Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Pour une Sécurité d’emploi ou de formation en Europe (deuxième partie)

Dans le numéro de mars-avril, nous avons publié l’introduction de Paul Boccara prononcée lors de la rencontre du 25 mai dernier réunissant des militants associatifs, syndicalis tes et politiques de France et d’Europe. Nous publions dans ce numéro, parmi les nombreux intervenants, des extraits des interventions étrangères de l’universitaire et écono miste irlandais Peter Herrmann, du secrétaire national en charge de l’emploi à Refondation communiste, Paolo Ferrero, et celle de Kolja Möeller, animateur du mouvement JD-JS (jeunes démocrates-jeune gauche) d’Allemagn e ainsi que celle d’Yves Dimic oli, membre du Conseil national du PCF, qui ont permis de mesurer combien le modè le social européen connaît une grave crise. A l’issu e de ce débat un appel a été lancé par tous les participa nts (voir le texte à la fin de ce compte rendu).

Peter Herrmann :

« La crise de l’emploi est une crise de la reproduction capitaliste »

Peter Herrmann est professeur à l’université de Cork (Irlande), département des études sociales appliquées

Le chômage est plus qu’un problème d’insuffisance d’activité économ ique et d’exclusion du marché du travail, il est le verre grossissant qui révèle le caractèr e inhumain de cette société. À Lisbonne , le Conse il européen, en 2000, a décidé d’une orientat ion : aller vers l’économ ie la plus dynamique du monde , fondée sur le développ ement de la conna issance , suscept ible d’entra îner la croissance économ ique et une plus grande co hésion sociale. Une force de tra vail saine dans une économ ie saine, telle est la seule pers pective que les dirigeants de l’Union eur opéenne peuvent imaginer. Le problème, c’est qu’aucune approche techn iciste ou aucun appel aux bons sent iments ne sont à même de fourn ir une réponse . Cependant se multiplient les critiques de la désintégration de la société. La crise n’est pas due à un manque d’emploi ni à l’insuffisance des moyens financiers . Ce qui manque , c’est une conce ption claire de l’ar ticulation à trouver entr e la satisfact ion des beso ins des individus et le maintien d’une activité économ ique socialement satisfaisante .

Le conce pt d’une sécur ité d’emploi ou de format ion est vraiment révolutionna ire dans un sens dialect ique, en admettant l’impor tance de l’améliorat ion permanente des performances économ iques, mais en mettant au centr e l’intérêt des gens eux-mêmes . Cette idée est par ticulièrement fécon de dans le conte xte européen. La situat ion différente dans chacun des États implique une straté gie taillée sur mesur e. La straté gie proposée est singulièrement importante car elle permet une appr oche d’ensem ble, tout en répondant aux aspects nationau x et régionau x spéc ifiques. Bien sûr, à côté des options et deman des nationales, il est impor tant de penser imméd iatement eur opéen.

Il faut revoir la straté gie dite de Lisbonne qui pose la quest ion de l’emploi uniquement comme si la croissance économ ique suffisait pour résoudr e tous les problèmes . Or, la crise de l’emploi est une crise de la reproduction capitaliste. Dès lors il faut prendre au sérieux la quest ion de la redistribution. Au bout du com pte, comme nous ne pouvons cont inuer à gâc her le facteur huma in et social, il faut changer l’ordre des priorité. La straté gie de Lisbonne doit êtr e redéfinie dans cet esprit. L’Union européenne a besoin de plus de com pétences communes dans le domaine de la politique sociale. Il est impor tant que la sécur ité sociale ne soit pas conçue de façon techn icienne pour mainten ir une force de tra vail en état de marche. Au contra ire, conçue comme une sécur ité d’emploi ou de format ion, elle doit êtr e un levier favorisant une dynamique de progrès social. Elle permettra à l’Europe de se donner un visage social, ce qui implique la redistribution de ses richesses .

Kolja Müller

(Membre de la direction de JD-JS, jeunes démocrates-jeune gauche allemande)

Cette discuss ion sur l’emploi et les alternat ives du libéralisme est nécessa ire.

