Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Pour une nouvelle civilisation Civilisation et histoire de la pensée

Ce séminaire ouvre la voie à de nouveaux travaux pour la construction d’une nouvelle civilisation. Nous partirons de l’ouvrage de Paul Boccara Pour une nouvelle civilisation. Celui-ci offre un magistral survey qui permet de situer le concept de civilisation dans l’histoire de la pensée. Ainsi ont été repérées chez un très grand nombre d’auteurs importants, à propos de la civilisation, des références aux trois caractères ou composantes : les rapports sociaux, les techniques matérielles, la culture. Cela a été particulièrement le cas à partir du xixe siècle et jusqu’à nos jours. Paul Boccara propose ainsi de nouveaux développements de la pensée marxiste, pour aller plus loin, en prenant notamment en compte tout l’apport de penseurs contemporains.

Cet ouvrage montre que la crise systémique actuelle du capitalisme mondialisé et financiarisé, bien plus qu’une simple crise économique, est en réalité une crise de civilisation, celle de la civilisation occidentale mondialisée, celle de toute la civilisation.

Elle touche tous les aspects de la vie humaine et pose la question « de sa transformation complète » pour aller vers « une civilisation de toute l’humanité ».

L’ouvrage montre que « un système global civilisationnel » est constitué de « deux sous-systèmes sociaux fondamentaux, se conditionnant réciproquement » ; d’une part, « le système économique de transformation de la nature extérieure en produits », et d’autre part, « le système anthroponomique1 de transformation de la nature humaine, pour la regénération humaine, biologique, informationnelle et sociétale ». Dans la crise systémique actuelle, ces deux sous-systèmes sont eux-mêmes en crise.

Paul Boccara présente la crise de civilisation occidentale mondialisée tant au plan économique qu’anthroponomique, ainsi que ses débouchés possibles sur une nouvelle civilisation de toute l’humanité. C’est à partir de cette crise globale et des « risques majeurs d’éclatement d’un surendettement et d’une suraccumulation encore plus graves », dès la crise de 2007-2008 que l’auteur avance des éléments sur une autre économie mondialisée de dépassement du capitalisme avec des propositions telles la sécurité d’emploi et de formation, les nouveaux pouvoirs des travailleurs, la maîtrise de l’argent et du crédit.

Cette crise de civilisation appelle aussi une autre anthroponomie de dépassement du libéralisme mondialisé. Ce qui exige de nouveaux services publics (notamment de la petite enfance, ou des personnes âgées), de nouveaux pouvoirs et des partages de rôles entre spécialistes des services et non spécialistes. Cela implique des transformations sociétales concernant les rapports entre les hommes et les femmes, les jeunes et les adultes, les personnes âgées et le développement des services publics permettant ces transformations.

L’ouvrage présente ensuite la montée de l’exacerbation des conflits et des dominations avec la fermeture et le déclin des civilisations ou leur ouverture. L’humanité parviendra-t-elle à créer une nouvelle civilisation de toute l’humanité ou, avec l’exacerbation des conflits et des dominations que l’on constate, va-t-on vers une fermeture et un déclin de la civilisation occidentale ? Les risques d’effondrement sont d’autant plus réels que l’humanité est menacée dans son existence par le réchauffement climatique. L’ouvrage présente ensuite la montée de l’exacerbation des conflits et des dominations avec la fermeture et le déclin des civilisations ou leur ouverture. Ce qui permet à l’auteur de souligner « la portée systémique radicale des transformations climatiques et de son potentiel de rassemblement des luttes sociales et politiques ». Le fil est ainsi renoué entre mouvements sociaux et sociétaux. Enfin, l’auteur insiste sur les enjeux du changement climatique et leurs débouchés pour une nouvelle civilisation possible de toute l’humanité.

