Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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En 2017, relever la tête

En ce début d’année 2017, toute l’équipe d’Économie et Politique tient à vous souhaiter la réalisation de vos attentes et vos ambitions les meilleures, pour vous et vos proches.

Néanmoins, difficile d’en dire plus. Car pour ceux qui aspirent à de nouveaux jours heureux, formuler les traditionnels vœux de ce début d’année 2017 n’est pas chose aisée. Loi Travail, violences policières, attentats, guerres, 2016 n’a ouvert sur aucune amélioration significative pour les gens, ni pour la sortie de crise et le développement du pays. En Europe et dans le reste du monde, 2016 restera aussi l’année de l’incapacité à définir le chemin d’une sortie de crise économique et sociale par le haut, et s’est achevée sur l’émergence d’une sorte « d’internationale populiste », avec le Brexit puis la nomination de D. Trump à la Maison Blanche. Bref, 2016 n’aura pas ouvert l’horizon.

Pourtant, il en est encore pour dire l’inverse. Que ça y est, nous toucherions au but, que le bout du tunnel ne serait pas loin… chômage en baisse, investissement productif en hausse, comptes publics et sociaux assainis… La blague est trop éculée pour être encore drôle…

Non, le chômage ne baisse pas, il augmente. En France, en novembre 2016, les demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi étaient 93 900 de plus qu’en novembre 2015 ! Soit 1,5 % de plus et un total de 5,478 millions de personnes. La précarité s’amplifie. Le pays compte désormais plus de 3,2 millions de salariés précaires (12,3 % des emplois). Parmi lesquels, 1 million de travailleurs pauvres (moins de 800 euros par mois de salaire). « La vie est précaire, l’amour est précaire, alors pourquoi pas l’emploi… », le Medef l’avait rêvé, il peut se réjouir, nous y sommes.

L’investissement productif non plus n’est pas en hausse. Si les premiers mois de 2016 ont été marqués par la montée en charge des mesures en faveur du sur-amortissement sur l’investissement des entreprises (+1,6 %), celui-ci n’a cessé de régresser ensuite (-0,3 % à chaque trimestre suivant). Instituées pour restaurer les marges des entreprises, ces mesures de réduction des coûts fiscaux et des contraintes comptables de l’investissement des entreprises n’aura que grandement facilité les investissements de substitution des effectifs visant avant tout à réduire les coûts salariaux. Elles n’auront pas relancé l’investissement d’innovation toujours en berne.

Enfin, les comptes sociaux et publics ne sont pas assainis. Au-delà des manipulations statistiques des projections de croissance du gouvernement dénoncées jusque par le Haut Conseil aux finances publiques, si la LFSS pour 2017 témoigne d’un déficit étrangement faible, c’est tout simplement parce que la prise en charge collective se réduit plus rapidement que le rythme des recettes, malgré les besoins sociaux toujours plus grands. Le pire se prépare avec les projets, issus des horizons les plus divers, qui annoncent la fiscalisation des cotisations sociales, c’est-à-dire la prise en charge du financement de la protection sociale par la collectivité, alors que les cotisations sociales patronales sont un prélèvement sur les profits. C’est mettre en péril la Sécurité sociale dans son ensemble

Les politiques de baisse du coût du travail ont fait la preuve de leur nocivité. Quand les luttes sociales auront-elles la force d’imposer des politiques qui s’attaquent, par des mesures concrètes, à la vraie cause des difficultés de l’économie, le coût du capital ? Il y a urgence car tout est en place pour une crise financière, économique, sociale pire que celle de 2007-2008.

L’année 2017 va déterminer non seulement la politique du pays pour les années à venir, mais aussi l’avenir du mouvement progressiste et en son cœur celle du PCF, pour les décennies à venir.

Entre la tentation du repli nationaliste et xénophobe de l’extrême droite, la fuite en avant ultralibérale derrière une droite revancharde ou la poursuite de la politique sociale-libérale, la bataille sera rude pour porter les éléments concrets d’une alternative convainquant les Français de faire un autre choix. La droite et l’extrême droite sont lancées à fond dans cette campagne électorale, décidées à taper encore plus dur sur les salariés, les fonctionnaires, les jeunes et les retraités. Le programme de F. Fillon est clair. Quant à celui du FN, s’il use d’une parole qui se prétend sociale, ses propositions marchent au pas dans ceux de la droite. Austérité budgétaire constitutionnalisée, moins pour le social, isolationnisme économique, régression nationaliste… Quant à la gauche, elle est en déconfiture et divisée, plombée par le quinquennat Hollande. Les sociaux-libéraux satisfaits revendiquent leur arrimage à droite, tandis que le reste de la social-démocratie semble impuissante à dépasser les vieux schémas étatistes.

C’est pour cela qu’une campagne autonome, offensive et constructive du PCF aux élections législatives, avec l’objectif de faire élire le plus possible de députés communistes et du Front de gauche, est indispensable, pour rendre possible une alternative politique à la hauteur de la crise et donner, ainsi, au mouvement populaire les moyens de combattre efficacement les projets de la droite et de l’extrême-droite.

Une campagne qui donne du sens et de la cohérence en portant dans le débat public et à partir des luttes des propositions précises permettant à chacun de voir et de se saisir des leviers réels de l’alternative pour construire un changement effectif de sa condition de vie. Prendre le pouvoir sur l’argent en imposant, depuis les entreprises et les bassins d’emplois jusqu’à la politique de la BCE, une autre utilisation du crédit bancaire ; construire un pôle financier public appuyé sur la nationalisation des deux grands réseaux bancaires privés (BNP, Société Générale) et sur la mise en place de fonds régionaux pour l’emploi et la formation ; conquérir des pouvoirs sur les gestions des entreprises et sur leur financement pour construire progressivement un système de sécurisation de l’emploi et de la formation ; refonder l’Europe en imposant, sans attendre, que les milliards d’euros créés par la BCE soient utilisés pour financer une expansion sans précédent de nouveaux services publics : telles sont pour une part les idées qui inspirent le programme du PCF, La France en commun.

En 2017, Économie et politique redoublera d’efforts pour les faire vivre dans le débat public et les mettre au service des luttes sociales et politiques. 

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