Il y a quelques sema ines , après les élections régionales en France , M.Raffarin expliquait que les gens avaient mal com pris sa politique. Cela implique que ce sont eux qui sont cou pables de leur situat ion, de la misèr e, du chômage. Récemment Schr öder disait la même chose devants le Bundesta g. C’est un événement qui souligne la nécess ité d’agir et d’échanger entr e forces de trans format ion sociale en Europe sur cette quest ion de l’emploi. C’est un phénomène eur opéen. Par tout en Europe les idées néolibérales mènent à la précar isation, à l’augmentat ion du chômage et des inégalités sociales.

En Allema gne, le gouvernement social-démocrate et verts détru it les ac quis sociaux avec une politique de casse sociale jama is connue apr ès guerr e. L’agen da 2010 de Schröder concerne essent iellement la privatisation des retra ites et de la santé , l’abolition de la sécur ité de qualification en cas de chômage, ainsi qu’une baisse de l’aide sociale. Les cibles de cette politique sont sans aucun doute ceu x q ui sub issent le plus dep uis les années 1980 : personnes âgées, pauvres, chômeurs , employés et sur tout la jeunesse qui n’a plus de pers pective avec la pénur ie de places en appr entissage et, dans l’ense ignement supér ieur, avec l’intr oduction des frais d’inscr iption. C’est un scanda le car depuis 20 ans le taux d’étu diants issus des milieux populaires recule constamment .

A l’échelle eur opéenne , la libéra lisat ion des marchés et la privatisation du ser vice public se poursu ivent.

Dans cette situat ion, les forces de trans format ion sociale sont mises au défi. Comment peut-on élaborer un contr e projet réalisab le, sociale et démocrat ique ? Je com prends la proposition d’un système de sécur ité d’emploi ou de format ion comme une contr ibution per tinente à ce défi. Je suis convaincu que la réponse doit nécessa irement inclure une dimens ion eur opéenne .

Pour êtr e concr et et pour exposer les propositions pour les quelles nous luttons en Allemagne, je veux souligner que nous par tageons le même point de dépar t avec le projet de sécur ité d’em ploi ou de format ion. Le grand problème actue l c’est le chômage, c’est l’emploi, c’est l’organisation du monde du travail, et ce sont des quest ions qui jouent un rôle cruc ial dans chaque société eur opéenne . Malgré ses promesses le néo libéra lisme n’arr ive pas à diminuer le chômage, ni à créer d’emploi. En fait, il lutte contr e les chômeurs et non pas contr e le chômage. L’inter vention de la gauc he doit prendre en com pte les besoins des gens : Premièrement , en terme d’objectif de créat ions d’emplois, de mise en format ion etc. ; deuxièmement en termes quant ifiés de retour choisi et effectif à l’emploi stab le pour les chômeurs , les précaires, les jeunes , avec le droit à la format ion cont inue ; troisièmement c’est le principe du partage et de la participation, de l’inter vention des salariés.

En Allemagne, JD-JS essa ie de développer un projet qui  va dans ce sens avec ce que l’on peut appeler une sécur ité sociale emploi-format ion pour tous .

Ce projet cont ient trois champs très impor tants .

Tout d’abord, la Sécur ité Sociale en tant que telle pour la retra ite, la santé , le chômage, avec un point asse z impor tant pour une organisation de jeunes : une sécur ité de base pour les étu diants et les lycéens qui puisse leur permettr e de suivre leurs étu des.

Ensuite, le champ de l’emploi : avec un regard émanc ipateur (réduct ion du temps de tra vail sans réduct ion de salaire, créat ion d’emplois publics et privés et la promot ion) avec l’idée de maîtrise du temps de tra vail. Cela signifie la poss ibilité de circuler entr e format ion et tra vail pendant toute la vie.

Enfin, le champ de l’éducat ion et la format ion : il y a un débat sur les pré-inscr iptions à la fac et nous deman dons l’inter diction au plan national des frais d’inscr iptions, nous exigeons des ouver tur es des univers ités , une réforme des écoles qui repousse la sélection sociale et auss i un lien for t entr e l’éducat ion et la format ion profess ionne lle avec un dernier point c’est l’insta llation des fonds d’appr entissage. C’est un débat asse z vif entr e les sociaux-démocrates , les syndicats et la gauc he avec la proposition d’impôts sur les entr eprises qui ne refusent de créer des classes d’apprentissage pour les jeunes alors qu’elles le pourra ient grâce à leurs moyens financ iers . Les recettes de tels impôts pourra ient êtr e affectées à l’aide pour les entr eprises qui n’ont pas les ressour ces pour créer des em plois. Les sociaux-démocrates ont oublié de réaliser cette promesse électora le. Ce sont des deman des très concrètes , qu’on peut réaliser dans le cadre d’une sécur ité sociale de l’emploi format ion pour tous . Il faut donner un contenu eur opéen à ces luttes nationales. Il faut unifier ceux qui ont le par tage et la just ice au cœur.

