Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La révolution informationnelle, ses ambivalences, ses antagonismes, ses potentialités1

Le concept de révolution informationnelle a été avancé au début des années 1980, en partant de la théorie de Marx sur la révolution industrielle2. On a parlé par la suite de Société de l’information. Mais nos sociétés sont toujours dominées par le marché et le capitalisme ainsi que par les délégations de pouvoir et les États ; même si la profondeur des mutations a entraîné une crise systémique radicale. Face à l’ambivalence et même aux antagonismes des implications sociales de la révolution informationnelle, le dépassement des monopolisations de l’information représente plus un potentiel qu’une réalité, malgré certaines tentatives. Ce dépassement se rattache à des transformations sociales d’ensemble très profondes, qui seraient devenues possibles, et à la visée d’une autre civilisation de toute l’humanité.

I. La révolution technologique et les ambivalences de ses implications sociales

1. Définition critique et ampleur des implications de la révolution informationnelle

est à partir de l’analyse de Marx sur la révolution industrielle qu’il a pu tout d’abord être possible, au début des années 19603, de préciser la spécificité historique de la révolution de l’automation. Le concept de révolution informationnelle a pu être avancé au début des années 1980.

Dans la révolution industrielle, qui est au fondement du système capitaliste, on a essentiellement le remplacement de la main de l’artisan maniant l’outil par la machine-outil qui fait mouvoir l’outil. Dans la révolution informationnelle, on a essentiellement le remplacement de certaines fonctions du cerveau humain par des moyens matériels, cela pour des opérations de stockage, de traitement et de transferts d’informations, comme cela a lieu avec les ordinateurs.

C’est donc à tort que l’on parle de nouvelle révolution industrielle. Il y a cependant une part de vérité dans cette erreur. Elle réside dans le fait qu’il existe aujourd’hui un processus mondial d’achèvement de la révolution industrielle. On commence à pouvoir remplacer complètement l’ouvrier dans le maniement de l’outil, et même dans la commande de la machine-outil. En effet, la main résistait parce qu’il y avait une intelligence derrière elle. On s’en aperçoit quand on veut remplacer des ouvriers non qualifiés par des robots, avec l’automation4 au-delà de l’automatisation. C’est ainsi que le remplacement de certaines fonctions du cerveau humain, avec le début d’une nouvelle révolution technologique d’ensemble, permet le long processus d’achèvement de la révolution précédente.

Mais surtout, avec les ordinateurs, ce n’est pas seulement la production matérielle et l’économie qui sont concernées. Déjà l’imprimerie avait permis le remplacement de la main maniant la plume, avec de très importantes implications sociétales. Désormais, avec la révolution de la numérisation binaire, les moyens des services et de la production informationnelle connaissent une autre révolution plus profonde encore. La numérisation binaire peut matérialiser tous les types d’informations objectives. Elle permet aussi une miniaturisation indéfinie des supports matériels ainsi que l’universalisation de la symbolisation (que ces supports matérialisent), le traitement automatique de l’information, sa télécommunication, etc.

Le concept de révolution informationnelle s’oppose à la notion antérieure de révolution scientifique et technique ou à la notion de révolution de la connaissance. En effet, toutes les grandes révolutions technologiques historiques ont été des révolutions techniques et de la connaissance. Afin de justifier l’expression de révolution scientifique, on insiste sur le rôle de la science dans la production, alors que dans la réalité historique, comme d’ailleurs dans l’analyse de Marx lui-même, c’est précisément avec la révolution industrielle et avec l’émancipation des outils par rapport aux limites subjectives des mains, qu’a de plus en plus progressé l’utilisation des sciences de la nature (physiques et chimiques) pour la production. Certes, ici encore, la révolution informationnelle permettrait de pousser au maximum cette tendance. Mais aussi, à l’opposé d’une conception scientiste et technocratique, elle concerne également une importance décisive de la formation de qualité pour tous, ainsi que la mise à la disposition de chacun et de chacune des moyens de l’accès à toute les informations, de leur partage et surtout de l’intervention sur elles.

à l’opposé de l’accent mis sans distinction sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), voire de façon unilatérale sur la « révolution de la communication », le concept de révolution informationnelle, met l’accent sur la question du remplacement de certaines activités informationnelles humaines par des moyens matériels et sur le traitement des informations5, dans un mouvement entraînant la prédominance de l’information dans toutes les activités.

Toutefois, il y a des relations dialectiques entre cette prédominance de l’information, sa création, ses moyens et le rôle crucial des réseaux d’accès et de communication, avec le cyberespace.