I. Le concept de civilisation dans l’histoire de la pensée, jusqu’à la crise mondialisée contemporaine

Le concept de civilisation permet de définir une réalité synthétique déterminante, à l’opposé des approches partielles, pour leurs interrelations intimes. Histoire, sociologie, ethnologie, neurobiologie, psychologie, psychanalyse, écologie, économie, technologie…, s’y croisent pour rendre compte d’un ensemble social, inscrit dans l’histoire humaine et dans la géographie terrestre, avec une certaine durabilité ou permanence. Cet ensemble social serait fondé sur les capacités de créativité humaine, qui sont le propre des humains et définissent un type de créativité sociale historique.

A. Trois ensembles constitutifs d’une civilisation et leurs références historiques passées

Les divers phénomènes caractérisant une civilisation peuvent être ramenés à trois ensembles :

– des formes de relations sociales entre êtres humains ;

– des produits et moyens matériels des opérations sociales vitales ;

– des éléments constitutifs des idées et d’une culture de la société.

On peut ainsi repérer chez un très grand nombre d’auteurs importants, à propos de la civilisation, des références aux trois caractères ou composantes : les rapports sociaux, les techniques matérielles, la culture. Au dix-huitième siècle déjà, Mirabeau, à propos du terme de « civilisation », qu’il est un des premiers à employer en 1757, se serait référé au processus historique d’un triple « progrès », « matériel, social et culture ». [Mirabeau, L’Ami des Hommes ou Traité de la population, Avignon, 1756-1757, 2 volumes, t. 5, p. 136]. Une dizaine d’années plus tard le même terme réapparaît (civilization) en anglais chez Adam Ferguson dans An Essay on Civil Society en 1767.

Mais déjà, bien auparavant, sans que soit employé le terme de civilisation, on retrouve cette même trilogie, chez des auteurs représentatifs, depuis l’Antiquité, à propos des caractères fondamentaux des sociétés ou de l’humanité.

Si l’on remonte à l’Antiquité extrême orientale ou occidentale puis ensuite à l’époque médiévale, on peut déjà trouver les trois ensembles, de façon indépendante bien sûr.

Ainsi, Confucius (K’ung Fu Tsu), dans la Chine des sixième et cinquième siècles avant J. C., évoque d’après Tzeu Koung trois ensembles : la nourriture ; la direction du peuple, la tranquillité et les forces militaires ; la vertu ou la confiance. Et cela au sujet des « affaires publiques ». [Confucius (K’ung Fu Tsu), Entretiens avec ses disciples, Paris, Les Belles Lettres/Denoël, 1975, p. 78 et 132].

« Celui qui administre les affaires publiques doit avoir soin que les vivres ne manquent pas, que les forces militaires soient suffisantes, que le peuple lui donne confiance… trois choses. » Ou encore : « Si notre maître avait eu un État à gouverner, il aurait… pourvu à la nourriture du peuple… il aurait dirigé le peuple… procuré la tranquillité… il aurait excité le peuple à la vertu. »

Aristote, au quatrième siècle avant J. C. en Grèce, cite au sujet du bien suprême humain, l’activité de l’âme et la vertu, les biens ou instruments, la politique. Il évoque :

– « l’intelligence » et l’activité méditative » ;

– « les biens nécessaires à la vie » ;

– « le besoin d’autres personnes ».

[Aristote, Éthique à Nicomaque, Flammarion, Paris, 2008, p. 31 et 29. Ibidem, p. 402-403.]

Saint-Augustin, au quatrième siècle après J.-C., à la fin de l’Antiquité romaine, à propos de « la cité terrestre », évoque précisément : « Les trois théologies que les Grecs appellent mystique, physique, politique et qu’on peut dénommer en latin fabuleuse, naturelle, civile. » [Saint-Augustin, La Cité de Dieu, tome deuxième, Paris, Librairie Garnier Frères, 1960, p. 67.]

Au Moyen Âge, en terre d’Islam, on peut encore citer, au quatorzième Siècle après J.-C., le maghrébin Ibn Khaldoun. À propos de l’Umran, qu’on peut traduire par « civilisation », il cite les trois « attributs » :

– les sciences et les arts… ;

– le besoin d’une autorité… et d’un pouvoir… ;

– l’effort que fait l’homme pour assurer sa subsistance et les différents moyens par lesquels il s’y emploie… et la recherche de ce qui… est nécessaire », en se référant à la « sociabilité » et à l’« état social », ou « la vie sociale inhérente à l’état de civilisation. »

[Ibn Khaldoun, La Muqaddima, extraits, Alger, Centre Pédagogique Maghrébin, Hachette, 1965.Abdesselam Cheddadi, Ibn Khaldoun. L’homme et le théoricien de la civilisation, Paris, NRF, Gallimard, 2006.]

