Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Facom : une lutte contre la fatalité et pour d’autres choix

En pleine croisade du gouvernement et du MEDEF contre les contrats de travail, les 248 salariés menacés chez Facom vont-ils avoir la force de mettre en cause le privil ège de licencier et de pousser à l’innov ation ?

Retour sur un combat incertain

Quan d le 14 mai dernier, le projet de 248 suppr ess ions d'emplois et de la fermetur e tota le de l'usine de production de Villeneu ve-le-Roi tombe , une série d'évènements renforce le sent iment de fata lité:

  1. des Fonds de pension anglais viennent d'imposer la fermetur e d’une nou velle entr eprise sur Bonneuil : Transrac k.

  2. 7000 emplois industr iels par mois sont , en moyenne , suppr imés en France ,

  3. la droite, en suppr imant les avancées de la loi de moder nisation sociale, rend encor e plus difficile le com bat pour la sauvegarde et le développement de l'emploi.

Dans ces con ditions , qui aura it pu dire, à l'annonce de la fermetur e il y a six mois que, dos au mur, les salariés n'allaient pas rechercher d’abord « leur chèque valise » et se résigner face à un groupe leader de la Bourse de Paris, le holding financ ier FIMALAC dont les membr es (1) du conse il d'administrat ion ont été choisis parmi les plus grands patr ons du pays.

Surmonter la fatalité :

Face à ce plan patr onal , avec les « moyens du bord » ils ont avancé de premières contr epropositions. Afin de crédibiliser leur démar che, ils ont obtenu une exper tise financée par le conse il régional. Celle-ci a confirmé l’existence d’une « bonne capacité techn ique et humaine » , mais relevait le besoin d’une appr oche économ ique et financ ière. Depuis ces salariés, en s'app uyant sur leur droit d'aler te ont engagé ce tra vail où, à l'aide d'un exper t, ils ont été amené à contester concrètement la gest ion patr onale.

Ils mettent à jour tous les dysfonct ionnements liés à la gest ion nou velle qui ne fait appel qu’aux seuls critèr es d'ins piration bours ière imposés par l'act ionna ire.

Ils en chiffrent le coût et ont déjà recensé ainsi un gâchis de 140 millions d'eur os.

C'est à par tir de ce recensement précis que les salariés ont symbo liquement deman dé le licenc iement de leur Président Directeur Généra l pour faute grave.

Ils ont auss i fait le constat que ce gâchis est la consé quence d'un choix straté gique, contra dictoire avec les atouts et les savoirs-faire de Facom .

C’est ce qui les a amenés à contester l'ensem ble de la straté gie mise en oeuvre par le nou vel actionna ire et à en proposer une autr e. Elle vise une toute autr e inser tion dans le marché s’app uyant sur la valorisation de la recherche-développement , des qualifications , des coo pérat ions histor iques entr e Facom et de grandes entr eprises aux besoin d’outils spéc ifiques .

Maintenant , dans le cadre de cette proposition de nouvelle orientat ion, les salariés tra vaillent sur des contr epropositions concrètes et chiffrées .

Aujour d'hui ils s'appr êtent à faire le tour des entr eprises clientes con vaincus que, dotée d'une nou velle stratégie, Facom peut renouer des coo pérat ions avec cellesci.

Ils préparent un plan de financement , qui deman de l'arrêt des prélèvements excess ifs de Fimalac sur la Facom et une reca pitalisation de l’act ionna ire principal pour compenser la per te de capitaux propres liée à ses exigences de gest ion et de sa res ponsa bilité dans la crise. Ils en appellent, aux banques qui, elles auss i, non seulement , n'ont pas assumé leur rôle de conse il et de contrô le, mais se sont enrichies dans toutes ces grandes opérat ions financ ières contr e l'emploi.

Besoin de quelle solidarité ?

Un mois avant l'annonce de la fermetur e, ces salariés sont sor tis de l'entr eprise à la rencontr e du président du conse il généra l du Val-de-Marne , Christian Favier, dont beaucou p ne conna issaient ni le nom, ni l'étiquette politique. Ils ont alors com pris qu'ils ne sera ient peut-êtr e pas seuls face à un patr onat tout puissant .

Mais ici auss i, on se méfie par ticulièrement des « politiques » car depuis des années et sous tous les gouvernements le tra vail n'a été qu'un coût et le « dégraissage » des effect ifs une longue trad ition.

C'est tout l’intérêt et le sens de l'intense bata ille actue lle pour un morato ire suspens if où rien ne doit êtr e décidé sans que tout soit mis « sur la tab le » : les res ponsab ilités comme les alternat ives.

Ce fut l'objet de plusieurs tab les rondes où syndicats , élus, pouvoirs publics et patr ons furent présents malgré les démar ches du ministèr e de l'Econom ie et des finances et de la direction de Facom pour en exclure les salariés.

Lors de ces rencontr es, deux logiques vont s'affronter brutalement :

p l o i /rég i on

  • « la logique libéra le » fondée sur la baisse de la masse salariale, sur la recherche de production de masse de produits banalisés à faible valeur ajoutée ,

  • celle qui veut promou voir l’emploi reposant sur le développement des capacités humaines, la recherche développement et les coo pérat ions notamment avec les entr eprises clientes .