L’imprimerie avait, à la fois, développé l’accès de masse à l’information par la lecture fondée sur l’alphabétisation, avec le bon marché des livres et le caractère standard des lettres, mais aussi maintenu la coupure en matière d’information, avec la contradiction entre les auteurs (eux-mêmes dépendants d’éditeurs) et le public des lecteurs.

La révolution numérique permet aujourd’hui la transcription en signes binaires non seulement de tous les textes mais, au-delà, de toutes les données, sons, images etc., ainsi que leur télécommunication et leur traitement automatique. Cela peut exacerber la coupure traditionnelle : cela est le cas avec la domination monopolisatrice des informations qui l’emporte actuellement. Mais la révolution informationnelle ouvre aussi un potentiel de dépassement de la coupure entre créateurs informationnels et utilisateurs. Contrairement à l’insistance de certains sur le «document» ou sur «le support papier ou numérique»6 opposés au prétendu «vague» des termes d’information ou de communication, la révolution numérique permet une sorte de développement de l’information en soi. Cette dernière s’autonomise comme jamais auparavant. Il en est ainsi avec l’intercommunication des supports et le multimédia, l’assistance au traitement des informations. Cela rend possible l’intervention active et modificatrice personnelle de chacun. Il y a la possibilité d’un dépassement graduel de la scission auteur/lecteur, en allant vers l’intercréativité et en mettant en cause les monopolisations actuelles.

Comme jadis lorsque les activités industrielles devenaient prédominantes et envahissaient tout avec la révolution de la machine-outil, les activités informationnelles deviendraient prédominantes et décisives dans tous les domaines, avec la révolution des ordinateurs. D’ailleurs, les logiciels, décisifs pour l’utilisation des ordinateurs, sont des créations proprement informationnelles à l’opposé des matériels. Bien plus, un rôle nouveau pourrait se développer pour tous les êtres humains : celui de dépassement de l’exécution ou de simples applications des créations informationnelles et du développement de la participation de tous à la création. Ce n’est certes là qu’un champ de potentialités. Des potentialités et des réalisations que les dominations existantes cherchent à récupérer, avec des participations marginalisées, pour se renouveler et même s’exacerber.

2. Éléments sur les technologies de la révolution informationnelle et leurs ambivalences sociales

La lourdeur des premiers équipements informatiques a contribué aux baisses d’efficacité des capitaux qui ont conduit à la crise systémique à la fin des années 1960. La chute des coûts de la micro-électronique, à partir des années 1970, va permettre de faire des économies massives pour les nouveaux matériels tout en leur donnant une grande diffusion. C’est aussi le cas de l’ordinateur personnel (personal computer ou PC) à partir du début des années 1980, grâce aux microprocesseurs et à des logiciels d’exploitation adaptés7.

Dans la production, c’est avec la productique, la transformation révolutionnaire des machines-outils, celle de leur commande. Celle aussi de l’expansion de leur utilisation avec l’informatique et ses programmes, les ordinateurs et leurs logiciels. Il s’agit de la multiplication et de la mise en système des machines-outils à commandes numériques (MOCN), des robots de la chaîne robotique, etc. La miniaturisation des matériels, allant jusqu’aux nanotechnologies, va de pair avec les opérations sur des symboles indéfiniment miniaturisables.

Après une première génération de machines-outils à commande numérique, où les actions des ouvriers qualifiés ont été enregistrées, notamment sous forme de courbes numérisées, est venue une deuxième génération, avec une transformation de ces informations d’opérations. Elle a rendu possible des mouvements tellement complexes qu’aucune main ne serait capable de les diriger avec la précision nécessaire8.

Il faudrait aussi prendre en considération les nouveaux matériaux (composites, etc.). Il s’agit tout particulièrement des débuts des bio-technologies, à partir de l’information génétique et des banques de données biologiques. Cela renvoie à la révolution écologique qui va de pair avec la révolution informationnelle. Elle n’est pas seulement concernée par les défis des pollutions ou de l’effet de serre, etc. Elle se rapporte aussi aux nouveaux domaines, tels l’espace, la profondeur des océans, les processus biologiques, etc.

On assiste enfin à la montée prédominante des services de nature informationnelle, pour les entreprises et les particuliers, utilisant les nouveaux matériels et les logiciels. Avec la diffusion des ordinateurs personnels puis des nouveaux terminaux portables, on voit se développer la mise en réseau et les réseaux d’Internet, avec les services et les moteurs de recherche qui leur sont liés.

