruite. On a pu présenter de façon algébrique  ces distinctions descriptives de Marx.

On précise ainsi, concernant la réduction de la valorisation du capital par un profit, ou dévalorisation du capital, trois solutions : un taux de profit réduit, nul ou négatif (+,0, -)(1) Le raisonnement est le même lorsque la suraccumulation du capital est relative.

C. Le processus de dévalorisation du capital

Cette « dévalorisation » d’une partie du capital permet aux capitaux restants de repartir dans la course au taux de profit.

Il s’agit d’un processus de lutte entre les capitaux. Une lutte concurrentielle s’engage pour décider quelle portion du capital serait mise en sommeil. Ceci est nécessaire pour que les capitaux dominants fassent leur place aux dépens de l’ancien capital. Il faut réduire à l’inactivité une portion de l’ancien capital.

« Tant que tout va bien, la concurrence [...] joue pratiquement le rôle d’une amicale de la classe capitaliste : celle-ci   se répartit collectivement le butin commun proportionnellement à la mise de chacun. Mais dès qu’il ne s’agit plus de partager les bénéfices mais les pertes, chacun cherche autant que possible à réduire sa quote part et à la mettre sur le dos du voisin. Pour la classe capitaliste, la perte est inévitable mais savoir la part que chaque individu en supportera, ou même s’il doit en prendre sa part, c’est alors affaire de force et de ruse, et la concurrence se mue en combat de frères ennemis.» (ibid. p. 247)

D. Comment se résout le conflit?

Les solutions. Les formes de mises en sommeil ou même de destruction partielle de capital.

La perte se répartit inégalement selon les avantages et positions de chacun, c’est la concurrence qui opère la répartition entre les trois solutions évoquées plus haut : Un capital mis en sommeil

Un autre complètement détruit ou avec une perte relative Un autre est mis en valeur avec un taux de profit réduit. On peut considérer par exemple la faillite et les pertes d’une entreprise, la réduction de son activité, ou son arrêt et le retrait de capitaux.

Dans tous les cas, l’équilibre se rétablit par mise en sommeil et même destruction de capital.

Une partie des moyens de production n’agirait plus comme capital, une partie des entreprises serait fermée. Il se produirait même des destructions et l’élimination de moyens de production,  des mises au rebut des machines.

On assisterait à la destruction de valeurs-capital, titres créances, dévalorisation du capital action.

Une partie des marchandises serait détruite, il y aurait effondrement de leurs prix, destructions des stocks.

Il se produirait des perturbations de la fonction moyen de paiement de l’argent, des effondrements du système de crédit, « de soudaines et brutales dévaluations » alimentant les blocages et perturbations du procès de production. (ibid. p. 247-248)

On peut relever que la longue phase de difficultés actuelle, ouverte à la fin des années 1960, est marquée par une corrélation entre la crise du système monétaire international et la crise du système économique.

L’analyse des solutions  examinées par Marx, l’étude des contre-tendances, s’articulent  avec la question de la dévalorisation du capital. Cette articulation  conditionne le relèvement du taux de profit pour la reprise de l’accumulation en haussant le taux de plus-value et en baissant la composition organique du capital.

4. De la baisse tendancielle  du taux de profit aux crises du capitalisme et aux transformations des structures et de la régulation

A. À partir  de Marx, on observe  deux conceptions des crises :

1) Première  conception chez Marx : les crises de période plus ou moins décennale

« Les crises ne sont jamais que des solutions violentes et momentanées des contradictions existantes, de violentes éruptions qui rétablissent pour un instant l’équilibre rompu ». (K. Marx, op.cit. Livre III, chapitre XV : « développement et des contradictions internes de la loi ».

