Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La hargne des nantis contre la Grèce

Les dirigeants européens, particulièrement les Allemands et les Français, jouent avec la peau des peuples. Leur hargne contre les choix démocratiquement exprimés par les Grecs, relève de la non-assistance à populations en danger. On peut remarquer au passage que les grands médias, suivistes comme souvent, se gardent bien d’alerter sur les risques humanitaires qui menacent ce peuple ami.

Entre 2008 et 2014, la croissance économique au sein de la zone euro a été poussive. En sept ans, elle n’a progressé que de 1,7 % à prix courants. En Grèce, elle, a reculé de 24,5 %. Entre 2008 et 2014, le pays a perdu 1 million d’emplois. S’il regroupe à peine 2,5 % du total des postes de travail de la zone euro, il concentre à lui seul 20,8 % des suppressions d’emplois intervenues entre 2008 et 2014. Plus de 30 % des entreprises ont mis la clé sous la porte et le taux de chômage est passé de 7,8 % en 2008 à 26,5 % en 2014. Il touche plus d’un jeune sur deux. La consommation des ménages a diminué de 21,7 % contre une progression de 5,7 % pour l’ensemble de la zone euro, les dépenses des administrations publiques ont diminué de 27,6 %, contre une petite hausse de 10,5 % dans la zone euro, l’investissement des entreprises a reculé de 63,9 %, contre une baisse de 10,8 % pour l’ensemble de la zone.

L’accès à l’argent est aujourd’hui très cher, les taux d’intérêts grecs à long terme sont de loin les plus élevés de la zone euro. En mars dernier, ils s’élevaient à 10,52 % contre un taux de 0,91 % pour l’ensemble de la zone.

Le massacre social à la tronçonneuse ne s’arrête pas là. Le niveau des retraites a baissé de 45 %. La Grèce est le seul pays de l’Union européenne qui ait connu une baisse de son salaire minimum. Il est passé de 794 euros en 2008 à 684 euros en 2014, baissant de 14 %. Une part importante de la population a un accès aléatoire aux services publics essentiels. Durant cette même période de 2008 à 2014, les besoins vitaux non satisfaits d’examen ou de traitement médical sont passés de 7 à 13,9 %, l’espérance de vie en bonne santé a baissé de 66,2 à 65,1 ans. Le pourcentage de la population courant le risque de pauvreté ou d’exclusion sociale a augmenté de 28,1 à 35,7 %. Le taux de mortalité infantile est passé de 2,7 à 3,7 % alors qu’en moyenne il a baissé de 4,3 à 3,7 % au sein de l’Union européenne.

Au-delà du peuple grec, ce traitement de choc relève d’une pédagogie du renoncement. On ne saurait échapper à la domination du capital. Si l’on en croit les succès de Podemos en Espagne après ceux de Syriza en Grèce, cette pédagogie ne convainc pas tous les élèves de la classe.

 

Mercredi, 17 Juin, 2015
L'Humanité

 

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