Economie et Politique - Revue marxiste d'économie

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Les révélations de la BCE

Pour sortir du marasme actuel, de la paralysie qui frappe la zone euro, suffit-il, comme l’a décidé la Banque centrale européenne (BCE), de balancer dans les tuyaux de l’argent à « en veux-tu en voilà » ? À partir du 1er mars, la BCE va en effet injecter 60 milliards d’euros de liquidités par mois – 1 140 milliards au total – dans l’économie de la zone en rachetant des titres de dettes publiques et privées. Les banques, les compagnies d’assurances, les fonds d’investissement, les groupes, vont ainsi pouvoir débarrasser leur trésorerie des bons du Trésor, des différents titres de dettes émis par les États, les institutions publiques (la Sécurité sociale, par exemple), par les groupes privés aussi, et recevoir en échange de la monnaie, des liquidités.

Les entreprises manqueraient-elles de ressources immédiatement disponibles pour investir, embaucher, relancer la machine économique ? C’est certainement le cas pour nombre de PME, mais ce qui leur fait aussi défaut, c’est surtout la demande, le marché est atone. Les politiques d’austérité et de précarisation sociale pèsent sur les budgets des administrations et services publics et sur ceux des ménages.

Pour ce qui concerne les grandes entreprises, le dernier numéro du bulletin de la Banque de France publie une étude consacrée à la situation des 80 principaux groupes français industriels et commerciaux au premier semestre 2014. Elle révèle que « fin juin 2014, les grands groupes détiennent une trésorerie cumulée de 151 milliards d’euros. Ce volume de liquidités est le plus élevé jamais constaté à la fin d’un mois de juin » depuis 2008. En dépit d’un chiffre d’affaires en baisse, ces groupes maintiennent leur rentabilité et même dégagent un résultat net en hausse de 14 % sur le premier semestre 2013. « Ce mouvement s’opère sans effet restrictif sur la politique de rémunération des actionnaires », est-il ajouté. On ne touche surtout pas aux dividendes !

Ces groupes ont-ils pour autant investi afin de relancer leur activité ? Pas du tout. Dans le style compassé de la Banque de France, les auteurs indiquent que « ce flux d’investissement ne s’oriente cependant pas à proprement parler vers les capacités de production des groupes ». Si le flux d’investissement se maintient au total, c’est parce que ces groupes ont utilisé leurs liquidités pour engager des opérations financières. On met la main sur des concurrents, on spécule.

À qui doit aller l’argent de la BCE et pour quoi faire ? Cette question apparemment technique est devenue l’une des plus politiques de l’heure et ce ne sont pas les Grecs, notamment, qui diront le contraire.

 

Mercredi, 4 Février, 2015
L'Humanité

 

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