Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Facom : tirer les enseignements pour promouvoir une stratégie qui gagne

Facom, leader européen de l'outillag e à main et de l’équipement des garages automobiles a fondé sa renomm ée sur l'innov ation, la qualité de ses produits acquis grâce au savoirfaire accumul é par des générations de salariés qualifiés et correctement rémunérés, aux coopérations avec des entreprises utilisatrices (Renault, Air-France, Aérospatiale, ...)

FACOM : proie d’un requin de la finance :

Elle est devenue une grande mar que, une mar que de renom comme celle de Moulinex ou Aventis qui att irent les requins de la finance .

C'est ainsi que le holding financ ier FIMALAC, qui ne cherche que les « cou ps financ iers » a vu dans le rachat de FACOM en 1998, une opp or tunité de faire des profits faciles en exploitant la mar que.

Pour effectuer une telle opérat ion FIMALAC à payé le prix for t aux anciens actionna ires de la FACOM et aux banques qui ont con duit l'opérat ion de rachat : près d’un milliard d’eur os (sans doute de l'ordre de deux fois la valeur réelle de l'entr eprise).

Des banques complices des opérations contre l’emploi :

Alors que les PME ont toutes les peines du monde à obtenir des cré dits pour invest ir et se développer en France , cette acquisition n’a été poss ible que parce que les robinets du cré dit banca ire ont été grand ouver ts : 630 millions d’euros pour une opérat ion contr e l'emploi et l'industr ie frança ise. Les banques se sont enrichies dans le même temps avec l’OPA de FIMALAC sur FACOM.

Les choix désastreux des gestionnaires :

Ils décré dibili sent la marque :

Pour « renta biliser » son invest issement financ ier cons idéra ble, FIMALAC tente d'exploiter à fond la mar que FACOM en se lançant dans une restructurat ion mass ive de l’out il industr iel contr e l’emploi et les capacités productives avec, en vue, une commer cialisation élargie de produits banalisés, de qualité inférieur e, vendus sous cette étiquette .

Dès son rachat les gest ionna ires, mis en place par l'actionna ire, décident de vendre sur le marché des out ils sous la mar que FACOM fabriqués dans des pays du sudest asiatique, mais sans avoir la techno logie FACOM qui en fait sa renommée : ni plus, ni moins que de la contr efaçon .

De même sans en informer les Comités d'entr eprises concernés , les nou veau x gest ionna ires iront jus qu'à trans férer la production de pièces réalisées jus qu'alors à Villeneu ve-le-Roi ou ailleurs .

Ils dévit alisent le s centre s indus tr iel s :

Dans le même temps , en faisant par tir les salariés de plus de 55 ans , sou vent les plus expérimentés , ils s’acharnent à détru ire les collectifs de tra vail au prix d’une per te de leurs savoir-faire qui ont fait la mar que FACOM. Ils retirent la charge de tra vail du centr e de production de Villeneu ve-le-Roi, y gâchent ses invest issements faute de mise en cohérence des productions et de développ ement de la format ion et de la recherche. Ils s'app uient sur ces décisions pour ensu ite accuser le centr e d'êtr e insuffisamment productif.

On est ainsi passé d'une situat ion où la qualité des produits et la renommée de la mar que résu ltaient d’un haut niveau de qualification du personne l de production, d’un effor t de recherche-développement et d'une coo pérat ion avec les profess ionne ls clients de FACOM, à une situat ion où la banalisation des produits a marché de pair avec une tentat ive de renforcement de la capacité d'action commerciale sur des créneau x très concurr entiels et dominés par la grande distr ibution.

Cette straté gie, qui fait écho aux injonct ions pour la renta bilité imméd iate maximale de l'act ionna ire de contrô le (FIMALAC) a échoué. Elle est au cœur des difficultés actuelles

Ils privilé gient la finance contr e le s homme s et l’indus tr ie

Dans le même temps , en liaison avec la nou velle politique commer ciale, ils décidèrent de se lancer dans un projet logistique gigantes que, préten dant organiser à l'éc helle mond iale les achats et les ventes des produits, gérer la clientè le et les sous-traitants sur la planète tout en négligeant tota lement le développ ement des capacités humaines et la modern isat ion de l’out il industr iel FACOM. Bref, il s’agissa it de faire plus de profits en produisant moins de richesses .

Mais, ces gest ionna ires ont échoué dans ce projet : après avoir invest i 40 millions d’eur os dans le centr e logistique de Lieusa int, ce projet mor t-né doit êtr e abandonné .

Ils ont fait, en tro is ans, d'une entre prise florissante, une entre prise en situation criti que

Cette straté gie financ ière a provoqué la chute libre des ventes de FACOM depuis trois ans en raison d'abord des dysfonct ionnements (retar d des livraisons , livraisons incom plètes , opérat ions de promotion cassées par les d y s f onct i onne ment , chute de la qualité des produits, ...) et renvoyé les clients les plus fidèles vers la concurr ence .

Aujour d ' h ui, ils tentent de masquer cette incom pétence en i n v o q uant l a concurr ence c h inoise et asiatique.