2) Deuxième conception (amorcée par Marx) :

La crise comme crise de la structure capitaliste impliquant des transformations  profondes, en particulier la mise en place de nouveaux mécanismes de régulation. Cette conception est amorcée par Marx dans son évocation des solutions de la suraccumulation (dépassant les références aux crises périodiques) comme des transformations structurelles. Cela conduira  aux analyses marxistes par Paul Boccara des stades et phases du mode de production capitaliste, ainsi qu’à l’analyse en termes de cycles longs, de période de 48 à 60 ans repérées par le marxiste Kondratieff, dont les longues phases de difficultés entraînent les transformations de structure. Après le stade du capitalisme primitif, le stade du capitalisme de libre concurrence est traversé par une phase d’essor puis par une longue phase de crise systémique, en 1873-1896. Il s’agit d’une longue phase de difficultés du cycle long. L’issue de cette crise implique  des adaptations structurelles.

On passe au stade du capitalisme monopoliste ou impérialiste. Ainsi le capital n’est pas mis en valeur dans la métropole mais exporté dans les colonies ou encore le capital non monopoliste est moins mis en valeur que le capital monopoliste. Ce stade est traversé d’abord par une phase d’essor puis il entre en crise dans l’entre-deuxguerres  (nouvelle  phase descendante des cycles de Kondratieff).

La crise du monopolisme simple conduit à des adaptations ou dévalorisations structurelles de capital et à une nouvelle régulation par le taux de profit, celle-ci ne peut se faire sans le concours de l’État, dans un sens large. On assiste alors au passage au « capitalisme monopoliste d’État ». Ainsi les entreprises publiques et les financements publics, ne réclamant pas le taux de profit normal, constituent du capital dévalorisé de façon structurelle. Cette phase nouvelle au sein du stade monopoliste traverse d’abord une période d’essor, puis à la fin des années 60 elle entre à son tour en crise. Son issue impliquerait alors des transformations de structures, une nouvelle régulation. Ainsi la dévalorisation structurelle du capital doit-elle être resituée dans le cadre des difficultés durables et de la recherche de solutions structurelles profondes, permettant de relancer le taux de profit (Marx pointait déjà les solutions structurelles  des sociétés par actions, de l’exportation de capitaux : solutions qui commençaient à apparaître). Le« capitalisme monopoliste d’État » met en place des solutions nouvelles qui consistent à faire baisser l’exigence du taux de profit sur une partie du capital, afin de permettre son relèvement sur les autres parties.

B. Contradictions et limites  du mode  de production capitaliste

1) Surproduction de marchandises et saturation du marché

La fin du capital consiste à produire pour le profit et non pour les besoins ce qui engendre une « discordance entre les dimensions restreintes de la consommation sur la base capitaliste et une production  qui sans cesse tend à franchir cette barrière qui lui est immanente. »   (K. Marx, op.cit, Livre III, chapitre XV page 250)

Marx montre qu’il existe une régulation aveugle du procès de production par le taux de profit. D’où la discordance entre le secteur des biens de production (secteur I) et le secteur des biens de consommation (secteur II). La demande de marchandises est insuffisante alors que la masse du peuple ressent la carence de marchandises et qu’il faut rechercher cette demande à l’étranger sur de lointains marchés. La domination du capital s’impose sur des pays où le système de production capitaliste n’est pas développé. Ceux-ci doivent maintenir leur capital et leur production au niveau qui convient aux pays de production capitaliste.

2) Les limites  de la production capitaliste ne sont pas les limites de la production en soi

Ces limites sont propres au mode de production  capitaliste, il existe une tendance biaisée au développement des forces productives, celles-ci entrent en conflit avec les conditions spécifiques de la production (rapports de production capitalistes, loi du profit).

– On ne produit pas trop de subsistances relativement à la population existante, au contraire on en produit trop peu pour satisfaire la masse de la population.

– On ne produit pas trop de moyen de production pour pouvoir employer toute la population, on en produit périodiquement trop pour pouvoir les faire fonctionner comme moyen d’exploitation  à un certain taux de profit.

