Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Crise financière, Fiche 3 - : Pourquoi refuser l’union sacrée demandée par Sarkozy ?

Face au risque d’effondrement du système financier internactional, les États sont intervenus pour racheter les actifs, pourris, recapitaliser les banques défaillantes, restaurer la confiance : 700 milliards de dollars aux États-Unis (555 mil-liards d’euros) ; 1700 milliards d’euros en Europe.

En France, le plan Sarkozy porte sur 360 milliards d’euros, alors qu’on disait «les caisses vides» pour les salaires, les retraites, l’emploi, les services publics !

Il consiste à octroyer la garantie de l’État dans la limite de 360 milliards d’euros (19 % du PIB) à :

  • Une Société de refinancement des établissements de crédit, de droit privé, contrôlée à 66 % par les banques elles-mêmes (34 % par l’État), alors qu’elles sont à l’origine des difficultés. Elle empruntera de l’argent sur les marchés financiers – jusqu’à 320 milliards d’euros – et le reprêtera au prix du marché aux banques en panne de liquidité ;
  • Une Société de prises de participation de l’État, contrôlée à 100 % par celui-ci, mais de droit privé. Elle empruntera de l’argent sur les marchés financiers – jusqu’à 40 milliards d’euros – pour prendre des participations temporaires dans des banques en difficulté avec pour mission de les rentabiliser afin de faire une plus-value boursière lors de leur revente.

Quelles sont les contreparties demandées aux banques ?

1– D’abord ce sont de vagues exigences éthiques calées sur un code élaboré par le MEDEF lui-même !

2– Par ailleurs, dans le cadre d’une convention avec l’État, les banques concernées s’engageraient à assurer une continuité du financement pour les entreprises et les ménages.

Et Sarkozy a assuré, la main sur le cœur, que tout cela ferait l’objet d’une quasi-surveillance citoyenne : dans chaque département, chaque banque sera tenue de publier sa politique de crédit et il y aura même «un médiateur» quand des problèmes se poseront entre banques et emprunteurs. Bref, les contreparties ne touchent absolument pas aux critères et à la sélectivité (critères) du crédit et elles sont particulièrement lâches. Quand à la surveillance citoyenne, on prétend la faire s’exercer sur des dispositifs sur lesquels les citoyens, les salariés n’auront aucun pouvoir, alors même que les banques, pourtant gravement responsables des difficultés, disposeront d’un fort pouvoir partagé avec le contrôle bureaucratique de l’État sous l’aiguillon des marchés financiers. Ce montage est censé empêcher la fermeture du robinet du crédit en France et protéger les intérêts des déposants et épargnants.

Mais la sélectivité de ce crédit, dont la distribution sera nettement ralentie (+4 % en 2009), jouera contre l’emploi, les salaires, les PME sur le territoire, parce qu’elle sera condi-tionnée, à tous les niveaux, par les exigences de rentabilité financière et la pression des marchés financiers.

Or, ce sont les virements mensuels gratuits des salaires, pensions et retraites dans les comptes courants des banques qui constituent la base de la sécurité du système bancaire ! Autrement dit, ce crédit bancaire va diffuser comme jamais les toxines du marché financier dans l’économie, alors qu’il faudrait s’en désintoxiquer. Il va accroître les risques en vulnérabilisant l’emploi, les salaires.

Il s’accompagne d’autres dispositions visant à soutenir les profits avec l’exonération de taxe professionnelle pour les nouveaux investissements et des mesures d’accompagnement du chômage contribuant à baisser le coût du travail, imposer aux chômeurs n’importe quel type d’emploi, supprimer le repos du dimanche, accentuer la précarisation du contrat de travail, accroître la flexibilité, faciliter les licenciements... tout en parlant démagogiquement de «sécurité sociale professionnelle» !

Enfin, la France se doterait d’un «Fonds souverain» pour aider certaines entreprises en difficulté en bourse à redevenir plus rentables pour leurs actionnaires et les remettre, ensuite, sur le marché. Cela rappelle le plan pour Alstom qui s’est accompagné de nombreuses suppressions d’emplois et de l’abandon des «Chantiers de l’Atlantique» avant d’être rendu au marché avec une grosse promesse de rendement pour les actionnaires privés.

Ce retour-là de la politique c’est «plus d’État» au service de la dictature des marchés financiers !

Tout ceci entraînera une augmentation de la dette publique, non pas pour développer les capacités humaines de notre pays, mais comme levier pour la rentabilité financière de grands capitaux. Et cela alors même que Sarkozy entend, pour 2011-2012, s’inscrire dans «les clous de Maastricht» avec une dette publique inférieure à 60 % du PIB et un déficit public de 0,5 % du PIB !

Aussi, dès le budget pour 2009, il entend supprimer plus de 30 000 emplois publics, tandis que seraient massivement rationnées les dépenses pour l’éducation, la santé, les retraites, la politique familiale, le logement social, les transports collectifs, les dotations des collectivités territoriales... autant de dépenses nécessaires à une croissance durable. Au-delà, sans doute, tout ce dispositif conduira à l’augmentation des impôts

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