Maryse Dumas
Le climat est en train de changer. Ces premiers jours de l’année sont marqués par des luttes (…) Il y a derrière évidemment des enjeux de société très importants (…) avec des questions qui sont au cœur de l’affrontement avec le gouvernement et le patronat, c’est-à-dire la durée du travail, les salaires, l’emploi et le code du travail (…)
Mais nous sentons que les luttes butent sur la question des perspectives. J’ai bien entendu ce qu’à dit Paul Boccara : Que l’on parle de sécurité d’emploi ou formation ou sécurité sociale professionnelle comme dit la CGT et nouveaux statuts de travail salarié, ce qui domine, dans la société d’aujourd’hui , ce sont les projets et les propositions. Et que donc les uns et les autres, à notre place, en respectant l’indépendance de chacun mais sans se priver de débats, nous avons à travailler et construire des perspectives, des propositions dans lesquelles les gens puissent se retrouver.
C’est une question essentielle pour le rassemblement et pour les luttes. (…) J’ai une petite nuance avec Paul Boccara quand il considère que les femmes constituent une catégorie(…). Parmi les précaires et les fonctionnaires il y a beaucoup de femmes. Nous devons passer par une construction où l’on permette à chacune et à chacun de s’exprimer et de se reconnaître et où, en même temps, nous soyons en tant qu’organisations capables de construire des convergences d’intérêts, de propositions et d’alternatives(…).Je pense que nous avons à remettre la question du travail au centre de notre réflexion et de son exploitation (…) sous prétexte de sociétal, nous avons quelquefois tendance à la marginaliser alors qu’elle est centrale dans un pays où 89%. de la population active est salariée.
Alain Obadia
Je vais m’en tenir à 3 idées :
La première : sans analyse, sans vision et sans concepts alternatifs dans le champ économique, il n’y a pas d’alternative politique possible (…) Cela nous conduit à utiliser au quotidien des concepts, des outils politiques, par exemple les nouveaux critères de gestion, les nouveaux pouvoirs à l’entreprise. (…)
La deuxième : un tel processus implique obligatoirement pour nous un lieu de créativité et donc un lieu de débat ouvert sur les questions économiques (…) nous permettant d’avancer des idées et des propositions alors même que pour un parti comme le nôtre, elles n’ont pas fait l’objet de «délibérations» nécessaires pour que cela devienne une «position» du Parti communiste, (…)
Enfin, le rôle d’Economie et Politique (…), c’est de contribuer aux luttes pour faire le lien avec les perspectives politiques (…) et la nécessité d’un combat conséquent contre le capital, sans s’enfermer dans des impasses, avec des pistes transformatrices…
J’ai la conviction qu’Economie et Politique a de l’avenir dans le champ militantd’aujourd’hui et pour les générations qui assureront le futur de notre combat.
Catherine Mills
Dans la bataille sur les retraites, Economie et Politique a joué un rôle théorique et aussi pour l’appel que j’ai initié contre la privatisation de l’assurance maladie, pour une réforme alternative du système de santé. Ce travail d’élaboration et de propositions branchées sur des luttes et aidant aussi leur organisation a débouché sur une collection Espère, aux Editions du Temps des Cerises avec des livres sur la Sécurité d’emploi ou de formation, les services publics, la retraite et la santé. D’autres ouvrages vont sortir sur les questions du crédit et de la finance comme sur celles de l’immigration.
Remi Semon
Les articles d'Economie et Politique sont une aide précieuse pour les salariés des entreprises comme Facom. Nous luttons depuis huit mois pour contrer la délocalisation du site de Villeneuve le Roi à Taïwan (…) Cette lutte des salariés et des syndicats a aussi été menée avec Economie et Politique. Le travail économique de ses collaborateurs nous a permis de montrer que ce sont des choix de gestion du capital, mené par Ladreit de Lacharrière, un requin de la finance, qui sont responsables des difficultés de Facom et non pas les hommes et les femmes de Villeneuve-le-Roi.
Paul Boccara
À propos de l’intervention de Maryse Dumas, je suis tout à fait d’accord avec l’essentiel, l’idée de coopérations en toute indépendance, car il y a besoin de travailler sur des propositions concrètes et des luttes conjointes. (…) La salarisation massive des femmes a fait monter le lien entre le féminisme et les luttes sociales, mais le féminisme ne se réduit pas aux questions du travail. Le féminisme renvoie au problème des femmes comme catégorie dans les rapports de «regénération». Il y a une domination et des inégalités spécifiques concernant les femmes qui sont à la fois indépendantes et articulées aux problèmes de l’exploitation et de la domination du travail. Enfin je pense qu’il n’y a pas que le travail comme valeur centrale. La spécificité humaine, c’est l’activité créatrice qui englobe donc le travail. L’homme réduit à une force de travail, c’est dans le capitalisme. Il veut réduire l’homme au travail, mais il n’y arrive pas. Quant à la formation, c’est pour se développer soi-même, ce n’est pas le travail pour autrui, ce n’est pas l’emploi. C’est du moins dans ce sens que nous pourrions débattre.
Yves Dimicoli
L'enjeu c'est de faire avancer une construction politique de transformation sociale radicale dont les salariés, les citoyens soient les auteurs et les acteurs au lieu de rassemblements politiciens déléguant les choix au sommet. Pour avancer dans ce sens il y a besoin de lever des tabous de l'entreprise et du financement qui enserrent le débat politique et protègent le système de pouvoirs, la culture de gestion et les pratiques dominantes (…), il y a besoin de viser une cohérence rassembleuse, transformatrice et ouverte à l'apport des autres pour le débat et l'action. La cohérence, ce n'est pas technique, mais c'est un élément pour le rassemblement et le combat politique (…) Le refus de prendre la mesure du défi de la cohérence est au cœur de l'effondrement de la crédibilité d'une politique alternative à gauche comme de celle du Part i communiste qui peut être reconstruite (…) On veut une construction politique de transformation sociale, donc il y a absolument besoin, non seulement de débattre, mais d'organiser l'action sur ces terrains, notamment celui des financements avec les Fonds régionaux pour l’emploi et la formation.
Frédéric Boccara
Nous avons une déficience, dans notre travail, sur la connaissance et l’analyse système d'entreprises et son internationalisation. Il y a un problème de conception d'ensemble avec un traitement intermédiaire, entre gestion et théorie très générale, qui prendrait en compte les multinationales comme des institutions (…) Il y a aussi le problème PME et son articulation avec les groupes, tout cela pour mieux comprendre le système productif français (…) Il y a aussi la question du financement des entreprises. C'est toute la société qui est en recherche sur cette question et qui est intéressée par le débat que nous avons engagé autour du Fonds régional pour l'emploi et la formation…