– On ne produit pas trop de richesses, mais on en produit périodiquement trop sous des formes capitalistes contradictoires. La limite du mode de production capitaliste apparaît dans le fait que : « Avec la baisse tendancielle du taux de profit, le développement de la force productive du travail donne naissance à une loi, qui, à un certain moment, entre en opposition absolue avec le propre développement de cette productivité. De ce fait le conflit doit être constamment surmonté par des crises. » (K. Marx, op.cit. Livre III, p. 251

– C’est le taux de profit (rapport entre le travail non payé et le travail matérialisé en salaires) qui décide de l’extension ou de la limitation de la production au lieu de la satisfaction des besoins. La production stagne non quand la satisfaction des besoins l’impose mais quand le niveau de profit le commande.

C. Recherche  de parade à la baisse  tendancielle du taux de profit

Si le taux de profit baisse, il existe une tendance pour un capitaliste à essayer de réaliser un profit extra : course au progrès technique, ou fuite dans la spéculation, les aventures, pour s’assurer un profit plus élevé que la moyenne générale... mais le monopolisme  développe aussi ses obstacles.

« Et si la formation de capital devenait le monopole exclusif d’un petit nombre de gros capitaux arrivés à maturité pour lesquels la masse du profit l’emporterait sur le taux, le feu vivifiant de la production de la production s’éteindrait définitivement. Celle-ci tomberait en sommeil ». Ibid.,  page 252

Mais on assiste aussi à des adaptations,  à l’émergence de transformations de structure, à la recherche d’une nouvelle régulation pour sortir des crises qui n’empêche pas de contribuer à d’ autres crises tant qu’on reste dans le système capitaliste.

D. Devenir du mode de production capitaliste

Marx montre que si : « le taux de profit est la force motrice de la production capitaliste... on n’y produit que ce qui peut être produit avec du profit, et pour autant que cela peut être produit avec profit »

Cela explique, selon lui, l’angoisse des économistes anglais [NDLR : Ricardo] au sujet de la baisse tendancielle du taux de profit. La baisse tendancielle du taux de profit exprime les limites mêmes du mode de production capitaliste. Mais les économistes anglais en ont attribué la responsabilité à la nature, à la rente. Ils n’ont pas vu le caractère historique du mode de production  capitaliste. Celui-ci n’est pas un mode de production  absolu, mais un mode de production correspondant  à une certaine époque historique.

À une certaine étape du développement, les rapports de production capitalistes qui ont été un facteur de progression des forces productives deviennent un frein. La contradiction entre les forces productives et les rapports de production éclate. Ceci prépare les exigences d’un autre mode de production  émancipé de la régulation aveugle par le taux de  profit avec une autre régulation systémique.

(1) Les trois solutions du taux de profit réduit, nul ou négatif (perte) ont été définies en ces termes et conceptualisées en terme de dévalorisation du capital, c’est-à-dire de mise en cause de la valorisation ou mise en valeur par un taux de profit, par P. Boccara (1973) op. cit. pp. 42-49.

Bibliographie

Paul Boccara Introduction de Marx, Le Capital, éd. poche, éditions sociales, p. VIXL,1977.

Paul Boccara, Études sur le capitalisme monopoliste d’État, sa crise et son issue, Éditions sociales, [1973], p. 226, reprise d’un article d’Economie et Politique de déc.1969.

Paul Boccara, La Pensée, nO 277, sept-oct 1990, p. 13 « Suraccumulation et dévalorisation du capital » avec une histoire des théories de la suraccumulation et de la dévalorisation du capital dans l’histoire de la pensée économique, jusqu’à la période récente.

Paul Boccara, Histoire de la pensée économique, Deug Sciences économiques, 2e année , Université de Picardie, notes de cours polycopiées, 1989-1990.

Karl Marx, Le Capital, Livre III,(1894) ch. XV, éditions sociales, éd. poche, 1977. Catherine Mills, Economie Politique, 3e édition, Montchrestien coll. AES, 2004 p. 92 et s.

Catherine Mills, Economie et Politique nO 656-657, mars-avril 2009, p. 46.

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