Mais ce ll e-ci est d'autant plus menaçante que la direction obsédée par sa volonté de renta biliser la mar que n'a pas fait les choix des recherches, des investissements , de la format ion et d'innovations permettant de com biner la notor iété de la mar que, le renou vellement de la gamme de produits de haute qualité, l'appr ofondissement des coo pérat ions avec les utilisateurs et l’enr ichissement des savoir-faire de FACOM.

Inverser les choix :

La mar que FACOM ne doit pas ser vir de para vent pour des objectifs financ iers à cour t terme .

Il faut que cette mar que prest igieuse retr ouve ses lettr es de noblesse à par tir d'un projet s'app uyant sur ses acquis et les développant, tout en mesurant les exigences nou velles auxquelles cette entr eprise doit faire face en raison des cinq années de gest ion calamiteuse .

Les difficultés graves de FACOM ne sont donc en aucun cas dues aux salariés. Ce n’est pas le coût du tra vail, mais les gâchis matér iels et financ iers qui ont mis FACOM dans le rouge.

Les res ponsa bles sont l'act ionna ire FIMALAC et son contrô le, Monsieur Ladreit de Lacharrière, les gest ionnaires de la FACOM agissant sous l'injonct ion de FIMALAC; les banques de l'entr eprise qui ont fait du gras sur la fuite en avant de ses gest ionna ires; l’Etat , enfin, qui a laissé dévitaliser une entr eprise industr ielle leader eur opéen du marché de l'out illage au prix d’impor tat ions coûteuses .

Poursu ivre cette fuite en avant, comme semb le l’envisager la direction de FACOM sous la press ion de FIMALAC et de Ladreit de Lacharrière, sera it suicidaire. Le résu ltat en sera it, apr ès délocalisation de la production de Villeneu ve-le-Roi, la fermetur e de cet éta blissement , la fermetur e d'autr es sites comme celui de Moran gis ou de Nevers et la vente par appar tements à la concurr ence amér icaine. Celle-ci, comme tout le monde s’y atten d, ne fera it que racheter la mar que pour mieux mettr e la main sur les marchés, comme dans le cas de Testut ou de Moulinex.

Le gouvernement frança is qui préten d vouloir combattr e la désindustr ialisation et faire face aux délocalisations , comme au chanta ge qu’exercent à par tir d’elles les employeurs , ne peut pas laisser faire.

Ce qui est en cause , ce n’est pas seulement un collectif de tra vail expérimenté , des mach ines et des équipements , c'est auss i un dispos itif industr iel indispensab le pour maîtriser la promot ion des out illages du 21e siècle et garant ir une place à la France et à l’Europe dans ce processus , au lieu de livrer savoir-faire et débouc hés aux amér icains et à la concurr ence asiatique.

Il n'est donc pas quest ion que les salariés soient les victimes de ces choix. Il n’est pas quest ion non plus, d’en faire suppor ter la factur e par la collectivité.

La défense et la promotion de l'emploi, de l’intérêt nat ional et de l'exigence d'une ambition industr ielle commune en Europe exige de faire tout autr ement . En aucun cas , les événements actue ls ne doivent se conc lure par un passa ge par le chômage de salariés de la FACOM.

Tout de suite, pour faire face aux exigences imméd iates de relance , il sera it nécessa ire de donner vie au projet élaboré par les salariés qui concerne le site, imméd iatement menacé , de Villeneu ve-le-Roi.

Ceci devrait s'accom pagner d'un morato ire suspens if de toutes les décisions de restructurat ion et de l'ouvertur e de négociations avec tous les intér essés pour :

  1. obtenir des rééchelonne ments de dettes et de nouveaux engagements des banques, qui ont tant profité des opérat ions de l’act ionna ire, qui lui auss i doit êtr e res ponsa bilisé sur le plan financ ier pour le maintien dans l’emploi ou la mise en format ion de tous les salariés du site.

  2. Prenant app ui sur ce besoin, le Conse il régional d’Ile-de-France doit prendre la décision de créer un Fonds régional pour la promotion de l'emploi et de la formation. Celui-ci sera it doté pour commencer, par le redéploiement d'une par tie des lignes de cré dit d'action économ ique du budget de la Région afin de bonifier le taux d'intérêt des cré dits banca ires nécessa ires à l'invest issement : plus celui-ci augmentera it la créat ion d'emplois avec la mise en format ion et plus la prise en charge des intérêts du cré dit par le Fonds régional sera it impor tante .

FACOM pourra it, tout de suite, bénéficier de cette procédure pour ce qui concerne le sout ien et la modern isation de ses lignes de production de Villeneu ve-le-Roi.

Réviser les choix industr iels de FACOM et conce voir un projet straté gique nou veau à moyen et long terme assor ti des financements nécessa ires, pour faire de FACOM le socle d’un pôle industriel de l'outillag e, pour la France et l'Europe, et favorisant les coo pérations entr e producteurs et grands clients avec l’essor nécessa ire de nou veaux produits et de nou veaux services et donc l’engagement , en coo pérat ion, de programmes de recherche-développ ement et de formation.

 

Par Morin Alain, le 30 septembre 2004

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