Avec les logiciels, on dispose d’intermédiaires informationnels «entre l’utilisateur et l’ordinateur» qui permettent «de traduire les problèmes des acteurs humains dans le répertoire de la machine»9. Ce sont eux qui prédominent dans les techniques informatiques10. Ces techniques sont à la base de la révolution informationnelle. En même temps celle-ci, caractérisée par la prédominance des informations, ne se réduit pas aux nouvelles techniques.

Dans tous ces processus, une ambivalence et même un antagonisme se sont développés. Ils sont caractérisés par l’opposition entre l’usage plus ou moins passif des logiciels, lié à la domination du marché et des groupes monopolistes éditeurs, et les utilisations plus ou moins créatrices par les usagers eux-mêmes. À la scission induite par le marché entre consommation et production, entre offre et demande, pourrait s’opposer le développement du partage de la créativité entre les utilisateurs et les producteurs.

Cela renvoie à la question des «logiciels libres» et à la distinction entre «code-source» («texte de programme écrit dans un langage de programmation compréhensible par l’être humain») et «code-objet» («suite d’instructions en langage machine»). Pouvoir disposer du code-source «autorise un nombre illimité de modifications permettant de générer facilement un programme au comportement différent». Les logiciels commercialisés «sont généralement livrés uniquement sous forme de code-objet et l’utilisateur ne peut pas disposer du code-source». Dans le cas des logiciels dits libres, «le code-source est librement accessible, redistribuable et modifiable»11.

Il y a opposition entre d’un côté la diffusion d’un logiciel libre, de fait gratuit, comme Linux, qui rend possibles les coopérations bénévoles de milliers de programmeurs dispersés dans le monde, et de l’autre les entreprises monopolistiques de fournisseurs de logiciels, comme Microsoft ou IBM, avec une vingtaine de groupes multinationaux12. On assiste par ailleurs à la fois au soutien et à la récupération des logiciels libres par des groupes monopolistiques, producteurs de matériels ou de logiciels, comme DELL, SUN ou IBM. Ils compensent leur manque à gagner par des avantages compétitifs dans la conquête de clients pour la vente de services à forte valeur ajoutée qui sont liés aux logiciels libres et par l’orientation de développements allant dans le sens de leurs intérêts.13 On voit cependant aussi progresser la tendance à construire des logiciels à partir d’autres logiciels ainsi que le besoin de coopérations entre les utilisateurs, pour les mettre au point.

Il faudrait aussi évoquer les moteurs de recherches, permettant de rechercher des informations et leurs références sur Internet. Ce dernier réseau, avec ses bases de données et ses liaisons entre participants dans le temps et dans l’espace, a pu être salué comme constituant «un nouveau cerveau» et un «système nerveux» pour l’humanité14. Il existerait, cependant, «une frontière ténue entre les résultats des moteurs de recherche et la pub pure et simple», cela dans la mesure où ces résultats des moteurs de recherche sont souvent payés par des sociétés commerciales qui achètent des mots-clefs pour mettre en premier leurs références et les liens vers leurs sites15. Ces sociétés ont, en outre, des sites qui peuvent épier les commandes de chacun. Il en résulte des protestations des usagers et la montée de leurs exigences, avec leurs associations, pour disposer de nouveaux pouvoirs face aux groupes monopolistes des médias électroniques16.

Enfin, il convient d’insister sur l’importance des débats et des dispositions légales qui concernent les droits d’auteur, le copyright et le téléchargement des informations de toutes sortes et non seulement de musique. Ici encore, on retrouve l’opposition entre les offres payantes des Majors monopolistiques, (avec leurs efforts de protection légale ou technique), et par ailleurs les offres gratuites (comme pour les logiciels libres) condensées dans le jeu de mot du «copyleft». C’est dans ce cadre que se situent aussi les actions pour récupérer les sites de partage gratuits (comme le fait IBM) ou même pour les racheter comme le fait Google17. D’une façon générale, dans ces stratégies des firmes les coûts de la gratuité peuvent être couverts et rentabilisés par la publicité et ses détournements.

Il faudrait encore évoquer ici tous les enjeux des rémunérations des auteurs, éventuellement utilisés par les éditeurs monopolistiques, ou ceux des prélèvements publics et d’un possible Fonds de soutien de la création. Cela concerne également les dispositions visant une autorité administrative régulatrice, comme avec la loi française de 2006 sur les Droits d’auteur et droits voisins dans la Société de l’information, appliquant la directive européenne sur le copyright18.