 

Paolo Ferrero

(Membre de la direction nationale de Refondation communiste en Italie)

Je par tage beaucou p d’éléments avancés par Paul Boccara dans son propos d’intr oduction à notr e réun ion mais je me concentr erai sur trois points .

Ils concerner ont les politiques économ iques, car il me semb le que la Commission eur opéenne a choisi de const itut ionna liser des politiques monétar istes et de précar isation du tra vail. En Italie nous disons les Etats -Unis ont inventé le » reaganisme », l’Europe a trouvé un simple d’esprit [Le président de la Commission NDLR) pour l’appliquer.

Parce que les Etats -Unis n’appliquent pas une politique monétar iste mais un kénés ianisme militaire et avec un impor tant désé quilibre de la balance des paiements et un for t déficit public.

Il faut renverser cette politique économ ique et il faut constru ire les marchés à l’intér ieur. Cela signifie que les gens ont un pouvoir d’achat suffisant plutôt que de baisser sans arrêt les coûts salariaux comme le précon isent les dirigeants eur opéens . Ce choix est err oné, parce que 80% des marchandises qui sont produites en Europe, sont vendues en Europe. Cette politique de baisse des coûts salariaux con duit à la stagnation économ ique comme nous le consta tons depuis Maastr icht.

Le premier élément d’une action efficace doit concerner la Ban que Centra le Européenne . Elle ne doit pas avoir comme seul et premier paramètr e la stab ilité des prix, mais auss i et d’abord l’emploi. Il convient donc de repenser les politiques kénés iennes non pas au niveau de chaque pays mais au niveau eur opéen, le seul suffisamment per tinent pour une politique économ ique efficace .

Je pense qu’il faut faire des propositions au niveau européen comme l’augmentat ion des salaires, la réduct ion du temps de tra vail et le développement de l’Etat social, avec les droits civils et de l’environnement .

Cela signifie un développ ement de l’Eur ope qui se détac he fon damenta lement des politiques néolibérales.

Le deuxième élément de l’act ion doit êtr e le développement des politiques industr ielles et de recherche au niveau eur opéen. En ce qui concerne l’Italie mais auss i d’autr es pays notamment en Europe de l’Est, l’appareil industr iel est si app au vri et émietté qu’il n’est plus en mesur e de concour ir à une production de haut niveau. En Italie, la grande entr eprise n’existe pratiquement plus, à par t Fiat mais celle-ci se trouve dans une position difficile. La plupart des entr eprises sont de petite dimens ion. Ces PME n’ont pas les moyens de la recherche et de l’inno vation. Elles sont structurées de telle manière qu’elles agissent structur ellement pour baisser le coût du tra vail, ce qui ne permet pas d’améliorer la qualité.

Le troisième élément d’action au niveau eur opéen est le tra vail, l’emploi. Nous proposons , dans un premier point, que les droits des travailleurs sur leur lieu de travail progressent , par exemple avec l’extens ion à toutes les entr eprises, y com pris les PME, de l’inter diction de licenc ier pour motif politique et syndical. En effet les travailleurs sont dissuadés de faire valoir leur droit sur leur lieu de tra vail. Nous proposons ensu ite d’éten dre à toutes les formes d’em ploi y com pris atypiques autonomes , les droits du tra vail qui ont été con quis par le salariat. En Italie, la majorité des nou velles embauc hes ne s’inscr ivent pas dans le salariat trad itionne l, mais forme llement c’est un contrat commer cial et non plus un contrat de tra vail. Nous visons auss i à abolir la loi sur les tra vailleurs immigrés , qui exige la reconduction automat ique à la frontière s’ils perdent leur emploi. C’est un chanta ge épouvanta ble qui affaiblit cons idéra blement les tra vailleurs immigrés.

