Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Pour le développement durable : une industrie aéronautique et spatiale créatrice d’emplois et de progrès social

Le 22 juin dernier, une délégation du PCF (1), conduite par Pierre Laurent, a visité le Salon de l’aéronautique du Bourget. Elle a rencontré des représentants des entreprises exposant leurs réalisations et s’est informée sur la situation de cette filière stratégique de l’industrie française. Le secrétaire national du PCF y a présenté les propositions de son parti sur l’aéronautique et le spatial.

Dans un monde en crise rongé par le cancer des marchés financiers et face à des défis sociaux, technologiques, énergétiques et écologiques auxquels est confrontée l’humanité, notre pays a plus que jamais besoin d’une industrie aéronautique et spatiale créatrice d’emplois et moteur de progrès social […] La force de cette industrie repose sur ses salariés, leurs compétences et leurs savoir-faire. Tout doit être fait pour les préserver et les développer. Le transport aérien mondial continue à croître en moyenne de 4 à 5 % par an. Dans toutes les activités humaines, le recours au spatial est de plus en plus important : transports, télécommunications, agriculture, météo, santé, lutte contre le réchauffement climatique… Les carnets de commandes de la plupart des grands groupes aéronautiques représentent de 4 à 8 années de travail.

D’importantes contradictions

[…] La précarité, la flexibilité, l’externalisation des services et des productions, la stagnation des salaires et les délocalisations conduisent à affaiblir notre industrie aéronautique. Les plans de restructuration tels Vision 2020, Power 8 et phyr sont des facteurs lourds de fragilisation de la filière aérospatiale française et européenne.

Le manque de reconnaissance, l’instabilité de l’emploi, les restructurations permanentes, les environnements de travail impersonnels en open space, les organisations du travail du type « lean » ou les « services partagés » sont autant de facteurs générateurs de démobilisation des salariés, de mal être, de souffrance et de stress et de gâchis. Même les carrières d’ingénieurs, de techniciens supérieurs et d’ouvriers hautement qualifiés sont rendues de moins en moins attractives, entraînant une crise des vocations chez les jeunes générations dont plusieurs associations d’ingénieurs s’inquiètent à juste titre.

Les raisons sont à trouver dans le fait que les directions d’entreprise ont de plus en plus le regard focalisé sur les cours de Bourse plutôt que sur les écrans de CFAO des bureaux d’études ou les lignes d’assemblage.

Remettre la gestion à l’endroit

C’est pourquoi l’emploi stable, la formation et la réévaluation des salaires devraient être au cœur de toute stratégie de développement pérenne de l’industrie aérospatiale française. Ils fondent en effet la qualité, la continuité et l’efficacité de la production et de la recherche & développement. En période de crise, la variable d’ajustement doit être la rémunération du capital privé et non la recherche et le développement, l’emploi, la formation et les salaires.

Dans les 10 ans qui viennent, 40 % des salariés parmi les plus qualifiés de l’industrie aéronautique et spatiale vont partir en retraite. L’heure n’est pas à supprimer des emplois, mais à mettre en œuvre un plan de formation massif des lycées aux universités en passant par les BTS, les IUT et les écoles d’ingénieur afin de poursuivre le développement du savoir-faire aéronautique et spatial que nous avons en France. Consolider ce savoir-faire implique de combattre la précarité et d’instaurer un système de sécurité d’emploi et de formation pour tous les salariés de la branche assurant l’éradication du chômage.

Comment relever le défi

a. L’intervention publique

[…]La puissance publique, en se dégageant des contraintes de la rentabilité à court terme du capital, peut mettre en œuvre et soutenir sur la longue durée des programmes majeurs en réponse aux besoins humains. La question de la propriété publique et du contrôle public des groupes SAFRAN, THALES, DASSAULT, EADS et des grands équipementiers est plus que jamais posée, et ce sous de nouvelles formes plus efficaces, plus sociales et plus démocratiques que les anciennes nationalisations.

Le « pacte des actionnaires » d’EADS qui prive l’État de ses moyens d’actions et interventions doit être abrogé. Le PCF propose de faire du groupe EADS le premier groupe public européen…

b. De nouveaux droits démocratiques

La prédominance du capital public ne suffit pas. Il faut donner aux salariés de véritables pouvoirs d’intervention et de décision sur les choix stratégiques des entreprises. C’est une nécessité pour repenser nos modes de production et pour mettre en œuvre des rapports réels de coopérations, de synergies, et de complémentarité entre les entreprises et entre les salariés de la filière.

c. Une organisation de la filière partant des besoins

Le Parti communiste français s’oppose à la vente d’Aérolia et Sogerma par EADS. Il considère que ces deux filiales devraient devenir les acteurs majeurs d’un pôle français public d’aérostructure. Il est défavorable aux recompositions capitalistiques qui se préparent entre THALES et SAFRAN et leur préfère des solutions de type GIE, plus économes en coûts du capital.