Et l’on retrouve encore les trois éléments dans d’autres passages du même auteur, selon Abdesselam Cheddadi. Il écrit notamment : « L’histoire est ainsi devenue une discipline confuse sans rigueur… Celui qui la pratique aujourd’hui doit donc connaître les règles de la politique, la nature des choses existantes, les lieux, les époques quant aux conduites humaines, aux caractères, aux coutumes, aux croyances, aux doctrines et à toutes les conditions qui entourent la vie des hommes. » [Ibn Khaldûn, Le Livre des exemples, t.1, Autobiographie, p. 194, La Pléiade, Gallimard, traduction Abdesselam Cheddadi.]

Et il est commenté en ces termes : « Ibn Khaldûn distingue, dans les activités de l’homme, trois domaines : celui de l’action sur le monde extérieur et de la fabrication des objets ; celui des relations interindividuelles sociales ; et celui de la science […] Enfin à la sphère des activités scientifiques correspond l’intelligence spéculative » qui « consiste en concepts et assentiments ».

Si l’on examine jusqu’à des références extrêmes orientales au vingtième siècle, on peut citer le chinois Liang Shuning qui se réfère expressément à trois ensembles pour définir une « culture » au sens d’une civilisation [Liang Shuning, Les cultures d’Orient et d’Occident et leurs philosophies, traduction LuoLuo Shenyi, éditions You Feng, 2011] : « Pour nous une culture, c’est l’ensemble de tous les aspects de la vie d’une collectivité nationale, que nous pouvons regrouper en trois sphères :

1. La sphère de l’esprit : religion, philosophie, science, art, etc. […] ;

2. La sphère de la vie sociale : toutes nos relations avec notre entourage – dans la famille, dans les rapports d’amitié, dans la société, dans l’État et dans le monde […] ;

3. La sphère de la vie matérielle : nourriture, logement, ce qui est concrètement utile, tout ce que demande l’Humanité à la nature pour son existence… ».

B. Références contemporaines du dix-neuvième au vingt et unième siècle

En 1845-1846, Marx et Engels peuvent évoquer les liens entre production matérielle, relations humaines et formes de conscience :

Ils précisent : « Ces trois moments, la force productive, l’état social et la conscience peuvent et doivent entrer en conflit entre eux […] » On retrouve les trois moments dans leur critique de la conception idéaliste de Hegel et de l’ordre de liaison entre les trois ensembles. [Karl Marx, Friedrich Engels, L’idéologie allemande, Paris, Éditions Sociales, 1968, p. 69, Ibidem, p. 60.]

« Dans le système de Hegel, ce sont les idées, pensées, concepts qui ont produit, déterminé, dominé la vie réelle des hommes, leur monde matériel, leurs rapports réels » [Ibidem, p. 40, note 2, passage biffé du manuscrit). On peut cependant retrouver chez Hegel la reconnaissance des trois moments de l’anthroponomie, famille, société civile, État, dans Principes de la philosophie du droit, traduction André Kaan, préface Jean Hyppolite, Paris, NRF, Gallimard, 1949, p. 57.]

À sa façon imagée, Victor Hugo, quant à lui, avait pu magnifier les trois luttes, répondant aux trois besoins humains : « La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l’homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu’il croit, de là le temple ; il faut qu’il crée, de là la cité ; il faut qu’il vive, de là la charrue et le navire […]. Un triple anankè [nécessité] pèse sur nous, l’anankè des dogmes, l’anankè des lois, l’anankè des choses. » [Victor Hugo, Les travailleurs de la mer, 1866, Paris, Folio, Gallimard, 2008, p. 89, en exergue.]

