Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La réalité du prétendu miracle espagnol

La chronique économique de Pierre Ivorra Les dépenses publiques ont été diminuées de l’équivalent de 2€points de PIB depuis 2009.

Avec une croissance de 2,9 % sur un an au premier semestre de 2015, l’économie espagnole se classe dans le peloton de tête de la zone euro. Évidemment, dès l’annonce de cette nouvelle, nos libéraux ont fait des bonds de joie. Si l’on en croit ce fan-club du CAC 40, du travail du dimanche et de la suppression des 35 heures, l’évolution de la situation espagnole révélerait les vertus des politiques d’austérité et de soutien au capital. Effectivement, si l’on s’en tient aux apparences, l’économie espagnole paraît emprunter un chemin semé de pétales de roses.

Un examen plus attentif de la réalité devrait pourtant les conduire à moins jouer du clairon. En vérité, l’économie espagnole continue de ramer pour rattraper son retard. La plupart des instituts d’études économiques prévoient que le pays ne retrouvera son PIB d’avant crise qu’en 2017.

Mais dans quel sens gouvernement de droite et patronat font-ils ramer la population ? La consommation des ménages s’est redressée, mais elle a à peine retrouvé à la fin du printemps dernier son niveau de 2010. C’est le commerce extérieur qui a, pour une part importante, contribué à cette amélioration toute relative de la situation économique. Le déficit commercial a été divisé par trois entre 2008 et 2014, alors que dans le même temps le nôtre continuait à augmenter. En réalité, pour relever la rentabilité des groupes ibériques, le gouvernement espagnol a choisi l’arme de la guerre économique à l’encontre plus particulièrement du reste de l’Europe.

À cette fin, il n’a eu de cesse depuis 2009 que de baisser le coût unitaire réel du travail, en usant de l’arme du chômage, de la précarité et de l’appauvrissement de larges couches de la population. Le taux de chômage espagnol qui se maintient au-dessus de 22 % (le double du français) est avec celui de la Grèce le plus élevé de la zone euro. La proportion des personnes en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale est passée entre 2008 et 2014 de 24,5 à 29,2 % de l’ensemble de la population. La proportion dans la population des personnes en situation de privation matérielle sévère a doublé durant la même période, passant de 3,6 à 7,1 %.

Les dépenses publiques ont été diminuées de l’équivalent de 2 points de PIB depuis 2009. Elles ne sont plus que de 9 924 euros par habitant contre 18 530 en France, 23 481 en Suède, 15 469 en Allemagne. Les dépenses de santé qui étaient montées jusqu’à 100,9 milliards d’euros en 2010 sont retombées à 95,67 milliards en 2012. La réalité du prétendu miracle espagnol est celle en vérité d’une guerre sans merci des possédants contre la masse de la population.

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