Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

Economie et Politique - Revue marxiste d'économie
Accueil
 
 
 
 

l’avenir de l’Europe

EDITORIAL

Alors que la priorité de la BCE devrait êtr e l’aide à l’emploi et la croissance réelle, sous contrô le des parlements nationau x et européen, en s’appuyant sur les initiatives et les projets décentra lisés des salariés, des citoyens, des élus sur le terra in.
Un fil rouge tra verse l’histoire de la construct ion eur opéenne , du tra ité de Rome en 1957 jus qu’au projet de Const itut ion Giscar d : l’absence de démocratie.
Dès le début de l’élaborat ion du projet de Const itut ion, le choix a été fait d’exclure les peuples au bénéfice d’un processus d’élaborat ion de sommet . Aucun débat préalable n’a eu lieu dans les états membr es, pas même sur la quest ion de l’utilité d’une const itut ion supranat ionale plutôt que celle d’un nou veau tra ité res pectant enfin la souveraineté des différents peuples eur opéens .
Alors que toutes les constitutions démocratiques du monde fixent la répartition des pouvoirs, les valeurs commun es et les droits fondamentaux des citoyens, aucu ne n’inclut, comme le fait le projet Giscard, un programme politique de gouvernement, ceci étant du ressort des gouvernements et des majorités parlementaires. On pourra it résumer la répar tition des pouvoirs par la formu le « Tous les pouvoirs décisifs à la Commissi on européenne, au Conseil européen et à la BCE». En effet, le Parlement européen, seule inst itut ion issue du suffrage universe l direct, n’est pas législateur à par t ent ière, il partage cette fonct ion avec le Conse il des ministres. Seule la Commission a rée llement l’initiative des lois. En fait, les peu ples eur opéens sont dépossé dés de leur sou veraineté .
Les par tisans du « oui » préten dent qu’une « Europe puissance »permettra it de faire face à la domination des Etats -Unis. Le projet Giscard propose tout le contraire, car il intègre totalement l’Europe à l’OTAN, et s’inscrit entièrement dans la politique du FMI. C'est-à-dire, dans le ca dre économ ique voulu par les Etats -Unis. Pour imposer Maastr icht, l’argument , avait été le même : « il faut l’Euro pour contr er le dollar ». On mesur e les résu ltats de cette politique à l’heur e actue lle avec la baisse du dollar et l’Euro for t qui contr ibue à plomber la croissance eur opéenne … Si on avait appliqué le projet de const itut ion dans les années 70-80, Airbus n’aura it pas pu naître, car contr evenant au principe de la « concurr ence libre et non faussée » et donc Boeing sera it à l’heur e actue lle en situat ion de monopo le.
En se plaça nt sous la coupe de l’OTAN, l’Union Européenne, s’interdit tout outil de défense indépendant
des Etats-Unis, et particip e de fait au financement du complexe militaro-industriel américain.
Battr e la Const itution Giscar d, c’est mettr e en échec une forme de construct ion eur opéenne dépossé dant les citoyens de leurs droits démocrat iques, sociaux et écono miques.
Ce n’est ni vers un fédéra lisme super -état ique de cette Const itution, ni vers un retour illuso ire à une souveraineté nationale étr oite qu’il faut avancer, mais vers un confédéralisme de type nou veau.
Dire « non » à la Const itution Giscar d, c’est ouvrir la voie à l’écr itur e d’un nou veau tra ité qui mettra it l’Europe sur de nouvelles bases : une Europe qui parte des besoins des peuples qui la com posent . Une Europe dont les ser vices publics soient un élément moteur , une Europe sociale, donc de développ ement humain, une Europe, confédérat ion de nations unies et assoc iées , qui redonne des pouvoirs d’élaborat ion et de contrô le aux citoyens, aux élus, aux salariés dans une nou velle architectur e d’organisation démocrat ique où la nat ion, peut êtr e un des champs privilégiés où se conjuguent démocrat ie par ticipative et démocrat ie représentat ive. Une Europe de coo pérat ion solidaire, débarrassée du pacte de stab ilité. Une Europe qui réso lument s’atta que au « marché du tra vail » en faisant sienne une politique de sécur ité d’emploi et de format ion. Une Europe de « l’harmon isation sociale par le haut ».
Avec ce référendum, on mesure la responsabilité du peuple français, de la gauche et du Parti communis te français. Si dans notre pays, le non l’emportait, non seulement le projet d e Con stituti on s erait repoussé pour l’ensemble de l’Europe, mais la voie à une réorientation radicale d e la c on str uc t i on d e l’Union européenne serait e nfin ouv erte. Chaque voix comptera. Ce référendum engage non seulement l’avenir de l’Europe, celui de notre pays, mais aussi notre propre avenir individuel.
Jacky Hénin
Député européen GUE/NGL
Membre du Conseil national du PCF

 

 

Par Henin Jacky, le 30 septembre 2004

A voir aussi