Max Weber souligne lui aussi les influences réciproques des trois aspects. À propos de « l’évolution de notre civilisation moderne, spécifiquement orientée vers “le temporel” que de multiples facteurs ont contribué à façonner », il évoque : « L’incroyable enchevêtrement d’influences réciproques entre les fondements matériels, les formes d’organisations sociales et politiques et le contenu spirituel des époques culturelles réformatrices. » [Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904-1905, 2è édition, 1920, Paris, Flammarion, 2009, p. 85-86.]

Sigmund Freud avait aussi à sa façon, à propos des « orientations de la civilisation », rapproché le savoir, les biens et les rapports des hommes entre eux en écrivant  : « La culture humaine… et je dédaigne de séparer la civilisation  de  la   “culture”… comprend tout le savoir et le pouvoir qu’ont acquis les hommes afin de maîtriser les forces de la nature et de conquérir sur elle des biens… toutes les dispositions nécessaires pour régler les rapports des hommes entre eux, il distinguait et réunissait toujours au sujet de la civilisation les ressources matérielles, les moyens de coercition et le patrimoine spirituel : « Nous étions tentés de rechercher le propre de la civilisation dans les ressources matérielles… mais… côté des ressources, il y a les moyens… de coercition et… le patrimoine spirituel de la culture » [Sigmund Freud, L’avenir d’une illusion, 1927, PUF, Pais, 1973, p. 8.Ibidem, p. 15.]

Marcel Mauss, dans son exposé de 1930 intitulé Les civilisations. Éléments et formes, distingue précisément, à son tour, trois ensembles : les pratiques collectives, les produits matériels et les idées. [Marcel Mauss, Essais de sociologie, Éditions de Minuit, Paris, 1968, 1971, p. 239 et 245.] « La forme d’une civilisation est le total […] des aspects spéciaux que revêtent les idées, les pratiques et les produits communs ou plus ou moins communs à un certain nombre de sociétés données. » Ou encore « Les phénomènes de civilisation [sont] communs à un nombre plus ou moins grand de sociétés et à un passé plus ou moins long de ces sociétés. » [Marcel Mauss, Essais de sociologie, op. cit., p. 233-234.] Ou encore : « Des représentations et des pratiques collectives […] les produits qui les matérialisent. »

Armand Cuvillier, dans son étude de la bibliographie sur les civilisations en 1963, sous le titre Sociologie de civilisations, insiste sur une définition de Clark Wissler sur les éléments de toute civilisation où l’on retrouve au fond les trois éléments : les organisations sociales, les moyens matériels et la culture. Il se réfère aussi aux travaux de Sorokin, à propos de la culture au sens large, identifiée en général à une civilisation, qui elle aussi est caractérisée par les trois rubriques : des « personnes en interactions », des « significations, valeurs et normes », ainsi que tous leurs « véhicules » matériels.

Bronislaw Malinowski répond, à son tour, à la question : Qu’est-ce que la culture ?, au sens d’une civilisation : « Il s’agit de cette totalité où entrent les ustensiles et les biens de consommation ; les chartes organiques réglant les divers groupements sociaux, les idées et les arts, les croyances et coutumes […] On a affaire à un vaste appareil, pour une part matériel, pour une part humain et pour une autre part spirituel. […] Le mythe constitue donc un ingrédient indispensable de toute civilisation… nous avons montré l’impossibilité qu’il y a à séparer le mythe du rituel, de la sociologie, voire de la culture matérielle… intégrés dans la réalité à trois dimensions de la vie pleine et entière. » Ou encore, à propos de « l’état civilisé », il affirme : « Quelque simple que soit la culture, l’homme dispose d’un ensemble matériel d’instruments… il évolue dans son milieu social… il communique avec les autres à l’aide du langage et arrive à former des concepts d’un caractère rationnel, religieux ou magique. » Et aussi au sujet de la civilisation humaine, il précise que, équipée de « certains objets », une culture matérielle est inconcevable sans l’existence concomitante d’« une organisation, d’une morale, d’une religion. » [Bronislaw Malinowski. Mœurs et coutumes des Mélanésiens, édition française, 1933, réédité comme Trois essais sur la vie sociale des primitifs, Payot, 1968, p. 152-153, ainsi que Bronislaw Malinowski. La sexualité et sa répression dans les sociétés primitives, Payot, Paris, 1932, p. 141-142.Ibidem, p. 123.]

