Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

Economie et Politique - Revue marxiste d'économie
Accueil

Synthèse de la presse : JEUDI 30 NOVEMBRE 2006

le 30 novembre 2006

Les Unes des quotidiens :

Turquie : Bruxelles veut un gel des négociations (Le Monde) CMU : le scandale des refus de soins (Libération) Sarkozy candidat pour une « rupture tranquille » (Le Figaro) Avec son logiciel géant Vista Microsoft repart à l'offensive (Les Echos) L'empire Microsoft contre-attaque avec Vista (La Tribune) carnet de bord d'une voyageuse excédée (Le Parisien) Les jeunes, des électeurs très convoités (La Croix) Exclusif ! Sarkozy candidat (France Soir) Vers la fin des accords minoritaires ? (L'Humanité).

Les thèmes dominants :

L'annonce de la candidature de Nicolas Sarkozy :

Démarrage confus. Le président de l'UMP a choisi la presse quotidienne régionale, sans éviter les fuites, pour annoncer sa candidature à la présidentielle. Pendant ce temps, Ségolène Royal creuse pour la première fois l'écart, à 61 % dans le baromètre TNS-Sofres pour « Le Figaro Magazine ». (18 articles).

La campagne de S. Royal :

Les proches de la candidate socialiste réclament la démission du ministre de l'Intérieur. En visite à Lyon, la candidate socialiste a ironisé sur Nicolas Sarkozy qui, à ses yeux, « répète » ce qu'elle dit. (11 articles).

Autres thèmes : Le pape en Turquie, les chiffres de l'emploi, l'adhésion de la Turquie à l'UE, la situation en Irak, la réforme de l'enseignement de la grammaire, la représentativité syndicale, Villepin en Afrique, la crise de l'automobile, le montant de l'action d'EDF Energies Nouvelles, le refus de soins aux Cmistes.

A Signaler :

Politique : Présidentielles. UMP. La déclaration de candidature de N. Sarkozy. C. Cornudet : Trois ans après avoir affirmé qu'il pensait à la présidentielle, « et pas seulement en se rasant », Nicolas Sarkozy officialise sa candidature à l'élection de 2007. Ou plutôt sa candidature à la candidature interne de l'UMP, puisque les adhérents du parti sont invités à choisir leur favori le 14 janvier. Nicolas Sarkozy a décidé d'accélérer le tempo, histoire de ne pas permettre à son adversaire de creuser l'écart durant ce mois de décembre. Le prochain baromètre TNS Sofres pour « Le Figaro Magazine » s'annonce déjà très rude : il perdrait 2 points en un mois, 48 % des Français souhaitant « lui voir jouer un rôle important dans les mois et les années à venir », tandis que Ségolène Royal en gagnerait 6, à 61 %. C'est peu de dire que l'émergence de la candidate socialiste, qu'il a longtemps sous-estimée, complique la tâche de Nicolas Sarkozy. Menacé de l'extérieur, Nicolas Sarkozy l'est également de l'intérieur. Les chiraquiens, Dominique de Villepin en tête, ont redoublé de critiques ces derniers temps. A cette difficulté à « rassembler » son camp, s'ajoute pour Nicolas Sarkozy celle d'élargir son assise électorale. Dans l'interview il confirme son intention de s'adresser à « ceux qui ont connu des épreuves, se sentent fragiles ou qui pensent que « rien n'est jamais pour eux » ». Au moment d'entrer en campagne, il apparaît pour la première fois sur la défensive. (Figaro). A. Guiral :La « surprise » annoncée avec tambour et trompette par Nicolas Sarkozy a fait « pschitt ». L'annonce de sa candidature concoctée depuis des semaines dans le plus grand secret s'est soldée par un gros cafouillage. La seule véritable annonce de l'interview : il jure qu'il ne sera plus ministre « au moment de l'élection ». Ce qui lui laisse de la marge d'ici au 22 avril, date du 1er tour de la présidentielle. Rejetant l'étiquette de « conservateur », il assure vouloir « remettre la société française en mouvement ». Il s'en prend au passage à « l'ordre juste » de Ségolène Royal : « L'ordre juste c'est juste de l'ordre », dit-il. Plein d'insolence à l'égard de Jacques Chirac, il plaide pour « un président responsable et des contre-pouvoirs plus forts ». Certains grands journaux de province n'ont, en effet, pas apprécié d'avoir été évincés du premier cercle des interviewers. (Libération). J. Waintraub : Face à la nouvelle favorite des sondages, il enfonce le clou : « Le PS a choisi l'immobilisme. Je veux incarner le mouvement. » « Je veux la rupture tranquille » Nicolas Sarkozy répond aussi à ses amis - ou adversaires - de droite rétifs au concept de « rupture » , en affirmant : « Rompre n'est pas la crise » , avant d'ajouter : « Je veux la rupture tranquille. » Peut-être Nicolas Sarkozy précisera-t-il ses intentions ce soir, sur France 2, dans « À vous de juger ». Grâce à une succession de tables rondes, le chef de l'UMP aura en tout cas l'occasion de développer son programme dans quatre domaines qu'il juge prioritaires : le pouvoir d'achat, l'éducation, la sécurité et l'immigration. Invités à interroger Nicolas Sarkozy sur ses projets en matière de droit du travail, les principaux leaders syndicaux ont décliné l'offre. Selon le « plan média » des stratèges sarkozystes, la primeur de l'entrée en campagne de leur champion devait être réservée à la presse régionale. C'est Jean-Pierre Caillard, PDG du quotidien auvergnat La Montagne , qui a suggéré l'idée à Brice Hortefeux, élu du département et bras droit de Nicolas Sarkozy. (Figaro).

