Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Imposer une autre place du travail dans notre société

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Trois questions à Thierry Lepaon, syndicaliste CGT du Calvados.

 

Economie & Politique : Que pensez-vous de la démarche du gouvernement sur les questions des reclassements, des délocalisations, du traitement en amont des difficultés des entreprises ?

Thierry Lepaon :

Le gouvernement utilise toujours la même méthode , quelque soit les Ministres et les sujets : c’est une valse à cinq temps .

D’abord il organise une médiatisation à partir de quelques faits ou chiffres et annonce sa volonté de réforme ; ensu ite il suspend imméd iatement les effets les plus positifs pour les salariés des lois antér ieur es ; il poursu it en affirmant sa volonté de laisser les organisat ions syndicales négocier avec le patr onat tout en menaçant de légiférer, c’est ce qu’il appelle « prendre ses res ponsa bilités ».

De concer t avec l e MEDEF, les réun ions et les sema ines p assent , l e patr onat pousse sur ses exigences et sait comme il le dit qu’il dispose à l’Assemb lée nationale d’une majorité pour lui octr oyer ce qu’il n’obtient pas par la négociation avec les organisations syndicales.

Alors seulement , un texte est proposé à l’Assemb lée nationale, celui-ci n’a rien à voir avec l’ampleur des préoccupations et le renou veau tant atten du, quelques fois même, les quest ions budgétaires l’emportent sur les volontés politiques affichées, c’est le cas de la loi Borloo.

 

Quant au x mesur es pr o p osées sur l’em ploi, nous sommes bien loin des intent ions affichées par le Ministr e de la co hésion soc iale pour résorber efficacement la précar ité du tra vail ou pour tradu ire les parcours d’inser tion et d’alternance en contrats à durée déterm inée, mais cela est vrai également pour sor tir de l’exclusion et du chômage.

Par contr e et chacun peut le constater , le gouvernement pers iste dans sa logique libéra le avec toujours des allégements de cotisations, une volonté d’abaisser le coût du travail par des dizaines de mesur es et l’ou ver tur e d’un cham p de négociat ions notamment p our « assou plir » les 35 heures, le temps par tiel, l’usa ge des CDD et de l’intér im, en clair remettr e en cause toute d urée l égale d u tra vail et généra liser la précar ité.

A l’o pp osé nous d evons tra vailler et c’est un chant ier immense pour l e s y n d ica li sme , les com p lémentar ités d e luttes entr e les profess ions et les terr itoires directement concernés par les restructurat ions .

 

E & P : en sont les négociations avec le Medef sur ce sujet ?

Thierry Lepaon :

Les négociations avec le MEDEF sur les restructurat ions n’échappent pas à la règle.

S’il y a éc hanges, il n’y a pas négociations . Le front commun opp osé par l’ensem ble des organisations syndicales aux propositions du MEDEF est un atout pour les salariés. Il nous faut aujour d’hui dépasser ce stade du rappor t de force pour résister et passer à la mise en œuvre de notr e démar che de con quête .

Les chiffres du chômage, l’éten due de la précar ité ne nous permettent pas de nous réjouir d’un statut quo. Notr e res ponsa bilité, alors qu’aucune nou velle dispos ition ne permet de rompre avec les mécan ismes d’exclusion et de précar ité, est immense . Le coac h de Borloo est le même que celui de Fillon, il s’appelle E.A. Seillière.

E & P : Quelles sont les propositions pour responsabilis er les entreprises et les pouvoirs publics et pour favoriser la prise en compte des contre-propositions des salariés ?

Thierry Lepaon :

La CGT a fait une sér ie de propositions qui méritent débats comme :

  1. la créat ion de fonds régionau x pour le développement de l’emploi, alimentés par un pôle public financ ier et la par ticipation des grands groupes,

  2. la réaffectat ion des exonérat ions des cotisations patronales pour la format ion et la qualification à la hauteur de 50% des 20 Milliards d’eur os inscr its au budget de l’État ,

  3. la redéfinition de la fiscalité qui favorise les entr eprises qui ont une politique d’emploi, d’invest issements , de recherche et de développement ,

  4. le contrô le des 42 milliards d’euros que représentent les aides publiques attr ibuées aux entr eprises.

C’est à par tir de ce débat entr e salariés et citoyens que nous aur ons la force pour imposer une autr e place du tra vail dans notr e société.