Antonio Gramsci, à propos de la question « Qu’est-ce que l’homme ? », se réfère aux trois éléments constitutifs des civilisations. Il le fait d’abord dans une formulation un peu étroite, privilégiant l’économie, puis il relie rapports entre hommes, technique et conscience. [Antonio Gramsci. Cahiers de prison (1929-1935), 1re édition italienne (1948-1951), en français, Bibliothèque de philosophie, NRF, Gallimard, 5 volumes, présenté par Robert Paris, 1996. Gramsci dans le texte, Recueil de textes sous la direction de François Ricci traduit de l’italien, Paris, Éditions Sociales, 1975, p. 177 ; Gramsci, La formazione dell’uomo Textes sous la direction de Giovanni Urbani.]

De son côté, la philosophe Simone Weil (1909-1943) peut préciser les trois éléments des rapports sociaux de marché, des techniques, du machinisme et de la culture algébrique dans la civilisation contemporaine en proclamant : « Argent, machinisme, algèbre : les trois monstres de la civilisation actuelle ».

Julian Huxley distingue strictement les trois facteurs constitutifs, en précisant, toujours à propos de « culture » identifiée à civilisation : « Une culture consiste dans l’autoreproduction ou les produits reproductibles des activités mentales d’un groupe d’individus humains vivant dans une société. Ceux-ci peuvent être en général divisés en artifacts – objets matériels créés pour exécuter des fonctions matérielles ; socifacts – institutions et organisations pour fournir le cadre d’une unité sociale ou politique et pour maintenir les relations sociales entre ses membres ; et mentifacts – constructions mentales qui fournissent le cadre psychologique d’une culture et exercent des fonctions intellectuelles, esthétiques, spirituelles, éthiques ou autres fonctions psychologiques. » [Julian Huxley, « Evolution, Cultural and Biological » in Knowledge, Morality and Destiny, New York, Harper & Brothers 1957, réédité par The New American Library of World Literature, Inc, New York, 1960. Ibidem, 1960, p. 73.]

Claude Lévi-Strauss peut affirmer dans une analyse où il évoque la civilisation occidentale et les autres civilisations, « chaque culture » regroupe les mêmes éléments, où l’on retrouve les trois ensembles : une organisation sociale ; des techniques ; un art, des connaissances, des croyances. « Tous les hommes sans exception possèdent un langage, des techniques, un art, des connaissances positives, des croyances religieuses, une organisation sociale économique et politique » [Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, 1952, repris dans Anthropologie structurale, 1973, Paris, Plon, 1977, p. 401.]

Enfin, Fernand Braudel souligne que sociétés, économies et mentalités, constituent des phénomènes de civilisation dans des « espaces » pendant des « siècles ». « Les civilisations [sont] des espaces […] des sociétés […] des économies […] des mentalités collectives » avec des « continuités » pendant « des siècles et des siècles. Ainsi, ces trois ensembles d’éléments d’une civilisation caractérisent en effet, avec leur originalité typée, un ensemble de sociétés humaines concrètes, historique ment et géographiquement situées, pendant une longue durée, formant  système. [Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Belin, 1963 ; Flammarion, 1987.]

Affirmant que « l’histoire peut recevoir de la part des théoriciens des systèmes… un regard méthodologique », Bertalanffy évoque alors un « groupe social formé d’individus distincts » et « encore plus… une civilisation formée de générations d’êtres humains, de produits matériels, d’institutions, d’idées, de valeurs, que sais-je encore. » [Ludwig Von Bertalanffy, Théorie générale des systèmes, p. 114 et 121 [1968] traduction française, Paris, Dunod, 1993.]

 

1. Qui concernent les domaines autres que l’économie.

 

 

 

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