Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Défis et enjeux de contenu pour Economie et Politique

Évidemment, je ne puis balayer tout le champ des enjeux ouverts devant nous. Je veux seulement souligner cinq points.

  • Economie et Politique met aujourd'hui le projecteur sur les luttes pour construire graduellement un système de sécurité d'emploi ou de formation.

En quelques années, nous avons réussi à mettre ce thème, du moins dans son fond, au premier plan du débat social et politique, peut-être plus encore que jadis pour le capitalisme monopoliste d'Etat. Le PCF a adopté ce projet de société, sur lequel il a tenu une conférence nationale en 2004.

La CGT l'a repris, en partie, avec son projet de sécurité sociale professionnelle qui y mêle aussi d'autres influences. Et tandis qu'au PS, de Fabius à DSK, on prétend se référer à cette sécurité sociale professionnelle, en décembre deux économistes néo-libéraux ont repris le slogan de la CGT dans leur rapport commandé par les ministres Sarkozy et Borloo. Et ce dernier le prône désormais en parole de façon démagogique. Face à toutes les ambivalencesde ce succès, la revue est confrontée au défi de contribuer plus systématiquement à des luttes nouvelles, dans les localités et dans les entreprises, à la poursuite de l'élaboration de propositions concrètes et à la dimension européenne du projet de sécurité demploi ou de formation.

Nous devons chercher à développer davantage les coopérations avec tous les élus nationaux, locaux et européens aussi à engager, en toute indépendance, une coopération avec la CGT ou encore d'autres syndicats. Comment faire pour que les batailles pour des Fonds régionaux pour un autre crédit à taux très abaissé pour l'emploi, comme en Ile-de-France, et aussi pour une autre mission de la Banque centrale européenne qui sont décisives, ne soient pas négligées par le mouvement social et politique ? Il s'agit aussi de contreproposer face aux «contrats intermédiaires» pour les licenciés de Borloo, pour un nouveau «contrat institutionnalisé» demploi-formation, dont nous avions déjà parlé, à la fois avec l'entreprise et avec un réseau institutionnel pour la non rupture du contrat et la promotion avec le passage d'un établissement à un autre ou d'un emploi à une formation pour un meilleur emploi, avec lextension graduelle de son champ et de sa durée.

Cependant, ce sur quoi je veux insister ce soir, c'est sur l'articulation de cette thématique à d'autres questions qui se présenteraient de façon très nouvelle.

 

  • Il s'agit avant tout, et c'est mon deuxième point, d'avancées théoriques et pratiques sur les services publics et socialisés aux personnes : l'éducation, la santé, la recherche et la culture, le logement social, les personnes âgées, etc., en liaison avec les autres services publics et les entreprises.

C'est l'idée d'un véritable bouleversement, de portée révolutionnaire, avec de nouveaux pouvoirs pour " une coopération créative de tous les usagers avec tous les personnels ". Il s'agit des élèves, des parents, des malades, etc. non comme objets mais comme sujets créateurs des opérations communes pour l'intercréativité.

Cela renvoie à d'autres types d'opérations de prévention, contre les sélections, les rejets, les doubles vitesses, etc.. Cela concernerait en liaison avec l'avancée des critères d'efficacité sociale des entreprises, des critères d'efficience sociétale des services. Cela se rapporte à la dimension européenne de ce défi, depuis la directive Bolkenstein, avec des contre propositions rassembleuses.

Ce projet de société devrait pouvoir devenir aussi important que la sécurité d'emploi ou de formation, avec leurs questions communes : emploi, formation, financement, salaires, conditions de travail, etc.

  • Un troisième ensemble sur lequel nous devons changer de braquet est l'étude systématique, au-delà de monographies, de tout l'ensemble des entreprises en France, les entreprises multinationales et comment elles sont contrôlées financièrement, les réseaux de sous-traitants, etc. Il faut analyser tous les domaines de la révolution informationnelle ainsi que la montée formidable des services. Cela renvoie aux luttes nouvelles pour des gestions alternatives. À ce propos, la proposition démagogique du rapport Beff a, contre la faiblesse de la croissance industrielle et de la recherche développement néglige le rôle fondamental de la f o rmation et de l'emploi qualifié, tandis que la baisse des charges sociales supportée par les fonds publics pour les emplois peu qualifiés les favorisent. Et l'appel aux coopérations européennes et à quelques soutiens de fonds publics face aux pressions des marchés financiers contre le risque des recherches longues, néglige la question cruciale d'un tout autre crédit et d'un autre rôle de la Banque centrale européenne, sans parler des défis d'avancées de nouvellesentreprises publiques et mixtes coopérant au plan international.

