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Urgence humanitaire et urgence sociale

L’urgence humanitaire est à nos frontières et à celles de l’Europe, mais à l’intérieur de celles-ci les défis sociaux sont multiples et pressants. Comment faire face à l’une et aux autres ? L’accueil des migrants d’un côté et, de l’autre, au sein même de l’Union européenne, l’exacerbation du chômage, de la précarité, l’extension de la pauvreté, la réduction organisée de la place et du rôle des services publics ; tout cela pose la question de l’argent, de la manière dont il est utilisé. En a-t-on suffisamment pour répondre aux besoins multiples et souvent tout aussi importants les uns que les autres ? La question paraît d’autant plus pertinente que la croissance nous glisse entre les doigts comme un sable sec.

Tant que le mouvement social et les forces alternatives se contenteront de poser le problème en ces termes, il sera difficile d’ouvrir de réelles perspectives. Les ressources qu’une nation peut mobiliser pour investir, embaucher, produire, éduquer, soigner, accueillir, coopérer… en harmonie avec son environnement et avec les autres peuples, n’ont rien d’un trésor déposé dans un coffre et dans lequel il faudrait puiser avec parcimonie afin de ne pas dépenser plus que ce que l’on a.

Un pays, ou un groupe de pays, si l’on pense à la zone euro, peut certes taxer les revenus, disposer de l’épargne accumulée en veillant à l’utiliser le mieux possible pour répondre aux exigences sociales, culturelles, environnementales, il peut s’efforcer de rendre cette utilisation la plus juste possible en imposant une plus forte contribution aux hauts revenus, aux gros patrimoines et au capital. Mais il a cette possibilité souvent ignorée et qui a quelque chose de magique : il peut créer de l’argent de toutes pièces, si l’on peut dire, ex nihilo, si l’on veut utiliser des termes plus savants.

Par l’intermédiaire de sa banque centrale et de son réseau de banques commerciales, il peut créer de la monnaie, créer un argent qui n’existait pas, et l’utiliser avec efficacité selon des critères sociaux et non selon ceux de la rentabilité financière, afin de financer des activités socialement utiles et répondant aux exigences de formation, de qualification, de maîtrise, portées par la révolution technologique en cours. Actuellement, la BCE crée énormément d’argent, mais pas pour des finalités sociales. Ce pactole nourrit une bulle financière et spéculative, alimente les Bourses de Paris, Francfort et même celles de New York ou de Shanghai. La croissance et le développement humain sont, eux, au régime sec. Pour les réfugiés et pour les Européens, c’est ce cours-là qu’il faut aussi changer.

 

Publié dans L'Humanité du 23 Septembre, 2015

 

 

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