F. Fressoz : « .. imaginons que les challengers de Nicolas Sarkozy renoncent à leur tactique du moment qui consiste à attendre que le président de l'UMP s'use tout seul et qu'ils décident de mener, au sein du parti et sans arrière-pensée, la bataille des idées. Quel serait le résultat ? Autrement dit, sur quels enjeux idéologiques se déroulerait cette bataille interne ? On peut d'abord prendre le pari qu'il y aurait pléthore de candidats.. l'UMP reste un parti traversé de sensibilités diverses qui se portent plus ou moins bien. Certaines, comme la démocratie chrétienne, connaissent quelques difficultés.. La famille libérale a son représentant déclaré en la personne de Rachid Kaci mais elle n'est plus que l'ombre d'elle-même.. La famille radicale, incarnée par Jean-Louis Borloo, se porte un peu mieux. Sur fond de montée du communautarisme, la défense de la laïcité, combinée à un souci de justice sociale plus porteur que le libéralisme. Mais c'est en réalité au sein de la famille gaullo-bonapartiste que l'on trouverait les candidats les plus nombreux et les plus sérieux : outre Nicolas Dupont-Aignan, Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin.. Elle correspond à l'air du temps : culte du chef, ode au volontarisme, souci du rassemblement, valorisation de l'Etat protecteur. Ces quatre ingrédients visent à rassurer un électorat troublé par la mondialisation et perdu dans ses repères. L'affaire est en réalité plus complexe et c'est Michèle Alliot-Marie qui en a récemment livré les clefs. La discrimination positive brandie par Michèle Alliot-Marie renvoie au communautarisme américain, la querelle institutionnelle à une possible présidentialisation du système français sur le modèle américain. Au fond, ce que reprochent les chiraquiens à Nicolas Sarkozy c'est toujours le même grief : son tropisme américain. Si un candidat français reconnaît la suprématie du modèle américain, c'en est fini de la grandeur française. Allié mais pas rallié, tel est le dogme. Entre ces deux thèses, il y a un juste milieu à trouver qui fera que l'héritier rebelle pourra se faire adouber par sa famille. Dans le cas contraire, il aura beaucoup de mal à rassembler. C'est pourquoi les primaires à droite sont non seulement souhaitables mais nécessaires.. » (Echos).