3. Exacerbation et mise en cause possible de la domination des marchés et des délégations représentatives

Au plan économique, monte le défi de l’exacerbation des manipulations commerciales, à partir des informations, qui traitent les êtres humains comme une masse de consommateurs plus ou moins captifs. Et au plan anthroponomique, ou de la vie non économique, monte le défi de l’exacerbation des contrôles informationnels possibles de tous les comportements humains19. Cela nous place devant une question cruciale : celle de la mise en cause des marchés et des délégations représentatives, comme celle de l’État.

Plus largement, on se trouverait devant l’opposition entre deux types historiques de systèmes économiques et de systèmes anthroponomiques, avec les questions de leur alternance et de leur dépassement.

Au plan économique, à la circulation de type marchand des produits et des services, par les échanges sur le marché, s’opposent leur circulation et leur accès par les dons obligatoires de type non marchand. Le développement de réseaux et modes d’accès, fondés sur l’usage provisoire de ces produits et services au lieu de leur propriété20, irait dans le sens d’un dépassement possible du marché, sans pour autant retourner aux dominations liées aux dons obligatoires des rapports sociaux féodaux.

Toutefois, l’accent mis sur ces tendances radicalement nouvelles et même la protestation contre la marchandisation de toutes les expériences humaines, ont pu aller de pair avec l’illusion d’entrer dans un nouveau «capitalisme culturel» et d’un prétendu «équilibre» durable entre culture et marché, où les forces du marché seraient seulement «contenues»21.

Au plan anthroponomique, l’opposition historique entre civilisations où prédominent l’indépendance des personnes et leurs délégations, et celles où prédominent les communautés hiérarchiques, serait en cause. En effet, la question se pose d’un dépassement éventuel de cette opposition par des partages jusqu’à chacun, dans le cadre d’une nouvelle civilisation de toute l’humanité.

II - Implication pour la crise de la mondialisation capitaliste et le début de maîtrise et de dépassement possible des marchés

La révolution informationnelle rendrait compte de la radicalité de la crise du système capitaliste mondialisé. Crise ne signifie pas uniquement difficultés très graves, mais aussi antagonismes nouveaux et instabilités en raison de progressions très fortes et de novations extrêmement importantes quoique refoulées.

Je ne pense pas que les expressions de capitalisme d’information, ou informationnel, ou culturel ou cognitif soient appropriées au plan économique. Je préfère faire l’hypothèse du développement de la révolution informationnelle dans le cadre d’un système capitaliste mondialisé, lui-même en crise systémique radicale, généralisée et durable, avec en son sein des potentialités d’avancées vers une autre civilisation.

1. Les partages des résultats, des coûts ou des opérations informationnels et leurs ambivalences fondamentales

Ce qui tend à prédominer, y compris pour la production matérielle, ce sont les informations objectivées et symbolisées. C’est la recherche-développement dans la production, mais aussi la formation pour le travail, les «données» et l’accès aux données, avec en outre la progression explosive des services.

Il en résulte un premier ensemble fondamental d’implications : le développement du partage des coûts informationnels, à l’opposé des échanges classiques sur le marché22. En effet, désormais les informations symbolisées prédominent. Elles sont fondamentalement différentes des machines ou encore de produits industriels standards. Comme nous l’avons déjà expliqué, une machine-outil est ici ou là : c’est une des bases de sa propriété privée, de son échange et de la concurrence. Une information, comme le résultat d’une recherche, peut, par contre, être partagée indéfiniment, jusqu’à l’échelle mondiale. À l’opposé de l’échange sur le marché entre équivalents, dans le cas de l’information, nous avons un partage des coûts possible.

On peut considérer que la montée de la prédominance des partages des résultats et des coûts informationnels entraîne, désormais, la possibilité d’autres règles que celles du marché et du capitalisme.

Cependant, nous l’avons vu, sous les pressions spéculatives, idéologiques et politiques des capitaux financiers transnationalisés, la prédominance des informations et de leurs partages a été récupérée, avec la mondialisation capitaliste, par les privatisations et l’expansion formidable des groupes monopolistes multinationaux. En effet, ces derniers peuvent partager les coûts de recherche-développement à l’échelle mondiale, et cela bien davantage que ne le pourrait une entreprise publique nationale. Ils utilisent le marché financier pour les prises de contrôle, le financement et aussi la valorisation des actifs informationnels ou immatériels23. Ils visent en outre le contrôle des marchés et la protection de leurs surprofits.

Le partage des coûts informationnels cherche à réduire les coûts dans de grands ensembles privatifs monopolistiques. Mais ceux-ci rivalisent entre eux, jusqu’à chercher à se détruire. Ils mettent en concurrence les salariés du monde entier en détruisant des emplois, et en refoulant les exigences nouvelles de formation, pour la rentabilité financière des capitaux. D’où l’ambivalence et les antagonismes entre le développement des potentiels de dépassement effectif et, au contraire, l’exaspération des contradictions et des rentes du système existant mondialisé24.

