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Plan emploi de Hollande : vrais besoins, mauvaises réponses

Plan emploi de Hollande : Incohérences majeures et maintien du tabou sur le coût du capital ! Mais nous répondons « chiche ! » pour évaluer le Pacte de responsabilité et sécuriser vraiment les jeunes et le monde du travail !

 

Les annonces du président de la République au CESE, devant le monde du travail et de l’économie, sont contradictoires. Son ambition de formations massives et de sécurisation des salariés, donc de développer l’emploi, se heurte à une annonce de moyens en contradiction avec ses objectifs prétendus et sans aucun pouvoir nouveau pour responsabiliser vraiment les entreprises et les banques afin qu’elles créent des emplois ! Pas de moyens financiers nouveaux (2 Mds€ pris ailleurs) et, même, une confirmation de la baisse des dépenses pour le monde du travail à travers la transformation du CICE (40 Mds€) en exonérations pérennes de cotisations sociales. Il maintient le scandale du Crédit impôt recherche (CIR). Il occulte le vrai débat sur les coûts des entreprises, mais aussi sur le rôle des banques jusqu’à la BCE. Il amplifie et renforce la politique de baisse du coût du travail, au lieu de s’attaquer à une baisse du coût du capital (dividendes, charges bancaires, spéculation, etc.). Et donc, il poursuit la diminution des dépenses publiques et sociales. Il annonce une sécurisation… des licenciements ! contraire à celle des salariés.

Sous couvert de « compléter » responsabilité et le CICE, tant décrié à gauche et par le monde du travail, F. Hollande y ajoute une béquille perverse avec l’objectif d’intégrer le plus largement possible tout le pays aux objectifs égoïstes du patronat au détriment du pays lui-même.

Nous ne nous laisserons pas intégrer à cette logique de baisse du coût du travail renforcée et lançons une campagne de longue haleine pour l’emploi – son développement et sa sécurisation – ouverte à tous les citoyens et à toutes les forces sociales qui le souhaitent, y compris sur le terrain. Et le peuple français, à sa façon, refuse de s’y laisser intégrer en ne protestant plus mais en s’abstenant électoralement.

Nous voulons bien relever le défi d’un état d’urgence pour l’emploi, de la France et ses régions jusqu’à l’Europe. Mais avec une évaluation démocratique, en y mettant les moyens et en impliquant de façon contraignante les banques et les entreprises : elles ne peuvent pas utiliser leur argent contre l’emploi, la R&D et le développement des capacités efficaces de production.

Il faut une cohérence entre l’objectif d’urgence en faveur de l’emploi, des moyens à y mettre et des pouvoirs démocratiques de suivi et d’action sur les banques et les entreprises à instaurer.

Le chômage gangrène notre économie, la croissance du PIB reste faible, fragile et inégalitaire. Elle est empoisonnée par la précarité et un véritable cancer financier. Les grandes entreprises font exploser la spéculation financière et amènent l’économie mondiale au bord d’une crise financière majeure. L’économie française est de plus en plus dépendante de l’activité dans les autres pays, et subit en Europe une concurrence anti-salariale renforcée de la part des pays du Sud (Espagne, Italie) qui effectuent un ajustement structurel drastique sur le dos de leurs travailleurs. Malgré tout, les services publics et la protection sociale contribuent pour l’instant à empêcher des effondrements récessifs. Mais la production (l’offre) est insuffisante. L’investissement des entreprises reste trop faible et inefficace car il est fait contre l’emploi et les salaires, en renforçant la surexploitation des salariés. La politique de cadeaux au grand patronat et à ses profits a surtout favorisé les placements financiers, les exportations de capitaux et les délocalisations. Les banques aussi sont en cause.

Et on ne dit pas assez à quel point le coût du capital pèse de plus en plus lourd sur l’économie française, sur ses services publics (État, collectivités, hôpitaux) et sur ses entreprises, empêchant les dépenses de développement (R&D, salaires, qualifications, embauches, investissement efficace).