La campagne de S. Royal. M. Noblecourt : « .. les militants socialistes ont tourné la page du parti d'Epinay, celui qu'avait refondé François Mitterrand en 1971.. Nullement intimidée par la morgue des éléphants qui pronostiquaient et espéraient son échec, Mme Royal a gagné en recourant aux armes de la démocratie d'opinion et de la démocratie participative.. Mais, à la différence de François Mitterrand, elle n'a pas fait d'OPA sur le PS. Elle n'est pas venue de l'extérieur. Elle y milite depuis plus de vingt-cinq ans.. L'appareil a été contraint de s'incliner au point même d'en faire, dès le démarrage de la campagne interne, sa candidate.. Mme Royal a donné des gages au PS. Le siège du parti sera celui de sa campagne, le bureau national son conseil politique. Elle s'offre même la liberté de relancer une campagne « participative et décentralisée, plus près des gens », jusqu'en janvier, en s'appuyant sur les élus et les premiers fédéraux du PS.. Elle a accru la présidentialisation du PS, amorcée par François Mitterrand et poursuivie par Lionel Jospin, avec un parti transformé en club de supporteurs. Mais elle a aussi modifié la géographie des courants.. Voilà le PS doté de deux courants idéologiques, l'un social-démocrate, l'autre « authentiquement de gauche », et ...d'une écurie présidentielle.. Mme Royal est aussi parvenue à dépasser le clivage oui-non du référendum de 2005 et à tourner la page Jospin en attendant de tourner éventuellement celle du 21 avril 2002.. l'avènement de Mme Royal esquisse aussi, potentiellement, un changement de nature du PS.. En fait, il manque encore à la refondation ségoléniste un corps de doctrine, au-delà de la volonté de changer la politique, d'instaurer un « ordre juste », ou du slogan « le progrès pour tous, le respect pour chacun »..Alain Bergounioux, secrétaire national aux études du PS, définit ainsi le ségolénisme : « C'est un mélange de mitterrandisme, de réformisme delorien et de socialisme décentralisé. » Reste à savoir si cette refondation durera juste un peu plus que le temps des roses.. » (Monde). Aux dirigeants du PS la cogne, à la candidate le discours positif ? On ne sait jusqu'à quand durera ce partage des rôles, mais, depuis son investiture, Ségolène Royal s'est gardée d'attaquer de front Nicolas Sarkozy. L'objectif est le même depuis des mois : dresser le portrait d'un candidat dangereux (pour les institutions et les Français) et inefficace, adepte des « annonces sans lendemain ». Publiquement, Ségolène Royal espère rester « au-dessus des polémiques » le plus longtemps possible : « Je ne fais pas de critiques de l'adversaire, d'abord ça le fait exister », glisse-t-elle. (Echos).

