Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Dette publique : comprendre la crise et riposter (4)

Argumentaire 8

La force de la création monétaire

Le constat

La création monétaire est traditionnellement liée au pouvoir de créer de la monnaie, actif parfaitement liquide, pos- sédant trois fonctions : régler des dettes nées de l’échange, unité de mesure de la valeur de tous les autres biens et instrument  de réserve de valeur. Le pouvoir de création monétaire est détenu par les agents économiques bancaires dans l’économie.

Ils alimentent ainsi en monnaie le circuit économique en direction des agents économiques non financiers (mé- nages, entreprises non financières…). La puissance publique, l’État, n’a plus directement un pouvoir de création monétaire, celui-ci ayant été confié dans les institutions à la Banque centrale. Cela laisse entière la question d’un contrôle démocratique de la Banque centrale.

Toute banque peut créer de la monnaie, d’autant plus que celle-ci est aujourd’hui à plus de 90 % scripturale, n’existant que par jeu d’écritures comptables, et non par l’émission de billets ou de pièces. Toute banque crée de la monnaie en accordant un crédit, créance dont elle garantit la valeur. Le crédit est à la source de la création monétaire.

La Banque centrale, elle, joue le rôle de banque des banques. Elle émet de la monnaie banque centrale (l’euro). Chaque banque commerciale a un compte à la Banque centrale. Chaque jour s’opère une compensation interban- caire selon qu’une banque doit de l’argent à une autre, après le solde de toutes les opérations entre elles (chèques, virements…). Cette compensation s’opère en monnaie banque centrale entre les comptes des différentes banques auprès de la Banque centrale.

Les évolutions liées à la financiarisation

Depuis les réformes des années 1980, trois évolutions ont été marquantes :

1. Le marché interbancaire (ou marché monétaire) s’est élargi : pour solder leur comptes et faire face à leurs besoins de refinancement (retrouver des liquidités disponibles après avoir distribué beaucoup de crédits) les ban- ques commerciales peuvent se refinancer directement entre elles (échange de créances contre des liquidités), sans passer forcément par la Banque centrale.

Avec la crise financière de 2007, les banques commerciales ayant accumulé des milliards de créances douteuses (subprimes, etc.), elles se refusent à se les racheter entre elles. D’où l’appel massif aux banques centrales pour un refinancement du système bancaire par centaines de milliards à un taux zéro aux États-Unis et de 1 % en Europe.

Mais il n’y a aucun critère dans cette création monétaire massive pour sauver les banques, permettant par exemple de les pénaliser pour activité spéculative et de refinancer prioritairement les activités utiles.

2. La frontière « banque de dépôts »/« banque d’investissements » a été abolie. Même les banques qui ont les comptes usuels des ménages ont développé des activités de marché et des activités spéculatives.

3. La frontière entre marché monétaire et marché financier (instruments de placements) est devenue totalement opaque avec la libre circulation des capitaux, la multiplication des produits dérivés, le développement des échanges de « gré à gré » (échanges sans contrôle possible, souvent « hors bilan », et difficilement localisables), la confusion activité de dépôts et de crédits usuels avec les activités de marché financier, la rapidité et la multiplication électro- nique des transactions, la multiplication des filiales, souvent dans des « paradis fiscaux »Dans cette économie d’endettement auprès des marchés financiers, ces derniers dominent le marché monétaire et le financement de l’économie.

Dans la globalisation financière, la création monétaire, dans son ampleur et dans son utilisation, est de plus en plus éloignée de « l’économie réelle ». Au plan international, on considère – selon les différentes mesures – que les transactions liées à l’économie réelle ne représentent que 2 % à 4 % des transactions quotidiennes.

Après 2008, les « plans de relance » ont été inefficaces car captés par les marchés financiers, et aujourd’hui les

« plans de rigueur » vont pénaliser les peuples, alors que les marchés vont continuer à s’accaparer une création

monétaire quasi gratuite ! (la FED maintient aux États-Unis son taux zéro pour les banques !)

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