Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La création monétaire, source du pouvoir extraordinaire des banques (fiche)

(extrait de Un autre crédit est possible, Le Temps des Cerises, Paris, 2005)

Peu d’images relatives à l’économie se trouvent être aussi trompeuses que celle de la « planche à billets ». Les billets de banque et les pièces de monnaie représentent une toute petite partie de la monnaie en circulation : 1 072 milliards d’euros à la fin octobre 2016 dans la zone euro, selon les statistiques de l’Eurosystème [i]. Au même moment, les « dépôts à vue » dans les banques, immédiatement utilisables pour les paiements par chèques ou par virements, représentaient une somme presque six fois plus élevée : 5 972 milliards d’euros ! Au sein de la masse monétaire au sens le plus large, qui inclut non seulement les dépôts à vue mais les comptes sur livrets, les dépôts à termes, les parts de SICAV à court terme, bref tout ce que les statisticiens considèrent comme plus ou moins assimilable à de la monnaie, les billets ne comptent que pour 9,5 %.

Presque toute la monnaie dont nous nous servons dans la vie quotidienne est donc de la monnaie bancaire. Mais d’où vient cet argent qui figure dans les comptes des banques ? De leurs clients, pourrait-on être tenté de ré-pondre. En effet, les banques fonctionnent comme des intermédiaires financiers : elles reçoivent des dépôts du public, et elles reprêtent cet argent aux bénéficiaires de leurs crédits. Mais il faut bien que l’argent de leurs clients vienne lui-même de quelque part. L’explication est la suivante : il vient des opérations de crédit. Les dépôts font les crédits, nous dit le sens commun ; mais c’est uniquement parce que les crédits font les dépôts, comme les banquiers le savent depuis longtemps.

Comment les crédits font les dépôts

En effet, que se passe-t-il lorsqu’une banque prête de l’argent — disons un million d’euros — à une entreprise ou à un particulier ? Elle inscrit la somme en dépôt au compte de son client, qui peut immédiatement en faire ce qu’il veut, par exemple la dépenser ou la placer sur le marché finan-cier. Et voilà un million d’euros créés. Bien sûr, il ne s’agit que d’un prêt : si tout va bien, à l’échéance du crédit, quelques mois ou quelques années plus tard, le prêt sera remboursé : le compte bancaire du client sera débité d’autant et la monnaie créée au moment de l’octroi du prêt sera alors détruite. Mais entre-temps, elle aura circulé dans tous les canaux de l’économie et permis la réalisation de toutes sortes de projets qui auront apporté à la société des richesses supplémentaires : dans ce cas, la monnaie n’aura pas été créée en vain.



[i]

                Bulletin statistique de la Banque centrale européenne, novembre 2016, tableau 2.3, http://sdw.ecb.europa.eu/reports.do?node=1000003478

 

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