Dans un deuxième point, nous proposons des mesur es similaires à celles que vous propose z pour le chômage. Nous exigeons la créat ion d’un » salaire social » car en Italie il n’existe pas d’équivalent du SMIC. Mais il s’agit auss i de cou vrir les périodes de » non-tra vail » avec des indemnisations. En ce qui concerne les tra vailleurs précaires, cette indemnisation doit êtr e suppor tée par les entr eprises et non pas par les contr ibuables. C’est une différence impor tante avec les démocrates de gauc he parce qu’il faut rédu ire les incitations à utiliser le tra vail précaire. Et en para llèle nous proposons auss i la format ion cont inue, permanente et auss i une scolarité généra le car il faut savoir qu’en Italie seulement 3% vont à l’univers ité.

Yves Dimicoli

(Economiste, membre du Conseil national du Pcf)

Je par tirai de l’échec de la « straté gie de Lisbonne » qui se donna it pour objectif de tendr e vers le « plein emploi », avec la domination des marchés financ iers acce ptée, et sur cette base enten dait faire de l’Europe le cham pion mond ial de l’économ ie de la conna issance . Or, on constate l’am pleur du chôma ge et de la pr écar ité ainsi que la faiblesse de la croissance par rappor t aux États-Unis ou aux pays émer gents ou encor e le retar d colossa l que cont inue d’accumu ler l’Europe sur les techno logies de l’informa tion, sur la recherche-développ ement etc . En réalité, la

« straté gie de Lisbonne » débouc he sur un fiasco . Et tout cela sous la tute lle de la BCE « indépendante » du contrô le politique et des press ions sociales nationales. Sous couvert de lutte contr e l’inflation, sa mission est de défendre, avant tout , le taux de profit des capitaux. Cela débouc he sur d’imposantes sor ties de capitaux et sur les déloca lisat ions vers les États-Unis et auss i vers les pays à bas salaires. Cela favorise les placements financ iers au sein de la zone ainsi que la con vergence des politiques d’em plois des pays membr es, sous la tute lle de la Commission eur opéenne , avec comme mot d’ordre la baisse du coût salarial de l’emploi, la flexibilisat ion précaire, la mise en cause des protections sociales et l’intr oduction d’éléments de « workfare ». Pour tant , c’est vrai, sous la poussée des exigences sociales, et pour just ifier les sacr ifices les dirigeants eur opéens et les forces politiques dominantes sont obligés de pr omettr e « l’Eur o p e soc iale » avec au c œ ur d e ces promesses le « plein emploi ». celui-ci figure dans la » stratégie de Lisbonne » ; il a été repris en France par Lionel Jos pin puis par Raffarin. En réa lité, assoc ié à l’acce ptation de la domination des mar chés, c’est une trom perie qui con duit au désastr e.

Le « plein em ploi », c’est un taux de chômage, cer tes abaissé, mais maintenu . Le chômage restera it donc l’élément centra l de régulation sur le mar ché du tra vail. En France , par exemple, le « taux de chômage de plein emploi » représentera it plus d’un million de chômeurs officiels. Et, à par tir du chômage, il y aura it une explosion de la précarité de tous les emplois, avec l’utilisat ion des nou velles techno logies pour la renta bilité financ ière ainsi que, bien sûr, le maintien de la press ion continuelle sur le taux de salaire, sur toutes les con ditions d’em ploi et d’act ivité. C’est pour quoi, il faut débattr e de l’objectif et du niveau  de l’ambition sociale nécessa ire pour répondr e aux défis qui sont posés .

Quelle hauteur d’ambition faut-il avoir, quels moyens et quels pouvoirs faut-il con quérir, pour constru ire un grand mou vement qui permette d’imposer la promot ion d’un nou veau « modè le social eur opéen »?