On pourrait réaliser un partage des coûts le plus généralisé possible jusqu’à l’échelle mondiale, en établissant des coopérations intimes entre entreprises publiques au plan international, et cela dans la perspective de services et biens communs de l’humanité. On pourrait également partager les résultats avec les travailleurs pour leur promotion. En effet, plus il y aura de travailleurs suffisamment formés, employés et impliqués et plus on pourra réduire les mêmes coûts informationnels par unité de production, en principe.

Ou bien, comme cela a lieu dans la réalité du système existant en crise, les partages des coûts informationnels sont opérés en exaspérant les dominations privatisées, les fusions monopolistiques rivales, les pressions sur les sous-traitants, et tous les rejets sociaux25.

Le concept de «partage» de l’information révèle l’opposition entre les nouvelles tendances et l’échange sur le marché. Il rend compte aussi de l’exacerbation du marché, par la concurrence entre groupes multinationaux. Comme nous l’avons indiqué, il va bien au-delà du concept «d’externalité positive» des dépenses de recherche de l’entreprise, bénéficiant à l’extérieur de l’entreprise, et justifiant le soutien traditionnel de l’État. Il va aussi au-delà du concept «d’économie d’échelle», justifiant la concentration, ou encore de celui de «coût de reproduction négligeable», justifiant les surprofits par la conquête des marchés. Le partage se relie aux concepts de bien non rival et de bien non exclusif. Mais il ne se limite pas à certains biens plus ou moins classiques, en concernant les caractères grandissants de toute la production dans les conditions de la révolution informationnelle.

On rencontre encore une autre ambivalence fondamentale. D’un côté, avec de nouvelles formations, il est possible de faire considérablement progresser des pouvoirs de maîtrise de l’organisation du travail sur la base de la coopération. Cela permettrait de commencer à dépasser les scissions entre catégories de travailleurs, comme avec les groupes autonomes, leur caractère polyfonctionnel, etc. D’un autre côté dans le système actuel, on assiste à l’accroissement de l’intensification du travail, des pressions et du stress sur les travailleurs avec les nouvelles responsabilités, en liaison avec les contraintes de la précarisation et les menaces de licenciement. Cela renvoie aux appareils hiérarchiques de programmation de l’entreprise ou encore aux systèmes informatiques de contrôle des postes de travail26. Il en résulte un refoulement possible de la créativité de tous, pourtant sollicitée, et de nouvelles aliénations, à partir même des nouvelles responsabilités des travailleurs.

2. Défis des partages des groupes multinationaux, de la suraccumulation financière, du chômage massif et de la précarité mondialisés

La conjugaison des nouvelles économies technologiques et des réductions des dépenses salariales ou sociales entraîne des pressions sur la demande globale relativement à la croissance de la production, fortes et durables. Pour les économies de moyens matériels, c’est la baisse durable, extrêmement forte et même vertigineuse des coûts des composants électroniques, avec leur miniaturisation possible indéfinie comme supports de signes symboliques, à effet utile égal. On a évoqué une loi empirique, la loi de Moore, selon laquelle les performances des composants doublent tous les 18 à 24 mois. Cela exprime l’impact de la miniaturisation avec la chute formidable des coûts des «puces» électroniques27. Au niveau de la nanoélectronique (1 nanomètre =10-9 m), la possibilité existe de dépasser, dit-on, l’utilisation de machines-outils macroscopiques, même opérant à l’échelle du micromètre28.

Il faudrait aussi prendre en compte le passage de l’industrie à un système où les services sont prédominants, à l’opposé du passage traditionnel de l’agriculture à l’industrie. Or, le rapport moyens matériels/résultats tend à s’élever quand on passe à l’industrie. À l’inverse, il tend à s’abaisser quand on passe aux services.

À côté de ces économies relatives de moyens matériels et du travail incorporé en eux, il faut considérer celles des travailleurs qui utilisent ces moyens. Elles se sont aussi renforcées. À la diminution du travail direct et du travail incorporé dans les moyens matériels, s’ajoutent les pressions sur les salaires et les dépenses sociales. D’où l’insuffisance de la demande, et le chômage massif. À côté du chômage de masse classique des longues phases de difficultés, progressent comme jamais la flexibilisation et la précarisation des emplois, des temps partiels, etc., avec les vagues de changements technologiques. Participent à cette précarisation la concurrence par la progression du travail féminin moins payé et la concurrence des travailleurs du monde entier, avec la salarisation généralisée permise par les entreprises multinationales.