Jeunesse. La course aux jeunes est ouverte. Comme à chaque élection présidentielle, les candidats savent qu'ils n'obtiendront pas la victoire sans séduire une large part de cet électorat. Mais l'enjeu est cette fois plus perceptible encore, tant la jeunesse a été en première ligne lors de deux des principales crises du quinquennat finissant : la flambée de violence dans les banlieues en novembre 2005 et la forte mobilisation contre le contrat première embauche ( CPE) au printemps 2006. Représentant 12 à 13 % des électeurs, les 18-25 ans « pèsent » donc environ un bulletin sur huit. Et s'ils s'abstiennent traditionnel­lement plus que leurs aînés dans la majorité des scrutins, ils ont tendance à se remobiliser pour la présidentielle, rappelle Anne Muxel. La chercheuse souligne que les jeunes, parce qu'ils n'ont évidemment pas d'habitudes politiques marquées, constituent un électoral volatil, capable « de faire basculer une élection dans un sens ou dans l'autre » . « Pour toute cette génération, qui a vécu le CPE comme une agression, la page n'est pas tournée. Cela se sentira dans les urnes », assure Malek Boutih. La dernière étude sur le vote jeune lui donne raison. Ségolène Royal apparaît comme la candidate préférée de 34 % des jeunes de 15 à 25 ans, loin devant les 14 % de Nicolas Sarkozy (1). Que proposer aux jeunes ? La question taraude évidemment tous les états-majors. D'autant que la jeunesse est loin de constituer un bloc homogène, souligne encore Anne Muxel. Le niveau de diplôme, remarque-t-elle, crée une coupure entre une « jeunesse scolarisée plus proche de la gauche » et « une jeunesse déscolarisée ou déjà au travail favorisant plutôt les candidats de l'ordre » . Le parti de Nicolas Sarkozy avance notamment une idée originale : une « pré-majorité » pour les adolescents de 16 à 18 ans leur permettant « d'exercer librement un certain nombre de droits et de prendre certaines responsabilités qui leur sont aujourd'hui interdites. La gauche, elle, place le service civil obligatoire au centre d'un nouveau contrat social. Le MJS estime avoir largement fait progresser le projet socialiste en y faisant entrer 10 de ses 12 propositions, notamment la création d'une allocation d'autonomie. 1) Sondage BVA- Citato-Le Mouv réalisé du 17 au 25 novembre sur 466 personnes de 15 à 25 ans. (Croix).

Economie-Social : Emploi. Dominique de Villepin a annoncé hier de nouvelles mesures en faveur des jeunes, dont le taux de chômage est reparti à la hausse en octobre. Le coup d'arrêt de la croissance freine la baisse du chômage. Fin octobre, le taux de chômage a plafonné à 8,8 % de la population active, avec 2.129.700 demandeurs d'emploi en catégorie 1, soit une augmentation de 400 personnes supplémentaires inscrites sur les listes du chômage en un mois. (Tribune).

D. Seux édito : « .. Si, mise en perspective, la courbe reste bonne, ce mois pour rien éloigne définitivement l'objectif de passer sous le cap emblématique des 2 millions de chômeurs d'ici à la présidentielle. Le jour même de l'annonce de sa candidature par Nicolas Sarkozy, la droite se serait bien passée de ce second indicateur négatif après le choc du coup d'arrêt surprise de la croissance.. Personne n'en voudra naturellement au gouvernement d'avoir présenté quelques mesures destinées à montrer qu'il reste aux commandes et agit sur l'emploi. Aucune ne peut d'ailleurs être qualifiée de mauvaise. Améliorer une aide fiscale, augmenter une prime d'encouragement à la mobilité, pourquoi pas ? Mais ce n'est pas faire injure à Dominique de Villepin et à Jean-Louis Borloo que de constater que ce « paquet » a un furieux air de cent fois déjà vu - ce qui n'était pas le cas du CNE ou du plan sur les services à la personne.. En revanche, les décisions annoncées en direction des sous-traitants de l'automobile vont clairement dans le bon sens. C'est le cas du dispositif de soutien à l'innovation. C'est surtout le cas de l'engagement pris sur les délais de paiement.. Il n'est pas normal que la situation soit moins bonne pour les PME que chez nos principaux partenaires et que ce seul facteur explique un dépôt de bilan sur cinq. Faut-il une loi comme celle applicable au transport routier ? Dans l'automobile, Renault et PSA arguent avec justesse que le moment est mal choisi pour les brusquer. Les équipementiers répliquent qu'ils emploient 315.000 personnes en France quand les constructeurs en comptent 170.000... (Echos).