Les équipementiers et leurs PME-PMI sont pris entre le marteau des donneurs d’ordres – qui transfèrent sur ces entreprises une partie du financement de leurs investissements et leur imposent des délocalisations – et l’enclume de la crise du crédit bancaire. […]

Les donneurs d’ordres doivent assurer des prix rémunérateurs et se porter garants devant les banques des emprunts contractés par leurs sous-traitants pour satisfaire leurs commandes. La création de fonds régionaux pour l’emploi et la formation adossée à un crédit sélectif doit permettre à l’ensemble du tissu industriel des investissements créateurs d’emplois. Les Conseils régionaux ont en la matière une responsabilité déterminante.

d. Aborder autrement les questions de financement

Le Parti communiste français souligne le rôle dévastateur de la politique de « l’euro fort » qui, couplé au dumping monétaire pratiqué par les États-Unis, est aggravé par les choix économiques de la BCE. La Zone euro a besoin d’une politique monétaire qui soit en cohérence avec l’objectif d’un développement industriel créateur d’emplois et de co-développement ; ce qui  suppose une réorientation radicale des missions de la BCE et le changement de sa gouvernance.

Notre pays et l’Union européenne, pour s’affranchir de la dictature du dollar et de la spéculation sur les taux de change, doivent œuvrer pour aller vers une monnaie mondiale commune à l’abri des marchés financiers.

Le PCF préconise d’agir énergiquement auprès de la Commission européenne pour que celle-ci défende le système des avances remboursables devant l’OMC et que les crédits européens alloués à la recherche dans le domaine aérospatial par le « Programme européen cadre de recherches et développements technologiques » (PCRD) soient portés à un niveau équivalant à celui des États-Unis. La commission devrait de même favoriser des sources de financement à très faible taux auprès de la Banque européenne d’investissement (BEI) comportant des objectifs de développement de l’emploi et de formation et le renforcement du contrôle de leur utilisation.

e. Une nouvelle politique pour les programmes stratégiques et les armements aéroportés

Les programmes A400-M, Ariane 6 et Galileo doivent être poursuivis et réalisés jusqu’à leur terme. Ces programmes constituent un enjeu majeur de souveraineté technologique. […]

Le PCF réaffirme son opposition fondamentale à la réintégration de la France dans l’OTAN en soulignant que celle-ci a de fait de très graves conséquences sur la paix dans le monde comme on le voit aujourd‘hui.

f. La coopération et le développement partagés

Les enjeux du co-développement durable et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre sont décisifs pour l’avenir du transport aérien et donc de toute l’industrie aéronautique.

Le marché et la concurrence ne sont pas les bons outils pour traiter cette question. Pire,  ils constituent des éléments d’aggravation de la crise écologique. Seules la coopération, la mutualisation au niveau européen et mondial permettront à l’industrie aéronautique de devenir un acteur majeur du développement durable et de la résolution de la crise écologique. Le Parti communiste français marque son accord avec l’agenda de l’ACARE1 qui fixe des objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre, de nuisances sonores et d’émission d’oxyde d’azote, à condition de l’entendre non comme de simples objectifs de Recherche technologique, mais bien comme une échéance pour l’application sur les flottes opérationnelles. […]

Une autre politique aux niveaux national, européen et mondial

Le Parti communiste français soutient l’exigence  de conserver l’industrie  de l’aéronautique  et du spatial parmi les secteurs clés sous contrôle public structurant une économie dynamique créatrice d’emplois en lien avec l’aménagement de nos territoires. Promouvoir et développer en France cette filière industrielle, à l’abri des marchés financiers et de la rentabilité boursière, c’est prendre parti pour l’intérêt général, en France et dans le monde. Le Parti communiste français fera tout pour que le soutien, en France, à cette filière soit à la hauteur de l’excellence professionnelle de ses salariés et des enjeux de civilisation actuels. 

(1) La délégation du PCF : Pierre LAURENT, Marie George BUFFET, Gisèle CAILLOUX, Alain JANVIER, Yann LE POLLOTEC, Jean- Claude PRADEAU, Ciryl MONSE, Daniel LEBRIS, René AMAND, Michel STURARO.

(2) Advisory Council for Aeronautics Research in Europe.

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