Avec la proposition d’un système de Sécur ité d’emploi ou de format ion c’est d’une grande ambition sociale dont il s’agit, celle de l’éra dication du chômage, dans une sécur ité d’activité, et une mob ilité de promot ion de soi-même , avec des rotat ions entr e emploi et format ion tout au long de la vie de chacun et de chacune , maîtrisées par les intér essés eux-mêmes . Bien enten du cela suppose une sécur ité de revenus pour toutes les situat ions envisagées , avec un salaire, le revenu marchand de la force de tra vail vendue, quan d on est dans l’emploi, et un revenu de remplacement mutua lisé pour la format ion. Cela con duirait à une résorp tion gradue lle du chôma ge, gradue lle mais visant une suppr ess ion effective. L’am bition c’est la suppr ess ion effective du chômage par le développement , avec des objectifs sociaux chiffrés, contrô lables à tous les niveaux de construc tion, du niveau local jusqu’au niveau européen, et un développement formidable des dépenses de format ion et de la recherche ; et cela en liaison avec moyens financ iers et pouvoirs. Le bon niveau d’ambition c’est d’aller au-delà du « plein emploi » au lieu de se limiter à celui-ci (...) ■

 

APPEL POUR CONSTRUIRE UNE SECURITE D’EMPLOI OU DE FORMATION A L’ECHELLE DE L’UNION EUROPEENNE

Les militants associatifs, syndicalis tes et politiques de France et d’Europe, réunis à Paris, le 25 mai 2004 , ont lancé un appel à organiser un mouvement à l’échelle de l’Union européenne pour une reprise de la créativité sociale européenne face à l’exacerbation des attaques libérales, avec la construction d’un système de sécurité d’emploi ou de formation.

Face à la grave crise du modè le social eur opéen, il faut un projet for t et novateur, capable de répondr e aux défis du chômage, de la protect ion sociale, des nou velles techno logies et de la mond ialisat ion dans l’Union eur opéenne . De nou velles avancées de civilisat ion en Europe, à la hauteur des enjeux d’édification d’un autr e monde , permet tra ient une vaste mob ilisat ion populaire et de la jeunesse . Cette cam pagne pour un nouveau projet de société européen , ainsi que les initiatives qui en font par tie, nous voulons les co-élaborer avec les forces assoc iatives, syndicales et politiques qui agissent contr e la construct ion libérale de l’Europe, pour des objectifs de trans format ion sociale progress iste sur notr e cont inent et dans les différents pays.

La construct ion de l’Union eur opéenne doit êtr e profondément réor ientée . Avec sa visée d’un grand marché unifié et d’une monna ie unique pour la renta bilité financ ière, elle a développ é la mise en concurr ence des salariés et les press ions contr e leurs revenus , au détriment de l’emploi et des con ditions sociales de nom bre d’entr e eux, par ticulièrement dans les pays les plus avancés .

L’élargissement de l’Union, aux con ditions imposées par les tra ités de Maastr icht et d’Amster dam, avec une Banque centra le européenne sans aucun contrô le politique et social, cherchant à favoriser les taux de profit et les expor tat ions de capitaux, va accentuer tous ces fléaux tand is que se renforcent les délocalisations vers les Etats -Unis et les pays à bas salaires.

La promesse d’une » Europe sociale » s’accom pagnant de la domination des marchés financ iers se révèle bien une tromperie désastreuse. Cela met les forces de gauc he et les organisat ions syndicales au défi d’une ruptur e construct ive avec les orientat ions économ iques actue lles.

Utilisées autrement , avec une expansion très for te et dura ble des dépenses et act ivités de format ion et de recherche, les nouvelles technologies de la révolution informationnelle s’accom pagnera ient d’un accr oissement de la deman de et du développement d’activités suffisantes pour éra diquer le chômage et promou voir les capacités de tous . C’est précisément ce que vise le projet de Sécur ité d’emploi ou de format ion.

Pleinement réa lisé, il assur erait à chacun-e un emploi ou une format ion permettant d’accé der à un meilleur emploi, avec une sécur ité de revenus et de droits élevés, chaque changement de situat ion étant maîtrisé par les intér essés eux-mêmes . On suppr imera it ainsi le chômage dans une sécur ité d’activité et une mob ilité choisie de promot ion. On assur era it les bases d’une protect ion sociale améliorée . Tout de suite, dans l’Union eur opéenne , quatr e chantiers communs ou con vergents pourra ient êtr e invest is par les propositions et les luttes . Il s’agit ici seulement de premières propositions pour le débat et l’élaborat ion en commun des forces qui ont vocation à inter venir sur ces enjeux trans formateurs .