La crise systémique du «capitalisme monopoliste d’État social», de son secteur public et de sa protection sociale, se relie aux partages des coûts informationnels des groupes privés rivaux. C’est dans ce contexte que se situent les processus récents : l’expansion des firmes monopolistes géantes ; les organisations pluri-étatiques zonales, comme l’Union européenne, et jusqu’à l’échelle mondiale ; la concurrence salariale mondialisée ; les dérégulations de tous les marchés nationaux. Telle est la base de la mondialisation de l’économie capitaliste, celle de la prédominance des accumulations financières et des crises financières, ainsi que de l’hégémonie des États-Unis et de leurs firmes multinationales, y compris celles qui dominent sur les techniques de la révolution informationnelle et sur Internet.

Cependant, la révolution informationnelle rend désormais possible le développement de partages institutionnalisés non-monopolisateurs. Cela concernerait les quatre marchés fondamentaux : celui du travail, de la monnaie et de la finance, des productions, et le marché mondial29.

On pourrait maîtriser le marché du travail et commencer à le dépasser par une «sécurité mobile d’emploi ou de formation», pour chacune et chacun, se situant bien au-delà du plein-emploi traditionnel (qui maintient un taux de chômage)30, avec la mise en formation alternant avec l’emploi. Et on développerait une socialisation nouvelle des services publics.

III - Implications pour la crise du libéralisme mondialisé et le début de maîtrises et dépassements possibles des délégations représentatives

Les antagonismes et les enjeux non économiques (ou anthroponomiques), avec les exigences d’une autre vie pour les êtres humains, deviennent sans doute les plus décisifs. Cependant, ces exigences se heurtent à la fois aux dominations étatiques et culturelles, et aussi aux dominations économiques monopolistiques.

1. Les partages d’informations de la révolution numérique et leurs ambivalences fondamentales

La révolution numérique et la télé-numérisation intermédia de toutes les informations humaines31 ont des caractères et des implications sociétales qui peuvent s’opposer à ceux qui se rattachent aux technologies de l’imprimerie dans les sociétés libérales. Cela peut à la fois exacerber, mais aussi mettre en cause les séparations éditeurs/auteurs/lecteurs dans l’ensemble de la culture et, par là même, pour la vie en société.

La possibilité monterait de la prédominance de dialogues inter-actifs, éventuellement opposés à la scission «auteurs/lecteurs», avec la rotation des rôles pour chacune et chacun entre apport et écoute ou réception. Un partage des activités de création informationnelle commence à être possible à tous les niveaux, avec notamment les sites et blogs personnels ou d’associations. Mais à l’inverse, les exigences concernant les capacités créatrices et les financements peuvent aussi entraîner les prises de contrôle des activités les plus intéressantes, leur utilisation par la publicité ainsi que la domination des services par les groupes monopolistes.

En ce qui concerne les créations informationnelles, c’est la remontée des images et des sons du multimédia, aux côtés des signes de l’écriture, sans que ceux-ci régressent. Ce sont aussi les icônes, les graphes, les arborescences non linéaires de l’hypertexte, etc. Cela peut faciliter une accessibilité, partagée entre tous, des données et des créations informationnelles. Cela à l’opposé des difficultés du pur écrit, abstrait et linéaire. Mais ces processus et leurs potentialités sont d’abord récupérés par le système dominant pour renforcer la monopolisation des représentations et nourrir l’identification du public aux communicateurs dominants, en créant l’illusion qu’il s’agit de la vie réelle.

À propos des relations au temps historique, à l’opposé de la valorisation de la dernière nouveauté de l’imprimé, laquelle peut s’amplifier encore, l’information nouvelle pourrait désormais rester ouverte aux retransformations possibles et aux modifications opérées par chacun. À l’opposé des majorations alternatives soit du passé, comme cela était le cas dans les sociétés de type médiéval, ou au contraire du présent dans les sociétés de type libéral, la dialectique «passé/présent» serait plus ouverte sur le futur et sur la prospective, tandis que le développement des simulations du virtuel y contribuerait. Cela ouvre la possibilité de voir chacun participer à un processus inachevé de création. Tout cela n’empêche pas les ambivalences et les nécessités de luttes nouvelles, face aux actuelles fractures sociales sur le terrain de l’accès au numérique.

