Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

La chronique de Pierre Ivorra. "La mise en accusation de la dépense publique vise à condamner le modèle 
social français, fondé à la fois sur des prélèvements, sur les profits et sur un transfert de ressources des plus aisés vers les plus modestes."
 

La France et les Français vivent-ils au-dessus de leurs moyens, comme l’affirment à l’unisson Manuel Valls et Pierre Gattaz ? Selon les données de l’Insee, de 2009 à 2012, le niveau de vie médian des Français est passé de 1 680 à 1 645 euros. Le premier ministre et le patron des patrons visent-ils ces familles ? À l’opposé, là où vivent les administrateurs des groupes du CAC 40, par exemple dans le quartier huppé de la Muette, dans le 16e arrondissement de Paris, les 10 % des ménages les plus aisés ont un revenu imposable mensuel de 19 946 euros. Ceux du quartier Saint-James, à Neuilly, où habite la première fortune française, Liliane Bettencourt, propriétaire de L’Oréal, disposent en moyenne de 28 727 euros par mois.

Les administrations publiques dépensent-elles trop ? Contrairement à ce que laissent entendre les libéraux, les prélèvements publics ne sont pas accaparés par l’administration, ils sont pour l’essentiel redistribués à la population. C’est particulièrement le cas pour les dépenses d’éducation ou de protection sociale.

En France, les dépenses publiques dépassent 56 % du PIB. Celles directement utilisées par les administrations publiques (État, collectivités territoriales, institutions de protection sociale), essentiellement les salaires des personnels et les achats de produits et de services pour leur fonctionnement, représentent 18,2 % du PIB. C’est dans la moyenne des pays développés. À cela s’ajoutent les prestations versées, les transferts des entreprises ou d’une partie de la population vers une autre, soit 32 % du PIB. Dans les pays où les assurances sociales sont privées, cette part est proche ou supérieure mais elle est profondément inégalitaire.

En vérité, cette mise en accusation de la dépense publique vise à condamner le modè le
social français, fondé à la fois sur des prélèvements, sur les profits et sur un transfert de ressources des plus aisés vers les plus modestes.

Ce qui pose problème dans la dépense publique, ce sont plutôt les prélèvements du capital sur les recettes par le biais des intérêts payés sur les emprunts contractés auprès des marchés financiers : 47,7 milliards d’euros en 2013. Si les taux d’intérêt de la dette publique étaient de zéro pour cent, on pourrait, par exemple, doubler le budget de l’éducation nationale. Il serait possible d’embaucher des personnels supplémentaires, de conserver les activités périscolaires au sein de l’éducation nationale. Recettes et dépenses publiques doivent sans aucun doute être repensées mais afin qu’elles soient plus justes, plus efficaces, plus favorables à la croissance et à l’emploi.

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