  • Le quatrième ensemble concerne précisément la construction européenne et la construction mondiale.

Au-delà de la seule opposition au traité constitutionnel, cela vise d'autres propositions pour l'Union européenne :

depuis le modèle social, avec la Sécurité d'emploi ou de formation et la coopération créative des usagers et des personnels des services publics et socialisés aux personnes jusqu'à la création monétaire de la Banque centrale européenne, pour un autre crédit aux entreprises et aussi pour soutenir les dépenses publiques utiles, avec une autre organisation des pouvoirs politiques.

De nouvelles coopérations et émulations doivent être p roposées contre l'obsession destructrice de la concurrence. Contre l'hyperdélégation à la Commission européenne et l'éloignement du Parlement européen, des droits nouveaux des citoyens et des travailleurs, pour leurs interventions sociales locales et sur les conditions nationales et européennes de ces interventions, déboucheraient sur des concertations institutionnalisées, en transformant profondément les Conseils économiques et sociaux régionaux et national et le Comité économique et social européen pour travailleren navette avec les Parlements nationaux et européen. La contribution décisive d'une autre Union européenne à la construction d'un autre monde se relie au défi d'une articulation des mouvements politiques, syndicalistes et altermondialistes avec des propositions qui les rassemblent.

Cela vise l'alternative à l'hégémonie interventionniste tous azimuts des États-Unis, y compris pour la transformation des organisations internationales comme celles de l'ONU.

Les défis de la domination du dollar et des formidables déficits américains par importations de capitaux du monde entier vont se poser de façon aiguë dans quelques années, faisant monter des exigences d'une alliance de propositions transformatrices entre l'Union européenne, la Chine et tous les pays émergents et en développement.

Cela renvoie au problème des «Biens communs de l'humanité» : pas seulement l'eau, le milieuécologique, et même l'énergie, la santé, l'éducation, la culture. L'idéologie dominante range aussi dans les biens communs la promotion des marchés. Tout au contraire, face à leur mondialisation actuelle, nous pouvons faire avancer l'exigence du bien commun de la monnaie avec une monnaie commune mondiale, pour s'émanciper des marchés financiers et du dollar, avec un FMI complètement refondu pour son soutien au co-développement des peuples.

 

  • Enfin le cinquième et dernière ensemble se rapporte au delà de l'économie et de la politique, à leur englobement dans une nouvelle civilisation et ce que j'appelle l'anthro ponomie, toute la regénération humaine sociale, en liaison avec léconomie, la reproduction matérielle sociale. Face aux quatre révolutions informationnelle, monétaire (de décrochage de la monnaie par rapport à l'or), démographique (de réduction drastique de la natalité et de longévité), écologique (des pollutions et des risques comme des espaces nouveaux) monte le besoin de transformation de la civilisation. À l'opposé des libertés et égalitésseulement en droits avec l'inégalité des moyens matériels et informationnels et les concurrences, sélections et rejets du libéralisme, cela vise des valeurs de partage, de coopération et de rotation des rôles jusqu'à chaque être humain. Cela se rapporte à des formes sociales et politiques de décentralisation et de concertation du local au mondial, dans une démocratie non seulement participative mais aussi d'intervention autonome, pour l'intercréativité de chacune et de chacun.

Il s'agit de s'appuyer en les reliant, tandis que la salarisation généralisée les relie déjà, sur les trois bases sociales, à l'opposé de la référence dogmatique privilégiée auprolétariat industriel comme de la régression par rapport à lui vers un humanisme vague, voire le concept de multitude de Spinoza, contre tous les monopoles sociaux et pour des partages généralisés :

  • l'ensemble des salariés, ouvriers, employés, cadres, fonctionnaires avec leur rapprochement par le bas et la précarisation, comme par le haut et les exigences de formation et de participation créative.

  • les femmes, contre les discriminations et les dominations spécifiques et les autres catégories générationnelles, les personnes âgées dont limportance grandit considérablement, les jeunes et les enfants.

  • toutes les nations, aires culturelles, peuples et minorités de la planète et aussi les immigrés, et tous les métissés.

Qu'est-ce que 50 ans ? Une autre civilisation pour toute l'humanité verra le jour et nous entendons y contribuer le plus possible. n

 

Par Boccara Paul, le 01 December 2004

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