2. Dérives du système et défis de nouvelles interventions publiques et associatives, politiques et culturelles

La participation de la révolution informationnelle à la diffusion mondialisée du libéralisme et de l’hyperlibéralisme va de la contribution à la liberté émancipatrice des mœurs à celle des perversités éventuelles ; de l’enrichissement formidable des informations accessibles jusqu’à des activités proprement criminelles. Ce sont aussi diverses censures, étatiques ou non. Mais les nouvelles conditions techniques peuvent, au contraire, provoquer et nourrir des efforts citoyens de contrôles démocratiques légaux, nationaux et internationaux, et de maîtrise concertée par les groupes d’usagers associés.

Face aux dominations des entreprises multinationales ou encore des appareils étatiques, d’autres groupements pourraient intervenir. C’est déjà l’utilisation grandissante des moyens de la révolution informationnelle par les associations non lucratives et d’intérêt social, par les universités et institutions de recherche, ou encore par les partis politiques, etc. Mais aussi, face à l’insuffisance des compétences et des moyens, c’est la possibilité de nouvelles associations d’usagers que les pouvoirs publics pourraient favoriser avec de nouveaux droits pour leurs réseaux citoyens32. Cela peut renvoyer à l’exigence de chartes de droits des internautes, à de nouvelles formations de type public ou associatif pour les usagers, de liaisons entre des rencontres de proximité et des collectivités thématiques de créateurs et d’utilisateurs, d’institutions concertées de vérification et d’arbitrage, etc.33

C’est l’enjeu d’une alternative majeure : va-t-on aller vers l’appui des pouvoirs publics à la maîtrise par les usagers et leurs associations ? Ou bien vers le soutien renforcé des pouvoirs publics à la domination des appareils étatiques et/ou commerciaux34 ?

Mais tout cela renvoie aussi à des transformations profondes non seulement économiques mais anthroponomiques de nos sociétés et de notre civilisation.

Les dominations des délégations représentatives pourraient être mises en cause pour aller vers une nouvelle civilisation. Ces délégations représentatives ne concernent pas seulement le système politique ou le moment politique de l’anthroponomie, avec l’exacerbation du présidentialisme des chefs d’États ou encore des institutions supranationales. Elles concernent la gamme des diverses dominations, toutes aujourd’hui en crise : celle des chefs de famille, des chefs d’entreprise, des directeurs de pensée ou de conscience.

Dans le champ politique, il s’agirait d’avancées de pouvoirs de démocratie participative et d’interventions directes de chacune et de chacun, cela dans le cadre d’une mixité institutionnelle radicalement nouvelle avec des assemblées élues ressourcées. Cela concernerait le développement de pouvoirs décentralisés depuis le plan local et celui de leurs concertations institutionnalisées : aux niveaux régional, national, zonal et même mondial jusqu’aux institutions internationales.

Sur le plan culturel, l’épanouissement d’une culture de l’humanité, à la fois commune et diverse, serait favorisé par les avancées d’un nouvel humanisme, de paix, de partages, d’intercréativité, en relation avec un mouvement de rapprochements des religions, à l’opposé des intégrismes et avec un nouvel œcuménisme. Il s’agirait d’un humanisme non seulement de tolérance mais de respect de la dignité créatrice de chaque être humain.

Cela implique sans doute un essor de l’ensemble des luttes sociales, politiques et culturelles. Des luttes qui devraient concerner aussi la construction des convergences des trois bases sociales actuelles d’émancipation. Celle de toutes les catégories de salariés, celle des femmes et des rapports entre genres ou générations, celle des immigrés, des différents peuples et aires culturelles de toute l’humanité.

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1. Cf. Paul Boccara, La Pensée, n°353, janvier-février 2008. «Les ambivalences de la révolution informationnelle. Antagonismes et potentialités».

2. Cf. notamment, Paul Boccara, Issues 16, 2e-3e trimestres1983, «Cycles longs, mutations technologiqus et originalitésde la crise de structure actuelle». Ainsi que La Pensée, sept.-oct. 1984, «Quelques indications sur la révoution informationnelle».

3. Paul Boccara, «Sur la révolution industrielle du xviiiesiècle et ses prolongements jusqu’à l’automation», La Pensée, n°115, juin1964.

4. Expression de D.S. Harder ou de John Diebold. Cf. John Diebold, Automation, traduction française Automatisme s(Automation), Paris, Dunod, 1957.

5. Voir dans le même sens K. Fuchs-Kittowski, «Information Neither Matter nor Mind on the essence and on the Evolutionary Stage Conception of Information», World Futures, 1997, vol. 50. Et en sens contraire, privilégiant la communication, Dominique Wolton, Internet et après ? Une théorie critique de nouveaux médias, Paris, Flammarion, 2000.

