Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les ressorts de la dépense publique

Contrairement à ce que l’on nous serine, l’envolée de la dette publique, son poids accru rapporté à la richesse créée, au PIB, sont bien l’une des conséquences de la crise financière du capitalisme de 2008 et non d’un excès de protection sociale des populations. Sa montée est due à la récession économique, à l’explosion du chômage qui s’est ensuivie, au caractère poussif de la croissance française, européenne et mondiale depuis 2012, et enfin au soutien apporté aux grands groupes capitalistes afin de relancer leur rentabilité. C’est vrai pour la France. Le total de sa dette publique est passé de 65,8 % du PIB au début de 2008 à 95 % à la fin de 2014, augmentant ainsi de 29,2 points en seulement six ans. C’est vrai pour le reste de la zone euro.

Dans notre pays, entre 2007 et 2013, ce sont les dépenses des services publics les plus proches des Français, les plus en prise avec leurs difficultés qui ont progressé le plus. Une hausse de 17,8 % pour les administrations locales (régions, départements, communautés urbaines, communes). De 21,6 % pour la Sécurité sociale. Celles de l’État, n’ont augmenté que de 12,9 %. La volonté des gouvernements de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande de ne pas faire payer au capital le poids de la crise qu’il a provoquée explique par ailleurs que les recettes de l’État durant la même période n’aient augmenté que de 9 %, que celles de la Sécurité sociale, financées pour une part par le patronat, n’aient progressé que de 18,1 %, alors que celles des collectivités locales, en hausse de 17,8 %, ont été en phase avec les dépenses.

Dans la dernière période, ces tendances se sont accentuées dans l’ensemble de la zone euro. Entre 2011 et 2014, les dépenses publiques sont passées de 46,3 à 39 % du PIB en Irlande, de 50 à 49 % au Portugal, de 44,6 à 43,9 % en Allemagne. De 2012 à 2014, elles ont reculé de 47,5 à 43,6 % en Espagne, de 47,5 à 46,6 % aux Pays-Bas. En Grèce, les technocrates de la zone euro ont accompli un véritable exploit, ils ont fait passer les dépenses publiques de 60,1 % à 49,3 % en une seule année, entre 2013 et 2014. En France, les dépenses publiques rapportées au PIB n’ont pas encore baissé, mais elles ont singulièrement ralenti dans le contexte d’une croissance très faible. Lors de l’élaboration du budget 2015, le gouvernement a prévu de ramener la dépense publique hors crédit d’impôt de 56,5 à 56,1 % du PIB cette année 2015 et à 54,5 % en 2017.

C’est là une façon de préparer l’avenir avec les recettes du passé. C’est notamment ce qui explique que la reprise annoncée ne pourra qu’être anémique, fugace et sans emplois.

 

Mercredi, 29 Avril, 2015
L'Humanité

 

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