C’est, premièrement , celui de l’indemnisation du chômage et des aides au retour à l’emploi. Il s’agirait d’engager des cam pagnes solidaires pour une bonne indemnisation de tous les privés d’emploi comme base de con ditions de vie favorisant la réinser tion. Il s’agirait, simultanément , de développer des luttes en commun contr e les press ions qui cherchent à imposer des emplois au raba is, et pour obtenir des format ions de qualité débouc hant sur une promot ion. Au-delà, on visera it à utiliser autr ement les Agences pour l’emploi et les inst itut ions de format ion, avec les finance ments nécessa ires, pour fourn ir, année après année , à des cont ingents nou veau x de privés d’em ploi une mise en em ploi ou en format ion de bonne qualité, en rédu isant gradue llement le chômage jus qu’à son éra dication.

Un deuxième chant ier concerne la trans format ion progressive de tous les emplois précaires ou à temps partiel contra int en em plois stab les et em plois à temps plein corr ectement rémunérés , ainsi que le relèvement de tous les salaires.

Avec le troisième chantier, on chercherait à con quérir un nou veau droit social eur opéen de sécur isation de tous les parcours profess ionne ls. Face aux licenc iements et aux délocalisations, il s’agirait d’exiger pour les salariés et les citoyens des droits leur permettant d’imposer des moratoires suspens ifs et de faire prendre en com pte des propositions alternat ives pour permettr e à tous les salariés concernés d’êtr e reclassés dans de bonnes con ditions . Il s’agirait, sur tout , d’imposer des mesur es de prévention des difficultés d’emploi et de gagner de nouveaux types de contrats de tra vail, avec de nou velles inst itut ions , pour organiser le passa ge d’un emploi à un autr e ou d’un emploi à une format ion afin que les tra vailleurs dont l’em ploi dispara îtra it puissent revenir à un meilleur emploi sans aucun passa ge par le chômage.

Ces trois chantiers convergeraient vers un quatr ième : La réalisation d’objectifs annue ls contra ignants régionau x, nationau x, européens de créat ions ou de trans format ions d’emplois ou de format ions impliquant l’engagement solidaire des entr eprises, publiques et privées, des Etats et des collectivités terr itor iales, de l’Union elle-même .

Ces chant iers exigent des mo yens financ iers et la con quête par les citoyens et les tra vailleurs de pouvoirs amples et novateurs .

Finissons -en avec le carcan budgétaire du Pacte de stab ilité. Excluons de l’évaluation des déficits publics à maîtriser les dépenses d’infrastructur e et de recherche, les dépenses d’éducat ion et de santé ainsi que celles qui concernent l’emploi. Instaur ons un contrô le démocrat ique de l’utilisation de tous les fonds publics versés aux entr eprises, fonds nationau x et fonds structur els européens , pour vérifier leur efficacité du point de vue de l’emploi et, en cas contra ire, exiger des remboursements . Sur tout , imposons un autr e rôle de la Banque centra le eur opéenne , avec une nouvelle créat ion monéta ire grâce à laquelle des cré dits banca ires à long terme pour les invest issements matér iels et de recherche des entr eprises, sera ient » refinancés » avec des taux d’intérêt d’autant plus abaissés que sont programmés des emplois et des format ions, en coo pérat ion. Des Fonds publics régionau x, prenant en charge tout ou par tie des intérêts des cré dits aux invest issements créateurs d’emplois, permettra ient d’aller imméd iatement dans ce sens .

Agissons pour la con quête de droits de propositions alternat ives des comités d’entr eprise ou d’éta blissement , ainsi que des com ités de grou pes eur opéens , éten dus jus qu’aux décisions financ ières. Obtenons de nou veaux pouvoirs des intér essés et de leurs organisations dans les inst itut ions sur l’emploi et la format ion, ainsi que pour des objectifs de créat ion d’emplois dans les régions.

Au lieu de la fuite en avant illuso ire dans la recherche d’un super -Etat supranat iona l eur opéen , luttons pour constru ire une véritab le démocrat ie par ticipative et d’inter vention dans chaque pays et à l’échelle de toute l’Union, avec des consu ltat ions déterm inant les décisions concer nant l’em ploi, à par tir du Comité économ ique et social européen, du Comité des régions , des parlements nationau x et du Parlement eur opéen.