Intérim. Invitées à diversifier leurs activités, les entreprises de travail temporaire prévoient de réaliser 20.000 recrutements en CDI et en CDD cette année. Cette part reste infime au regard des 14 millions de contrats qui transitent chaque année par ces entreprises. Le chiffre d'affaires des activités de placement représente ainsi 60 millions d'euros cette année, sur un total de 20 milliards d'euros. En 2007, cette activité devrait ainsi représenter 120 millions d'euros de chiffre d'affaires, ce qui correspond à environ 40.000 placements. « Notre référence, c'est la Grande-Bretagne. Le placement y représente 7 % du marché des cabinets d'intérim. C'est vraisemblablement un maximum », estime Pierre Fonlupt, vice-président de l'organisation patronale des professionnels de l'intérim (Prisme). (Echos).

Délocalisations. Si la France a été « moins affectée par les délocalisations que d'autres pays » comme l'Allemagne ou le Japon, elle n'y échappera à l'avenir, pronostique une mission d'information de l'Assemblée nationale sur les délocalisations. Dans son rapport, rendu public hier, la députée UMP Chantal Brunel signale notamment que le phénomène de délocalisation dans les services, pour l'instant très limité en France, est appelé à se développer, notamment dans les institutions financières et l'informatique. Le cabinet Katalyse estime qu'entre délocalisations et « non-localisations » (ouverture d'activités à l'étranger non destinées au marché local), 202.000 emplois de services devraient être perdus en France entre 2006 et 2010, soit 22 % de la création nette d'emploi salarié au cours des cinq dernières années. (Echos).

CMU. Le comité d'éthique dénonce la « passivité » de l'ordre des médecins face à des discriminations sociales ouvertement assumées par de plus en plus de praticiens. J-M. Thénard édito : « .. Le malheureux devra anticiper le refus de soins de quatre spécialistes sur dix et d'un généraliste sur vingt avant de trouver consultation assurée. On en déduira que spécialistes et généralistes n'ont pas la même idée de leur mission. Que, pour 40 % des premiers, la préoccupation financière est plus importante que l'obligation de soigner.. Autrefois, la médecine était un sacerdoce et une éthique, aujourd'hui, il faut qu'elle serve le coffre et fasse du fric ! Belle évolution du métier qui, à mesure qu'il gagne en progrès technique, se déshumanise. Et laisse la machine inégalitaire imposer le chacun pour soi et l'hôpital pour tous ceux qui n'ont pas les moyens d'acquitter les dépassements d'honoraires. On n'attend certes pas des toubibs qu'ils soignent toute la misère du monde, mais au moins qu'ils la soulagent dans la proportion que leur impose la loi.. » (Libération).

Programme scolaire. A. de Gaudemar édito : « .. On peut reconnaître au ministre de l'Education nationale de la suite dans les idées. Le rapport qu'il a reçu hier des mains d'Alain Bentolila, un linguiste réputé pour ses travaux contre l'illettrisme, lui donne une nouvelle fois du grain à moudre contre les « dérives » d'une certaine pédagogie « illusoire » qui a voulu, dans le domaine de la lecture comme de la grammaire, « abusivement appliquer le modèle de l'expert à celui de l'apprenti ». Retour aux valeurs sûres, restauration de modèles plus traditionnels, on voit bien l'opération politique à l'oeuvre rue de Grenelle : ces remises à plat successives sont la manière propre à Gilles de Robien d'attaquer le « mammouth », par le biais des programmes qu'il s'est promis de passer au crible (on doute qu'il ait le temps d'aller au bout de son projet), et d'instrumentaliser politiquement un vrai débat.. (Libération).

Europe : Benoît XVI en Turquie. D. Quinio édito : « .. Pour Rome, la demande d'adhésion de la Turquie est légitime, le long processus enclenché logique, mais il importe qu'Ankara montre sa bonne volonté en la traduisant en actes concrets et mesurables, notamment dans le domaine religieux. Benoît XVI, mettant l'accent dans ses différents discours sur la liberté religieuse, a montré, en même temps que sa volonté de dialogue, sa fermeté ; il a rappelé que ce pays devait reconnaître « tous les droits des citoyens à la liberté de culte, et la liberté de conscience » et donner un statut juridique aux minorités.. Les deux messages, concomitants, sont cohérents. Le chemin de l'intégration dans l'Europe est possible, disent-ils. Si la Turquie se plie aux conditions imposées, exigent-ils. Après avoir largement médiatisé les paroles du pape favorables à la démarche d'adhésion, le premier ministre turc, tout aussi vivement, a critiqué le coup de frein européen. (Croix).