6. Sous la direction de A.F. de Saint Laurent-Kogan et J.-L. Metzger, Où va le travail à l’ère numérique, Mines Paris, les Presses Paris Tech, 2007, p.18 et183.

7. Cf. notamment D.W. Jorgenson et K.J. Stiroh, «Information Technology and Growth», AEA Papers and Proceedings, May 1999.

8. Jean-Claude Guedon, Internet, le monde en réseau, Paris, Gallimard, 1996, p.23.

9. François Horn, L’économie des logiciels, Paris, Éditions La Découverte, 2004, p.7.

Cf. aussi : «existant sous une forme numérique, le texte du programme possède de très grandes possibilités de modifications, de réutilisation, de combinaisons. Mais ce texte est également un texte actif… Il se compose d’un ensemble d’instructions qui seront exécutées automatiquement par une machine» (ibidem, p.8).

10. Ainsi en 2001, près de la moitié des dépenses informatiques en France (47%) portaient sur les logiciels et les services, alors que le matériel ne représente plus que 12,6% (ibidem, p.34).

11. Ibidem, p.8-10.

12. Ibidem, p.59-67, p.92-93.

13. Ibidem, p.106-109.

14. Jacques Vallée, Au cœur d’Internet 2003, trad. française, Paris, Éditions Balland, 2004, p.248.

15. Ibidem, p.241-243.

16. Ibidem, p.297-299.

17. Françoise Benhamou, Joëlle Farchy, Droits d’auteur et copyright, Paris, Éditions La Découverte, 2007, p.78-79 et 87-92.

18. Ibidem, p.61 et p.74-76.

19. Jacques Vallée, Au cœur d’Internet, ouvrage cité, p.10-14.

20. Jeremy Rifkin, L’âge de l’accès, New York, 2000, trad.française, Paris, La Découverte, 2000, p.9-11 et p.29.

21. Ibidem, p.423-431.

22. Paul Boccara, «Révolution informationnelle et débuts possibles d’un nouveau type de régulation dans un système mixte ouvert», Mondes en développement, tome 20, 1992, n°79-80.

23. Dans toutes les entreprises, les actifs immatériels (brevets, logiciels, propriété artistique liée à la publicité, etc.) ne cessent de progresser et d’augmenter la valorisation financière du capital (Maurice Lévy, Jean-Pierre Jouyet L’économie de l’immatériel, Rapport au ministre de l’économie, Paris, 2006).

24. Voir aussi R.Verzola, Cyberlords : The Rentier Class of the Information Sector, 1997, <http ://dkglobal.org/critict/rv2.htm>.

25. Cf. Joachim Bischoff, Paul Boccara, Karl Gorg Zin, u. a., Die Fusions-Welle, Hambourg, VSA Verlag, 2000.

26. Cf. Daniele Linhart, La modernisation des entreprises, Paris, La Découverte, 1994.

Ouvrage dirigé par Laurence Théry, Le travail intenable. Résister collectivement à l’intensification du travail, Paris, La Découverte, 2006. – Stéphen Bouquin, La valse des écrous, Paris, Éditions Syllepse, 2006.

27. Cf. notamment : Nasser Mansouri-Guilani, Que se cache-t-il derrière la nouvelle économie ? Paris, VO éditions, 2001, p.22 ; F. Horn, L’économie des logiciels, ouvrage cité, p.10.

28. Ramon Compañó, «Les fondements de l’industrie du futur», Pour la Science, édition française de Scientific American, déc. 2001, p.132. Cf. aussi, Alain Obadia, Les nanotechnologies, Avis et Rapports du Conseil économique et social, J.O. juillet 2008.

29. Paul Boccara, «Des partages démocratiques pour maîtriser les marchés et commencer à les dépasser», Économie et Politique, nov.-déc. 2000.

30. Cf. Paul Boccara, Une sécurité d’emploi ou de formation, Pantin, Le Temps des Cerises, 2002.

31. Laurent Cohen-Tanugi, Le nouvel ordre numérique, Paris, Éditions Odile Jacob, 1999.

32. Cf. : J. Rifkin, L’âge de l’accès, ouvrage cité, p.380-381. – J. Vallée, Au cœur d’Internet, ouvrage cité, p.298.

33. Cf. : J. Rifkin, L’âge de l’accès, ouvrage cité, p.412.

F. Benhamou, J. Farchy, Droit d’auteur et copyright, ouvrage cité, p.90.

34. Cf. Horn, L’économie des logiciels, ouvrage cité, p.113-114.

 

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