C’est en marchant que l’on avance et nous pouvons nous poser des quest ions nou velles quant à l’inter vention du politique et du rôle du PCF.

Six questions en fait :

Travailler à une démarche autonome des salariés :

Tous les partis politiques, c’est visibl e aussi chez Facom, n’ont évidemment pas cette conception. Pour nous, l’opinion et l’action des salariés sont fondamentales : nous réfléchiss ons donc en permanence à notre rôle en terme d’apports.

La nécess ité d’une présence de terra in constante et construct ive nous a poussés dès l’annonce du plan à poser avec quelque succès la quest ion de rejoindre la cellule du PCF.

C’est en leur deman dant franchement leurs attentes que nous avons vérifié qu’ils n’étaient jamais assoc iés aux choix de gest ion de l’entr eprise, ni à ceux de son finance ment et ils nous ont missionnés pour rendre publique le rôle des marchés financ iers , des banques, des choix de gest ion. Autant de révélations qui ont permis aux salariés de se déculpabiliser.

Travailler à l’autono mie du PCF :

Grâce aux réun ions régulières des commun istes , la fédérat ion a offer t aux salariés un réseau de com pétences élargies sur lequel ils ont pu s’app uyer.

Chacun de ses membr es – économ istes , parlementa ires et élus régionau x, syndicalistes par ticulièrement dans une démar che collective et concer tée a pris une par t impor tante pour que l’alternat ive proposée par les salariés devienne une affaire très publique.

De même, un « cercle régional des convergences pour l’emploi » d’aide aux luttes (avec des syndicalis tes, experts et militants) s’est constitué et intervient au-delà du cas Facom pour travaill er les problèmes économiqu es, juridiques.

Poser la question des droits du travail :

Il n’y a pas de vraie critique sans propositions. Nous avons dû tra iter les problèmes réels d’une entr eprise en

grande difficulté du fait des dysfonct ionnements , et de la situat ion de la trésor erie. Nous avons dû auss i ne pas laisser seule la direction sur ce terra in en encoura geant la construct ion d’une straté gie d’entr eprise différente de la concurr ence .

La lutte au côté des Facom a poussé le président du Conse il Généra l à deman der le renforcement du pouvoir des élus en matière de gest ion des entr eprises (mo ratoire, tab les rondes).

Il y a sans doute auss i un tra vail à faire jus qu’à l’Assemb lée nationale pour rendre obligatoires de nouveaux droits à l’informat ion économ ique et financ ière et pour renforcer « le droit d’aler te ».

En effet pouvoir anticiper « les fragilités » des entr eprises est la quest ion-clé.

Enrichir notre réflexion sur la démocratie, sur le rôle des élus :

Comme dans d’autr es dépar tements , des expériences de démocrat ie par ticipative existent dans des villes du Val-de-Marne . Peut-on a priori exclure l’entr eprise de ces expériences ?

Ne faut-il pas d’ailleurs se deman der si l’un des rôles essent iel et nou veau des élus commun istes n’est pas d’aider systémat iquement les salariés à inter venir dans la gest ion pour faire reculer la toute puissance patr onale.

Notre appel à la solidarité :

Par de multiples initiatives notr e par ti est celui qui fait le plus pour que Facom ne reste pas hors de por tée de l’inter vention populaire .

Avec une pétition nous sommes allés à la rencontr e des salariés des entr eprises clientes de Facom , Air France , SNCF, RATP…..nous cherchons à ce qu’ils inter viennent dans la politique d’achat de leur entr eprise afin de promou voir des coo pérat ions .

Faire de l’argent des entreprises, des banques, une grande question politique :

Notr e fédérat ion, en menant cam pagne sur le lien entr e Facom et le chanta ge généra l des délocalisations a éclairé la cohérence des choix du capital et du sout ien de l’Etat .

Nous ressentons aujour d’hui le besoin de mettr e en cause l’acca parement du cré dit par les grands groupes :

  • sans un prêt banca ire de 630 millions , Marc Ladreit de Lacharrière n’aura it pas pu acheter Facom 1 milliard .

  • sans une ligne de cré dit de 16 milliards à 2% Sanofi (Gent illy) n’aura it pas eu prise sur Aventis (Vitr y, Maisons Alfor t, Alfor tville).

Le stoc k de l’épargne populaire représente 2 fois le PIB. (2700 milliards en 2001). Un Fonds régional pour l’emploi et la format ion pourra it inciter à un tout autr e usage de ces fonds gratu its comme les dépôts dans les ban ques ou faiblement rémunérés comme ceu x des livrets populaires afin de promou voir un cré dit banca ire bien moins cher pour les entr eprises que le financement par les marchés financ iers , notamment pour les PME.

1. M. Marc Ladreit de Lacharrière, Président Directeur Général. M. David Dautresme, Membre du Conseil de surveillance d'Axa. M. Pascal Castres Saint-Martin, Administrateur de Sanofi-Synthélabo. M. Arnaud Lagardère, Vice Président, Directeur Général Délégué d'Arjil Commanditée-Arco. M. Philippe Lagayette, Administrateur de JP Morgan & Cie. M. Pierre Blayau, Représentant permanent, PrésidentDirecteur Général de Géodis.