La Commission européenne a proposé aux Vingt-Cinq de geler partiellement les négociations d'adhésion avec la Turquie après son refus répété de reconnaître Chypre, une proposition jugée inacceptable par le Premier ministre Erdogan. « Cette recommandation est inacceptable », a immédiatement réagi le Premier ministre turc, qui a évoqué cet éventuel blocage des négociations avec ses homologues européens, en marge du sommet de l'Otan à Riga. Ainsi, Jacques Chirac lui a fait savoir que la Commission « n'avait pas d'autre choix » que de recommander ce gel partiel. Lors de son entretien avec Recep Tayyip Erdogan, le président français a toutefois « exprimé l'espoir » que la situation changerait. Avant de lancer le processus d'adhésion avec Ankara, l'Union avait exigé, en 2004, que la Turquie reconnaisse l'existence de Chypre en signant le protocole dit « d'Ankara », qui étendait l'union douanière entre l'Union et la Turquie. (Echos).

Allemagne. Les organisations patronales d'outre-Rhin comptent beaucoup sur la prochaine présidence allemande pour libéraliser en Europe les marchés de l'énergie, des télécommunications et de la poste. « Ce que l'on appelle la « stratégie de Lisbonne » a pour principaux objectifs la croissance économique et la création d'emplois. L'Allemagne, un demi-siècle après la signature du traité de Rome, doit donc tout faire pour refaire de la Communauté européenne un espace de croissance », affirme notamment le patron du BDA. (Echos).

Euro. Le constat est clair et douloureux : l'incapacité des Européens à parler d'une seule voix du bon niveau de l'euro et, partant, leur impuissance à juguler ou même à atténuer sa volatilité démontre, pour peu qu'on en doute encore, l'inexistence d'une Europe politique. On peut aussi parler de l'absence d'une volonté politique commune de faire face à une question qui, à terme, peut mettre en péril la croissance européenne. « Notre monnaie, votre problème », disent souvent les officiels américains aux Européens à propos du dollar. Il est peut-être temps que les Européens fassent enfin de l'euro leur problème. (Tribune).

International : Afrique. Le Tchad est depuis des mois balayé par une crise importante. Le 13 avril dernier, une colonne rebelle est parvenue à atteindre la périphérie de la capitale où, attendue, elle s'est fait décimer. Les troubles n'ont dès lors cessé de s'étendre. D'importants mouvements des rébellions tchadiennes ont, le week-end dernier, attisé le sentiment de fragilité de la capitale. Protégée depuis plusieurs jours par un double cercle concentrique de troupes, N'Djamena s'est transformée en bastion aux abords placés sous la surveillance permanente des troupes françaises du dispositif « Épervier ». L'or noir est devenu une donnée essentielle à la compréhension géopolitique de ce pays miséreux mais situé au coeur de l'Afrique. Partie prenante du consortium créé en accord avec les autorités tchadiennes afin de procéder à l'extraction de l'or noir, les Américains en ont récemment été éjectés. Absent jusqu'ici, Paris apprécierait sans nul doute que la France, ancienne puissance tutélaire, trouve sa place dans le même consortium. La Chine est, elle, soupçonnée de vouloir s'introduire par Soudan interposé. Cette conjonction d'intérêts stratégico-politiques s'est nouée en pleine crise du Darfour. Depuis 2003, en cette province soudanaise bordant le Tchad, Khartoum s'efforce par une politique de terreur de réduire des mouvements de rébellion. Débordant du Soudan, elle a fini par gagner le Tchad. (Figaro).