Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

Economie et Politique - Revue marxiste d'économie
Accueil
 
 
 
 

Daech et la crise du capitalisme

La chronique économique de Pierre Ivorra Il ne saurait y avoir d’éradication durable du terrorisme uniquement par l’action militaire.

Si l’on veut mieux comprendre l’aggravation des conflits au Moyen-Orient et dans une partie de l’Afrique, l’exacerbation des conflits d’intérêts entre puissances régionales, Arabie saoudite, Qatar, Égypte, Iran, Turquie, l’accélération de la politique d’annexion d’Israël, l’intervention des grandes puissances, États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni… la montée en puissance et l’action criminelle de groupes terroristes, il paraît opportun de les situer aussi dans le cadre de la crise actuelle du capitalisme financiarisé et mondialisé.

Le Fonds monétaire international (FMI) vient de réviser à la baisse ses prévisions de croissance mondiale. Il envisage une progression de 3,1 % en 2015, soit le taux le plus faible depuis 2009, année de la pire récession de l’après-guerre. Le FMI lance même cet avertissement : « Les risques de dégradation de l’économie mondiale semblent plus prononcés qu’ils ne l’étaient il y a quelques mois seulement. » Le trait le plus marquant de ce panorama grisâtre tient en cette phrase du rapport : « Pour l’ensemble des pays émergents et des pays en développement, nous prévoyons que 2015 marquera la cinquième année consécutive de fléchissement de la croissance. »

Une autre étude réalisée par la Banque mondiale, parue en octobre et consacrée au Moyen-Orient et à l’Afrique du Nord, met l’accent sur les effets dévastateurs pour la région de la chute du prix du pétrole, tombé de 103,6 à 41,77 dollars le baril depuis juin 2014. Un saut dans le vide précipité particulièrement par le reflux de la croissance chinoise et des pays émergents, la faiblesse de celle-ci dans la plupart des pays développés et la stratégie pétrolière des États-Unis. De gros producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou l’Iran sont d’autant plus tentés d’intervenir dans les affaires de leurs voisins que leur modèle de développement est singulièrement déstabilisé. Ces raisons économiques viennent certainement s’ajouter aux motivations idéologiques, religieuses, géostratégiques.

Ce cadre souligne qu’il ne peut y avoir de solution aux conflits régionaux, qu’il ne saurait y avoir d’éradication durable du terrorisme uniquement par l’action militaire. Il faut au contraire situer cette dernière dans le cadre plus global d’une politique de paix, de développement économique et social de la région qui passe notamment par une aide internationale et l’allocation de crédits massifs et à des taux d’intérêt très bas en faveur de l’éducation, de la formation, de la santé, de l’essor ou de la reconstitution de services publics efficaces. D’où l’intérêt de passer par l’ONU.

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.