Les mesures du Plan emploi de Hollande

CICE transformé en exonération de cotisations patronales

Sur le CICE, la contradiction est patente : F. Hollande annonce une « évaluation »… mais il tranche tout de suite derrière pour sa « pérennisation en exonération de cotisations sociales » !

Nous disons « chiche ! » pour évaluer vraiment le CICE et le pacte de responsabilité, car tout montre que le grand patronat n’a quasiment pas développé les entreprises avec cet argent mais l’a plutôt utilisé pour ses profits, pour spéculer et exporter ses capitaux.

2 000 euros de prime pour les PME-TPE qui embauchent

François Hollande propose de donner 2 000 euros à chaque PME-TPE qui embaucherait un jeune en prenant en charge ses cotisations sociales. Ces cotisations manqueront alors aux comptes sociaux ! Et c’est les contribuables qui mettront la main à la poche pour compenser les déficits des comptes sociaux. Tout cela pour quels résultats ?

Plutôt que de continuer ce qui ne marche pas (la baisse du coût du travail), nous proposons au contraire qu’un Fonds public soit créé pour prendre en charge tout ou partie des intérêts payés par les entreprises aux banques pour leurs investissements si, et nous disons bien si, ces investissements créent des emplois et améliorent les qualifications et qu’en revanche elles paient une sur-cotisation lorsqu’elles alimentent le chômage. Une partie des 40 Mds du CICE pourrait être affectée à ce fonds.

La sécurité pour les patrons ou pour les salariés ?

Le PCF se félicite que l’on parle de sécurisation, lui qui est porteur depuis longtemps d’un projet du xxie siècle de « Sécurité d’emploi ou de formation » pour un développement des capacités de tous, de l’emploi et une maîtrise des mobilités. Ce terme rencontre aussi l’exigence sociale portée par la CGT de « sécurité sociale professionnelle ».

Mais ce qui est dessiné par le Président est une sécurisation des patrons, des licenciements et des profits, pas des salariés, ni même des entreprises et de leur développement efficace.

Même si 500 000 formations de chômeurs sont annoncées, cette sécurisation se ferait à moyens constants. F. Hollande annonce 2Mds€ de dépenses… prélevées sur le budget public existant (y compris sur le budget de l’enseignement). En bref, l’État redéploierait ses dépenses budgétaires. Donc ce sera moins de dépenses pour les services publics : moins de dépenses de santé ou pour l’école ou l’université ou le logement. Croit-on que cela va sécuriser les autres domaines de la vie de nos concitoyens, qu’ils soient chômeurs ou travailleurs ? !

Plutôt que de créer des contrats facilitant les licenciements, il faut développer les CDI, mais aussi réfléchir à des contrats de réelle sécurisation avec un double volet : emploi et formation, et avec une double responsabilité : l’employeur et un service public de l’emploi profondément rénové.

Car en sécurisant les salariés et en développent leurs qualifications, leurs capacités créatrices, d’innovation et de recherche, on sécurise du même pas la création de richesses efficace par les entreprises.

Des conférences régionales pour la formation oui, mais pour créer effectivement des emplois !

François Hollande annonce des conférences pour la formation dans chaque région réunissant le patronat, les préfets, les services de l’État et les salariés. Pour qu’elles adaptent les formations aux besoins des entreprises.

Nous disons « chiche » ! Mais à condition qu’elles incluent les banques, y compris la Banque publique d’investissement, et qu’elles ne portent pas que sur la formation mais aussi sur des engagements chiffrés et contraignants d’emplois par les entreprises répondant aux exigences de développement social et écologique des territoires.

L’emploi, problème franco-français ou problème européen ?

F. Hollande annonce « l’état d’urgence pour l’emploi » ! Soit, mais qu’attend-il pour interpeller aussi nos partenaires européens afin de créer un Fonds européen qui mobilise les immenses liquidités créées chaque mois par la BCE pour le développement de l’emploi et des services publics et non plus comme actuellement à la spéculation ? Le traité de Lisbonne nous y autorise (article 123.2). zzz

 

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