Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Le rendez-vous de 2008 : Augmenter la durée de cotisations pour tous

Après les quarante annuités de cotisations, d’abord pour les salariés du privé (1993), puis pour ceux du public (2003), après la réforme des régimes spéciaux (2007), le rendez-vous de 2008 porte à 41 ans la durée de cotisation en 2012 pour prétendre à une retraite à taux plein, 42 ans un peu plus tard. Tandis que les prétendues garanties et compensations pour les plus fragiles sont illusoires.

Les mesures qui poussent au report effectif de l’âge de départ :

La durée de cotisation requise pour une retraite à taux plein sera portée à 41 ans d’ici 2012, soit un trimestre de cotisation en plus par an. Cela conduira, en fait, à une baisse des pensions pour un grand nombre de retraités, en premier lieu les femmes, notamment ceux qui ont connu la précarité, le chômage, les fins de carrière difficiles. La suppression de toute référence à un âge de départ en retraite a même été revendiquée par le rapport Attali couvert d’éloges par Nicolas Sarkozy et le Medef.

Sous pression du Medef, la question de la pénibilité du travail est reportée tandis que jugé trop coûteux, le départ anticipé pour carrière longue (commencée à 14,15 ou 16 ans) est restreint par la remise en cause dans le calcul de la retraite de la validation des années d’apprentissage, de travaux d’aide familiale dans l’agriculture et le commerce…

Sous couvert de favoriser l’emploi des seniors, on veut inciter au cumul emploi-retraite, en faisant sauter tous les garde-fous, tels que les limites d’âge pour certains emplois ; ce qui pourrait s’avérer dangereux (notamment dans des métiers comme les transports).. Outre que ces emplois des seniors, précaires et sous rémunérés, renforceraient la pression au freinage des rémunérations de tous les salariés, cela permettrait de faire disparaître la notion même d’âge de la retraite en obligeant de cumuler des retraites réduites avec un travail mal rémunéré.

Le renvoi des négociations à des accords de branche ou d’entreprises, qui ne vise qu’à vaincre les réticences des syndicats sur la mesure des 41 ans de cotisations, constitue une nouvelle brèche amplifiant les inégalités entre retraités.

La suppression pour les salariés âgés de 57 ans de la dispense de recherche d’emploi et des dispositions spécifiques auxquelles ils avaient droit sur l’ASS (allocation de solidarité spécifique) va aggraver la situation  de ceux-ci jusqu’à l’âge où ils pourront liquider leur retraite. Ceci revient à les condamner à accepter n’importe quel emploi (s’ils le peuvent…) alors que les employeurs sont exonérés de toute responsabilité.

De fausses compensations qui s’amenuisent dans la durée

Le montant de 85 % du Smic, arraché par les luttes de 2003, connaît des limites. Il n’est garanti qu’à la liquidation de la retraite et ne vaut que pour les carrières complètes. Son indexation sur les prix, et non sur les salaires, signifie automatiquement le décrochage dans le temps des pensions par rapport au salaire minimum.

Quant à l’augmentation du minimum vieillesse ou des pensions de réversion (mesure en réalité peu coûteuse car celles-ci sont  de moins en moins nombreuses), elle a surtout permis au gouvernement Fillon, de ne rien dire sur le scandale des 4 millions de retraités au minimum contributif de la CNAV, dont une très forte majorité de femmes.

Malgré toutes ces mesures drastiques et une démographie moins problématique que prévue, le financement des retraites s’est dégradé, avec un déficit croissant de 5,7 milliards d’€ en 2008, à plus de 10 milliards en 2010. C’est la preuve que ce type de réforme est une impasse et que l’acceptation de toute nouvelle régression ne fera qu’aggraver le mal. Cela montre l’urgence d’une politique de sécurisation et de promotion des emplois, de revalorisation des salaires en lien avec la qualification. Ce qui exige de refuser le pillage des fonds de l’Unedic quand le chômage explose ou de ceux de la politique familiale. Une politique économique radicalement nouvelle devrait inciter à une toute autre mobilisation et utilisation de l’argent des entreprises et des banques. 

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